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La posture hypocrite de la Chine sur les causes féminines mondiales

Pékin promeut l'égalité des sexes à l'étranger tout en se contentant de belles paroles en Chine.

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Des employées travaillent sur une chaîne de production de drones destinés à l’exportation dans une usine de Ruichang, province du Jiangxi, Chine, le 27 novembre 2024.

Photo: STR/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 10 Min.

Dans le cadre de la guerre idéologique menée par Mao Zedong contre le peuple chinois lors de la Révolution culturelle (1966–1976), le slogan « les femmes portent la moitié du ciel » était fréquemment martelé par les cadres du Parti communiste chinois (PCC). Cette devise entendait signifier, selon la doctrine communiste, que les femmes étaient l’égale de l’homme dans leur contribution à la société et que, sous la houlette du PCC, hommes et femmes devaient tenir des rôles équivalents dans les sphères culturelles, sociales, économiques, diplomatiques et politiques.
Mais qu’en est-il dans la durée ? Examinons la question.

Sur la scène internationale

Comme sur bien d’autres fronts de sa guerre mondiale de l’information, le PCC a exporté le slogan « les femmes portent la moitié du ciel » à l’ONU pour « décliner le leadership chinois » et affirmer une influence subtile sur les institutions internationales : ici, la Commission de la condition de la femme (CSW). Créée en 1946, la CSW œuvre pour « la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes » à l’échelle mondiale.
Depuis 1946, quatre grandes conférences de l’ONU sur les femmes se sont tenues et six revues de suivi quinquennales ont été organisées. En octobre, la Chine a accueilli le Sommet mondial des dirigeants sur la condition féminine, célébrant le 30ᵉ anniversaire de la Quatrième conférence mondiale sur les femmes. La conférence de 1995 avait jeté les bases d’un programme pour l’autonomisation des femmes, aujourd’hui considéré comme « le principal document de politique mondiale sur l’égalité des sexes ».
Le dirigeant chinois Xi Jinping a prononcé l’allocution inaugurale lors de la session d’octobre, titrée : « Transmettre l’esprit de la Conférence mondiale de Beijing sur les femmes et promouvoir une nouvelle dynamique accélérée pour le développement global de la cause des femmes », selon le média officiel chinois Global Times.
Xi a même repris le slogan de Mao lors de son discours. Il a exhorté les participants à « contribuer ensemble à un environnement propice à l’essor et au développement des femmes, à cultiver un élan puissant pour le développement de haute qualité de la cause féminine, à élaborer des cadres de gouvernance protégeant les droits et intérêts des femmes, et à écrire un nouveau chapitre de la coopération mondiale dédiée aux femmes ».
Remarquons au passage que ces thèmes recoupent ses quatre grandes initiatives mondiales (gouvernance, développement, sécurité, civilisation).
Cet article du Global Times assurait qu’au fil des ans, la Chine avait promu « l’égalité internationale de genre » en formant plus de 200.000 femmes issues de plus de 180 pays et régions grâce à des « projets sociaux petits mais exemplaires » et d’autres activités non spécifiées.
Qu’en est-il sur le plan national ? La Chine a-t-elle donné l’exemple pour promouvoir effectivement l’égalité femmes-hommes chez elle ?
En bref : pas vraiment.

Sur le plan intérieur

Les discours publics de Xi sur l’égalité des sexes épousent fidèlement le slogan de Mao et la ligne du Parti sur la question féminine. Par exemple, lors de son premier grand discours après sa prise de fonction, à l’occasion du 11ᵉ Congrès national des femmes en 2013, il déclare que « l’égalité entre les hommes et les femmes est une politique fondamentale de l’État… Les femmes doivent pleinement participer au développement économique et social, et jouir des mêmes droits dans l’emploi, l’éducation et la vie politique ».
Selon le China Daily, organe d’État, Xi « accorde une attention constante à la promotion de l’égalité des genres et du développement global des femmes », et il a participé à de nombreux congrès ou réunions de femmes au fil des ans.
Cependant, force est de constater que la rhétorique ambitieuse de Xi sur l’égalité n’a pas été traduite par de véritables changements structurels au sein du PCC. Lors de son allocution d’octobre au Sommet mondial sur la condition féminine, il a répété le slogan « les femmes portent la moitié du ciel », tout en bornant son propos au « développement économique et social ». Peut-être une manière d’évoquer le fait que 43 % des Chinoises font partie de la population active du pays.

Des employées à la chaîne de confection d’une usine textile à Binzhou, Shandong, dans l’est de la Chine, le 22 avril 2025. (STR/AFP via Getty Images)

Mais pourquoi « porter la moitié du ciel » ne concernerait-il pas aussi les instances dirigeantes du parti ? C’est tout le paradoxe et l’hypocrisie d’une idéologie qui se réinvente sans cesse, y compris les définitions, à la sauce communiste.
Depuis le 20ᵉ Congrès du Parti, organisé en octobre 2022, pas une seule femme ne siège au Politburo (24 membres), une première depuis 25 ans. Sur les 205 membres titulaires du 20ᵉ Comité central du PCC, seules 11 sont des femmes.
Ainsi va la rhétorique égalitaire de Xi, que l’on peut relier à sa volonté de réhabiliter des rôles genrés traditionnels dans la société chinoise, et à la tendance à cantonner les rares femmes promues dans des portefeuilles « mous » : santé, éducation, affaires féminines.
Pour preuve, la plus haute responsable féminine, Chen Yiqin (née en 1959), actuelle conseillère d’État et présidente de la Fédération des femmes de toute la Chine, avait fait la une en 2020 lors de sa nomination à la tête du parti dans la province du Guizhou. Elle fut la première femme issue de l’ethnie Bai à occuper une telle fonction provinciale, l’un des rares exemples de promotion féminine au sommet depuis 1949.
Le poste de secrétaire provincial est de rang ministériel, traditionnellement voie d’accès au Politburo, mais la transition n’a pas eu lieu. Sa promotion à sa fonction actuelle apparaît comme un lot de consolation : à l’exception de la santé ou de l’éducation, les femmes restent généralement écartées des réels leviers du pouvoir, principalement en raison de leur absence d’expérience militaire – critère capital pour l’ascension.
Sous l’ère communiste, la Chine s’est dotée de son propre « plafond de verre ».
Autres chiffres révélateurs du décalage entre discours et pratique :

• Les femmes n’occupent que 2 des 31 secrétariats provinciaux du parti.

• Aucune femme parmi les sept membres du comité permanent du Politburo.

• Environ 22 femmes seulement parmi les 171 membres suppléants du Comité central.

• Il y a seulement 790 femmes (soit 26,5 %) parmi les 2.977 délégués à la 14ᵉ Assemblée nationale populaire (ANP), organe législatif suprême de la Chine, réputé plus vaste parlement du monde, dont les membres sont élus de façon indirecte.

• Enfin, seules 486 femmes (22,4 %) figurent parmi les 2.169 membres de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), principale instance consultative nationale.

Voilà ce qu’est l’égalité femmes-hommes… à la sauce du PCC.

Conclusion

Les dirigeants du PCC comme Xi Jinping reprennent régulièrement le slogan de Mao « les femmes portent la moitié du ciel », affichant une rhétorique égalitaire sans jamais ouvrir les portes du pouvoir aux femmes, si ce n’est dans des portefeuilles secondaires comme la santé ou l’éducation. Le récent Quatrième Plénum du 20ᵉ Comité central aurait dû offrir l’occasion de promouvoir davantage de femmes, mais rien n’a changé.
Les femmes ont été les principales victimes de la politique de l’enfant unique du PCC, mise en œuvre entre 1979 et 2015, puisque plus de 330 millions d’avortements ont été pratiqués en Chine jusqu’en 2013. Et qui sait combien de petites filles ont été avortées ou abandonnées après leur naissance au profit de garçons dans le cadre de cette politique draconienne au fil des ans ? Certainement des millions. Les femmes n’ont apparemment eu que peu ou pas d’influence dans cette débâcle, étant donné leur sous-représentation aux plus hauts niveaux de la direction du PCC.
Les proclamations et l’agitation de Pékin en faveur de l’égalité femmes-hommes lors des conférences onusiennes ou autres forums mondiaux devraient donc être reçues avec la plus grande circonspection, compte tenu de la situation réelle en Chine et de la portion congrue réservée aux femmes par la direction du PCC.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Stu Cvrk a pris sa retraite en tant que capitaine après avoir servi 30 ans dans la marine américaine dans diverses fonctions d’active et de réserve, avec une expérience opérationnelle considérable au Moyen-Orient et dans le Pacifique occidental. Fort de sa formation et de son expérience en tant qu’océanographe et analyste de systèmes, Stu Cvrk est diplômé de l’Académie navale des États-Unis, où il a reçu un enseignement libéral classique qui sert de base à ses commentaires politiques.

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