Voile islamique
La présence de fillettes voilées dans les tribunes de l’Assemblée suscite la polémique
La présence de jeunes filles voilées dans les tribunes de l'Assemblée nationale mercredi 5 novembre a déclenché une vive polémique. La présidente de l'institution a jugé cette situation « inacceptable », provoquant l'indignation de La France Insoumise qui dénonce une dérive « islamophobe ». À droite, le sujet ravive le débat sur la laïcité et le port du voile lors des sorties scolaires.

Photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP via Getty Images
En pleine session de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, un incident a enflammé le débat politique mercredi après-midi. Alors que les tribunes du Palais Bourbon étaient ouvertes au public, un groupe d’enfants assistait aux échanges entre élus et ministres.
Selon une photo publiée par le média identitaire Frontières et rapportée par Le Figaro, plusieurs accompagnatrices scolaires ainsi que des fillettes portaient un voile. Cette présence de signes religieux ostensibles au cœur de la représentation nationale a immédiatement suscité l’indignation du camp nationaliste, avant de provoquer une réaction ferme de la présidente de l’Assemblée et un tollé à gauche.
Une réaction indignée du camp nationaliste
Le député apparenté RN Eddy Casterman, proche de Marion Maréchal, et son collègue Julien Odoul ont été les premiers à s’emparer du sujet, selon Le Figaro. Sur le réseau social X, ce dernier a dénoncé en fin de journée une « infâme provocation ». « Comment peut-on tolérer que des petites filles recouvertes du voile islamique soient présentes dans les tribunes de l’Assemblée nationale, temple de la République française ? », a fustigé l’élu de l’Yonne, appelant solennellement la titulaire du Perchoir à réagir.
Jordan Bardella a renforcé cette position mercredi soir sur BFMTV. « La France n’est pas une terre islamique, le port du voile est interdit à l’école ; il devrait l’être dans les sorties scolaires », a déclaré le président du RN. Rebaptisant « La France Insoumise » en « France islamiste », le leader nationaliste a accusé le mouvement mélenchoniste d’être « à chaque fois dans la roue des fondamentalistes islamistes ».
La fermeté de Yaël Braun-Pivet sur la laïcité
Deux heures après les premières interpellations, Yaël Braun-Pivet a pris position.
La présidente de l’Assemblée estime qu’« au cœur même de l’hémicycle de l’Assemblée nationale », il est « inacceptable que de jeunes enfants puissent porter des signes religieux ostensibles dans les tribunes », rappelant que la loi de 2004 sur la laïcité à l’école y a notamment été votée. Elle appelle « chacun à une extrême vigilance pour que cela ne se reproduise pas », car il s’agit d’« une question de cohérence républicaine ».
Une bronca des Insoumis contre une « dérive islamophobe »
Cette prise de position a immédiatement suscité l’ire de La France Insoumise. Le président de la Commission des Finances, Éric Coquerel, a reproché à Yaël Braun-Pivet de donner « raison à un média d’ultra-droite qui utilise l’accréditation non pour couvrir l’actualité de l’Assemblée, mais pour livrer de façon raciste sur les réseaux sociaux des jeunes personnes venues visiter l’Assemblée », selon Le Figaro.
L’occasion pour lui de lui demander, « non sans ironie », de préciser le « règlement de l’Assemblée interdisant les signes religieux au public qui visite » l’institution.
Pour le député Paul Vannier, proche de Jean-Luc Mélenchon, Yaël Braun-Pivet « méconnaît le principe de laïcité et l’instrumentalise, comme l’extrême droite, contre nos compatriotes musulmans ». « Qu’elle vise de jeunes enfants venus visiter notre Assemblée ajoute à l’ignominie et la salissure que constitue cette déclaration islamophobe », a-t-il poursuivi.
L’insoumis Aly Diouara a renchéri dans une comparaison avec le régime iranien : « La police du vêtement, vraiment ? », selon Le Figaro.
Le soutien du Sénat à la présidente de l’Assemblée
Le président du Sénat Gérard Larcher a apporté son soutien à Yaël Braun-Pivet. « Les sorties scolaires font partie du temps éducatif et manifestement il s’agit d’une sortie scolaire ; Yaël Braun-Pivet a bien fait de rappeler la loi de 2004 », a-t-il commenté sur Europe 1-CNews ce jeudi.
D’après lui, c’est une question de « mœurs, en France on ne voile pas des fillettes », mais aussi de « laïcité dans un lieu qui incarne la République ». « Au Sénat, ceci n’est pas possible », a-t-il précisé, rappelant qu’en tribune, on doit « être assis, découvert, en silence » selon le règlement. Le fait que des fillettes portent le voile renvoie « à la liberté de la femme », c’est le principe « d’égalité qu’il faut rappeler », après le combat des femmes durant « tant de décennies dans notre République », a-t-il conclu.
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