Logo Epoch Times

Opinion

plus-icon

La faillite morale de l’éducation : la génération du savoir sans boussole

top-article-image

Des étudiants et des amis du Fei Tian College Northern profitent de l'automne sur le campus de la vallée de l'Hudson.

Photo: Crédit photo : campus du Fei Tian College Northern

Durée de lecture: 7 Min.

Alors que les inscriptions à l’université déclinent et que la santé mentale des étudiants se dégrade, un malaise plus profond secoue l’enseignement supérieur en Occident. Derrière l’efficacité technologique et la course à la performance, c’est la vocation morale et humaine de l’éducation qui s’effrite.
Y a-t-il un problème dans l’enseignement supérieur en Occident? Par exemple, aux États-Unis, entre 1970 et 2010, le nombre d’inscriptions à l’université avait plus que doublé, avant de chuter de 15% entre 2010 et 2021. Que signifie ce retournement pour les lycéens qui hésitent à franchir le pas de l’enseignement supérieur ? Un glissement sémantique en dit beaucoup : les étudiants sont désormais décrits comme des « acheteurs et des clients » plutôt que comme des élèves accompagnés. Le succès institutionnel se mesure en dotations financières et en salaires de sortie, rarement en fonction de la qualité humaine des diplômés. Une question fondamentale demeure : que deviennent ces jeunes, au-delà de leurs compétences ?

Car lorsque l’apprentissage se détache de la formation du caractère, les conséquences se diffusent dans toute la société : baisse de la confiance collective, crises éthiques dans le monde du travail, et apparition d’une génération capable, certes, mais désorientée moralement.

Les institutions modernes d’enseignement supérieur excellent à former des diplômés capables de manier des tableurs, de rédiger des rapports et de suivre des instructions. Mais elles ont, pour une large part, renoncé à leur mission première : forger des individus à la fois compétents et droits, conjuguant vertu et savoir-faire.

De la formation du caractère vers des objectifs utilitaires

Cette évolution ne s’est pas produite du jour au lendemain. Elle remonte en grande partie à l’influence du pédagogue et philosophe John Dewey, dont la pensée a progressivement déplacé le centre de gravité de l’éducation : de la formation du caractère vers des objectifs utilitaires. Certaines dimensions de son approche — l’apprentissage par l’expérience, la pensée critique — conservent indéniablement leur valeur. Mais son héritage plus large a contribué à considérer les valeurs comme « socialement construites et relatives », plutôt que comme des vérités objectivement discernables qui méritent d’être poursuivies.
Une perte de repères intellectuels et moraux

Les sociétés anciennes savaient ce que nous avons oublié. L’éducation visait autrefois à aider l’être humain à discerner le vrai, le bien et le beau. L’école était une voie vers l’éveil intellectuel et spirituel, non pas une simple antichambre du marché de l’emploi.

Or, le véritable objectif de l’école est plus noble : devenir un être humain éclairé par la raison, dont l’esprit demeure libre et créatif face à toute difficulté. Devenir une personne intelligente, réfléchie et curieuse, capable d’affronter les défis sans perdre sa liberté intérieure.
Aujourd’hui, le désarroi des étudiants s’exprime dans une question banale : « À quoi cela va-t-il me servir ? » Derrière cette formule se cache un manque de sens. Les étudiants recherchent une raison profonde d’apprendre, une finalité transcendante, mais faute de mots, ils la traduisent par l’ennui.
Confucius et Socrate, guides intemporels

Confucius l’écrivait il y a deux mille ans :

« Si une personne peut réciter trois cents poèmes mais se montre incapable d’assumer une fonction publique ou de prendre une initiative à l’étranger, à quoi lui servent ces poèmes ? »

La véritable éducation doit trouver un équilibre entre l’obéissance aux ordres et l’exercice de l’initiative, la maîtrise de soi et la prise de décision créative.

Socrate distinguait, lui, deux formes de liberté. La première, celle de la licence, consiste à faire ce que l’on veut, quand on veut, sans contrainte. La seconde, la vraie liberté, est l’autonomie (auto-nomos, « sa propre loi ») : la capacité à se fixer des objectifs et des principes personnels qui dépassent les attentes sociales, guidé par une loi intérieure fondée sur la raison et la maîtrise de soi.
Retrouver la dimension spirituelle de l’éducation

Réhabiliter l’éducation, c’est reconnaître que l’être humain a une âme, et qu’enseigner signifie aussi nourrir cette dimension invisible. L’école ne doit pas seulement transmettre des compétences, mais éveiller le sens de la responsabilité, de la beauté et du bien commun.

Cela ne revient pas à rejeter la réussite professionnelle — elle reste légitime et nécessaire. Mais cette réussite devrait s’appuyer sur une clarté morale et une finalité transcendante, sources de stabilité, de générosité et de force intérieure.

Former des êtres complets, non des techniciens
Platon, dans La République, affirmait que les arts libéraux sont les « servantes de l’âme », qui « élèvent le regard vers le divin ». Littérature, philosophie, histoire, sciences ou arts : toutes ces disciplines éclairent l’esprit et ouvrent à la dimension spirituelle du savoir.

Lorsque l’éducation cultive à la fois la vertu et la compétence, le caractère et la capacité, elle engendre non seulement des professionnels accomplis, mais aussi des citoyens lucides et responsables. Des innovateurs qui cherchent davantage que le profit. Des êtres humains qui trouvent un sens au-delà de l’accumulation matérielle.

Pour une génération de sens et de vertu
Nous lançons une invitation aux familles qui souhaitent aller au-delà de la simple préparation professionnelle pour leurs enfants, aux enseignants qui souhaitent retrouver la noble vocation de leur profession, et à tous ceux qui estiment que les enjeux d’une éducation incomplète sont trop importants. Ensemble, nous pouvons former une génération dotée à la fois de vertu et de compétences, prête non seulement à évoluer dans le monde tel qu’il est, mais aussi à le façonner tel qu’il devrait être.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Le campus nord du Fei Tian College (FTC Northern), situé à Middletown, dans l'État de New York, propose des diplômes de premier cycle et de deuxième cycle dans les domaines des arts et des sciences, notamment des programmes en beaux-arts, en science des données et en informatique quantique. Le Fei Tian College est un établissement d'enseignement supérieur accrédité par la NECHE.

Articles actuels de l’auteur