La Guinée équatoriale accuse la France de déstabilisation politique après un prix remis à un dissident
Le vice-président de la Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a accusé lundi la France de déstabiliser son pays et de mener des « tentatives visant à saper la paix », dans une publication diffusée sur X.

Teodoro Nguema Obiang Mangue, fils du président de la Guinée équatoriale.
Photo: ABDELHAK SENNA/AFP via Getty Images
Cette sortie intervient deux jours après que l’activiste équato-guinéen Alfredo Okenve, exilé en Espagne, a été désigné lauréat du prix franco-allemand des droits de l’homme. Ce militant, considéré par le pouvoir de Malabo comme un « traître », est à l’origine de vives tensions diplomatiques avec Paris.
Une « politique de harcèlement systématique »
Dans son message, Teodoro Nguema Obiang a affirmé que « la France récompense les instigateurs de haine, les incitant à perturber la paix et à agir contre leurs propres cultures et leurs frères ». Le vice-président a imputé à Paris la responsabilité de « toutes les tentatives visant à saper la paix en Guinée équatoriale », évoquant notamment la « tentative de coup d’État de décembre 2017 » qu’il attribue à des agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française.
Selon lui, la France « s’approprie également nos biens et nos actifs par l’intermédiaire d’organisations comme Transparency ». Il a ajouté : « Nous rejetons catégoriquement la politique de harcèlement systématique menée par la République française pour déstabiliser notre pays, comme elle l’a fait avec d’autres pays africains comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso, entre autres. L’Afrique en a assez de ces manœuvres. »
Litiges judiciaires persistants
Teodoro Nguema Obiang a été condamné en France en 2021 à trois ans de prison avec sursis et à une amende de 30 millions d’euros pour blanchiment, abus de biens sociaux, détournement de fonds publics et corruption.
Dans le cadre de cette affaire dite des « biens mal acquis », la France et la Guinée équatoriale se disputent un immeuble situé avenue Foch à Paris, estimé à 100 millions d’euros et saisi par la justice française.
Le 12 septembre 2025, la Cour internationale de justice (CIJ) a confirmé la position française en rejetant la requête de Malabo visant à empêcher la vente du bien.
Teodoro Nguema Obiang est également cité dans plusieurs procédures judiciaires à l’étranger, notamment aux États-Unis, en Suisse, au Brésil, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud, pour des accusations de corruption et de détournement de fonds publics.
Un pouvoir figé depuis 46 ans
La Guinée équatoriale, petit pays pétrolier d’Afrique centrale, est dirigée depuis plus de 46 ans par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, père du vice-président. Âgé de 83 ans, il détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’État encore vivant, hors monarchies.
Les ingérences étrangères en Afrique
Au-delà du duel franco-guinéen, la question des influences extérieures reste centrale sur le continent. Outre les puissances européennes, la Russie a accru son implantation diplomatique, militaire et économique en Afrique depuis plusieurs années. À travers l’Africa Corps, structure succédant au groupe Wagner, Moscou soutient les régimes du Mali, du Burkina Faso et de la Centrafrique, souvent en échange d’avantages miniers et stratégiques. Cette présence s’accompagne d’une intense campagne informationnelle cherchant à affaiblir l’influence occidentale et à renforcer le sentiment anti-français. Des instructeurs et mercenaires russes sont également actifs en Libye et au Soudan, illustrant une stratégie consolidée d’expansion politique sur le continent.
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