La flambée des actions chinoises défie la faiblesse de l’économie et fait craindre une nouvelle crise

Une femme quitte la Bourse de Shanghai, en Chine, le 4 novembre 2020.
Photo: Hector Retamal/AFP via Getty Images
Le marché boursier chinois a récemment affiché une bonne santé, mais cette reprise contraste fortement avec l’économie moribonde du pays, où les prix de l’immobilier sont en baisse, la demande des consommateurs reste faible et les principaux indicateurs économiques sont systématiquement inférieurs aux prévisions.
Le 18 août, l’indice composite de Shanghai a brièvement dépassé les 3745 points, son plus haut niveau depuis dix ans. L’indice chinois CSI 300 a progressé de près de 8 % cette année, et les volumes d’échanges quotidiens ont récemment dépassé les 2700 milliards de yuans (370 milliards de dollars, environ 322 milliards d’euros), soit le troisième plus haut niveau jamais enregistré.
Selon les analystes, cette hausse n’est pas accidentelle. Elle s’inscrit dans une stratégie calculée de Pékin pour accroître la richesse des ménages et stimuler la consommation par le biais du marché boursier.
Un marché en décalage avec la réalité
En temps normal, un marché immobilier en baisse et des données économiques décevantes pèsent sur les actions. Cependant, la dynamique s’est accélérée sur le marché boursier depuis septembre dernier, après que le Parti communiste chinois (PCC) a annoncé qu’il prendrait des « mesures sans précédent » pour stabiliser les marchés.
En avril, suite aux annonces des tarifs douaniers mondiaux et des mesures commerciales réciproques du président américain Donald Trump, l’économie chinoise a subi une pression accrue, avec un ralentissement de la production industrielle et des inquiétudes persistantes concernant le chômage.
M. Huihu, un analyste financier chinois de renom spécialisé dans le marché immobilier, a déclaré que face à un marché immobilier en déclin, les autorités chinoises tentent de transformer le marché boursier en un nouveau moteur de confiance et de dépenses pour le public chinois.
« Si l’immobilier ne fonctionne plus, les actions sont la prochaine option », a-t-il souligné.
Les petits investisseurs reviennent en force
Les médias chinois ont cité des données de la Bourse de Shanghai montrant une forte croissance du nombre de nouveaux comptes de particuliers. Rien qu’en juillet, 1,96 million de nouveaux comptes ont été ouverts, soit une hausse de près de 20 % par rapport à juin et de plus de 70 % par rapport à l’année précédente. Au cours des 7 premiers mois de 2025, plus de 14,5 millions de nouveaux comptes ont été créés.
Dans le même temps, les dépôts bancaires des ménages ont atteint un niveau record de 130.000 milliards de yuans (environ 18.000 milliards de dollars ou 15.535 milliards d’euros), créant ce que les responsables considèrent comme un vaste réservoir de liquidités inexploitées qui peuvent être orientées vers les actions.
« Le logement n’est plus viable, alors le gouvernement se tourne vers les actions. Il souhaite que les épargnants investissent en bourse », a déclaré M. Huihu.
Échos du passé
Les investisseurs chevronnés voient de fortes similitudes avec le célèbre « rebond boursier du 19 mai » de 1999, qui a débuté pendant une période de ralentissement économique et a d’abord connu une forte hausse avant de subir une correction brutale.
« Les marchés haussiers chinois surviennent généralement lorsque l’économie est au plus bas », a déclaré Wang Siyuan, ancien gestionnaire d’investissement chez GF Securities en Chine et aujourd’hui promoteur immobilier canadien. « Le marché boursier est comme un pot de chambre : on ne le sort que lorsqu’il y a une crise à gérer. »
M. Wang a averti que la reprise actuelle est moins liée aux fondamentaux des entreprises qu’à la création d’une « illusion de richesse » destinée à remplacer les milliers de milliards de dollars autrefois immobilisés dans le secteur de l’immobilier. Contrairement aux actions américaines, qui, selon lui, croissent grâce à la création de valeur des entreprises et à une réglementation stricte, les hausses chinoises sont souvent alimentées par la spéculation et l’effet de levier, ce qui se solde par de lourdes pertes pour les traders particuliers.
Une dynamique portée par les politiques
Selon M. Wang, les fonds liés à l’État, dont Central Huijin Investment, ont massivement acheté des fonds négociés en bourse (FNB), tandis que les régulateurs ont levé les plafonds de détention d’actions des assureurs et restreint les ventes à court terme. Il en résulte une reprise rigoureusement gérée par ce que les investisseurs chinois appellent « l’équipe nationale », en référence aux fonds d’État du régime chinois.
Cependant, les critiques avertissent que l’intervention musclée du régime sur le marché risque d’entraîner des millions de petits investisseurs dans un nouveau cycle de boom et de récession.
« Les citoyens ordinaires pourraient une fois de plus se laisser séduire et en subir les conséquences », a déclaré M. Wang. « Le plus grand danger n’est pas de rater le rebond, mais de croire qu’il est durable. »
Pour Pékin, le nouveau rôle du marché boursier est clair. Il ne s’agit plus seulement d’un véhicule de financement pour les entreprises publiques, a déclaré M. Wang. Il s’agit désormais d’un outil permettant de restaurer la confiance des consommateurs. La hausse des cours boursiers peut créer un sentiment de richesse, ce qui, selon le PCC, se traduira par une augmentation des dépenses.
Fang Xiao a contribué à la rédaction de cet article.

Michael Zhuang est un collaborateur d'Epoch Times, spécialisé dans les sujets se rapportant à la Chine.
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