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Suspension de Shein

Le gouvernement entame une procédure de suspension de Shein en France

Après l’ouverture d’une enquête judiciaire pour la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine, le gouvernement a décidé d’engager la suspension de la plateforme asiatique Shein en France. La décision intervient le jour même de l’inauguration, au BHV, du tout premier magasin physique de la marque au monde.

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Le Premier ministre Sébastien Lecornu assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 28 octobre 2025.

Photo: BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé le lancement d’une procédure de « suspension » de la plateforme numérique du distributeur, « le temps » que celle-ci se conforme à la législation française.

« Un premier point d’étape devra être fait par les ministres dans les 48 prochaines heures », a précisé Matignon, sans détailler les modalités techniques de l’opération.

Shein prend acte et suspend sa « marketplace »

Dans un communiqué, Shein a déclaré prendre acte de la décision du gouvernement, en réaffirmant que « la sécurité de nos clients et l’intégrité de notre marketplace sont nos priorités absolues ».

La société a annoncé dans la foulée suspendre sa « marketplace » en France, invoquant « des préoccupations liées à certaines mises en ligne effectuées par des vendeurs tiers indépendants » et précisant que cette décision est intervenue « indépendamment » de celle de l’exécutif.

La plateforme dit vouloir « engager rapidement le dialogue avec les autorités françaises afin de répondre aux préoccupations exprimées et de présenter les mesures déjà mises en œuvre pour protéger les consommateurs français ».

Une inauguration sous tension au BHV

Quelques heures avant l’annonce de Matignon, Shein avait inauguré, au sixième étage du BHV, un espace de plus de 1000 m² sous forte présence policière. Les premiers visiteurs, majoritairement des femmes, se sont pressés sur place, souvent « par curiosité » ou parce que « c’est moins cher ».

Hammani Souhaila, l’une des premières clientes, confie avoir tout de même acheté un t-shirt à 16,49 euros pour sa fille : « Les produits vendus au BHV sont plus chers qu’en ligne. »

Laure, chef d’entreprise de 58 ans, s’est dite pour sa part déçue : « C’est une arnaque ! Il ne faut pas sortir de HEC pour comprendre ça, je ne reviendrai pas. »

Face au grand magasin, une banderole « Shein non merci » a été déployée sur la façade de l’Hôtel de Ville, sous la fenêtre de l’élu écologiste et candidat à la mairie de Paris, David Belliard.

Le symbole d’un modèle contesté

Fondée en 2012 en Chine et désormais basée à Singapour, Shein est devenue une figure emblématique de la « mode jetable ». La découverte par la Répression des fraudes de poupées sexuelles à l’apparence infantile sur son site a précipité l’ouverture d’une enquête judiciaire. L’entreprise affirme avoir depuis interdit tout produit de ce type.

Fatima Mriouch, éducatrice de 48 ans, relativise : « Les poupées, comme par hasard c’est arrivé là, ça ne m’a pas empêchée de venir. Il n’y a pas que Shein » en cause dans les dérives environnementales ou sociales du textile.

Shein a déjà écopé cette année de trois amendes en France, pour un total de 191 millions d’euros, en raison de manquements à la législation sur les cookies, de fausses promotions et d’informations trompeuses concernant les microfibres plastiques.

« Shein, c’est 25 millions de clients en France », a rappelé Frédéric Merlin, patron de la Société des grands magasins (SGM), propriétaire du BHV depuis 2023, sur RTL.

Mais l’entreprise continue de cristalliser les critiques : recours à des sous-traitants sous-payés, impact environnemental ou menace sur le commerce de proximité. Plusieurs marques françaises ont déjà quitté le BHV en dénonçant un partenariat jugé contraire à leurs valeurs.

Malgré la tourmente, Shein prévoit l’ouverture prochaine de cinq autres magasins en province : à Angers, Dijon, Grenoble, Limoges et Reims.