Opinion
La Chine avance dans le contrôle du pétrole vénézuélien avec un investissement massif dans deux champs pétroliers

Le président vénézuélien, Nicolás Maduro (à dr.) accueille le dirigeant chinois, Xi Jinping (à g.) à son arrivée à Caracas le 20 juillet 2014.
Photo: LEO RAMIREZ/AFP via Getty Images
L’entreprise privée China Concord Resources Corp. (CCRC) a commencé ses opérations dans des champs pétroliers situés à l’ouest du Venezuela, avec l’engagement de produire 60.000 barils de pétrole par jour d’ici la fin de 2026.
Avec un investissement colossal d’1 milliard de dollars (855 millions d’euros), l’entreprise privée chinoise CCRC a commencé ses opérations dans les champs pétroliers Lago Cinco et Lagunillas Cinco, situés à l’ouest du Venezuela, avec l’engagement de produire 60.000 barils de pétrole par jour d’ici la fin de 2026.
L’exploitation de ces gisements du lac de Maracaibo, ainsi qu’un contrat de production partagée signé en 2024 par la même entreprise et valable 20 ans, font partie de la stratégie visant à relancer l’industrie pétrolière vénézuélienne, victime de la mauvaise gestion et de la corruption pendant les vingt-cinq ans de la révolution chaviste, d’abord sous Hugo Chávez, puis sous Nicolás Maduro.
Les limitations imposées par les sanctions internationales ont conduit le gouvernement Maduro à recourir à diverses formules, y compris des pratiques irrégulières et illégales, pour attirer des capitaux étrangers et aider à la récupération de l’industrie et au financement du régime. Dans cette quête, la Chine est devenue un acteur clé, étant actuellement le principal acheteur de pétrole vénézuélien et le plus grand créancier du chavisme dans ses deux phases : Chávez et Maduro.
Pour mener à bien ces négociations, l’administration chaviste utilise la Loi constitutionnelle pour la défense de la souveraineté, de l’économie et des mesures de blocus, mieux connue sous le nom de Loi Anti-blocus, un instrument législatif approuvé en 2020 qui octroie au pouvoir exécutif des pouvoirs spéciaux pour contrer les effets négatifs des sanctions imposées au pays. Cette loi permet au régime de contourner temporairement les normes légales et de recourir à d’autres procédures pour mener des négociations et attirer des investissements étrangers.
Dans ce contexte, les entreprises contractées et le régime ont recours à un modèle de contrat, le Contrat de Participation Productive (CPP), dans lequel le Venezuela accorde une participation dans la production aux investisseurs avec lesquels il négocie.
La Loi Anti-blocus prévoit le secret des opérations menées sous son égide. En fait, des leaders syndicaux accusent le régime de Nicolás Maduro d’avoir cédé une partie du contrôle de PDVSA à des entreprises étrangères comme CCRC.
Des firmes sans expertise qui s’engagent malgré les préjudices des sanctions
Les champs pétroliers Lago Cinco et Lagunillas Cinco font partie des gisements occidentaux dans lesquels Petróleos de Venezuela S.A. cherche à injecter des capitaux. Cependant, les entreprises expérimentées et ayant une longue trajectoire évitent de s’engager dans ce type de transactions, car les bénéfices ne couvrent pas les préjudices que leur cause la violation des sanctions. Nicolás Maduro a donc dû s’associer à des firmes sans expertise, comme CCRC. Il est à noter que cette entreprise a été désignée par le Département du Trésor des États-Unis pour ses liens avec l’Iran, ce qui transforme la négociation en un risque géopolitique pour la région.
Depuis septembre 2024, China Concord Resources Corp a déplacé environ 60.000 employés chinois au Venezuela pour opérer dans les gisements et sur une plateforme de forage lui appartenant, afin de relancer la production dans une centaine de puits, où l’extraction atteint à peine 12.000 barils par jour.
Le plan d’affaires de CCRC
China Concord Resources Company Limited a signé un contrat avec PDVSA Petróleo S.A. en mai 2024, et son plan d’affaires pour la réactivation et le développement des champs pétroliers Lagocinco et Lagunillas Lago, selon la documentation, prévoit un projet en trois phases :
– réparation et maintenance,
– augmentation rapide de la production,
– expansion et stabilité.
– augmentation rapide de la production,
– expansion et stabilité.
Ce plan vise à restaurer la capacité productive des champs dont les infrastructures présentent aujourd’hui un fort degré de détérioration. À cet effet, sont prévues des opérations d’exploration, de développement, d’ingénierie et de forage, ainsi qu’un renforcement de la structure organisationnelle, des ressources humaines, des systèmes financiers et des achats de CCRC. L’objectif est d’augmenter considérablement la production de pétrole brut au cours des dix prochaines années.
La CCRC assume le rôle d’opérateur et d’investisseur, avec la responsabilité du développement, de la construction, de l’entretien et de l’exploitation des deux champs, en vue de relancer la production pétrolière, d’allonger la durée de vie des gisements et de maximiser le taux de récupération.
Absence d’affiliation entre les parties
Le contrat stipule que les parties n’ont aucun lien entre elles et ne sont pas tenues de créer une coentreprise, mais qu’elles opèrent de manière indépendante et assument leurs droits et obligations.
Après avoir présenté un plan d’affaires, une preuve de capacité d’investissement, un budget, un calendrier et des informations sur la technologie à mettre en œuvre, China Concord Resources Company Limited a démarré ses activités.
Le contrat stipule que sur le site de Lagocinco, PDVSA et CCRC se partageront le même nombre de parts, soit 50 % pour PPSA et 50 % pour CCRC. Au bout de sept ans ou lorsque le flux de trésorerie cumulé de CCRC Lagocinco sera positif, selon la première éventualité, la répartition passera à 51 % pour PPSA et 49 % pour CCRC.
Dans le champ Lagunillas Lago, le rapport est de 47 % pour PPSA et 53 % pour CCRC, qui passera à 50 % pour PPSA et 50 % pour CCRC à la sixième année ou lorsque le flux de trésorerie cumulé de CCRC Lagunillas Lago sera positif.
Le plan pour Lagocinco
Les documents révèlent le plan d’affaires élaboré après la signature du contrat le 3 mai 2024, spécifiquement pour l’exploitation et la revitalisation du champ pétrolier Lagocinco par China Concord Resources Company Limited (CCRC), présenté en juillet 2024, lequel détaille que, sous la modalité de contrat de participation productive (CPP) avec PDVSA, sera mise en œuvre la réactivation du gisement.
Il est signalé qu’au moment de la contractualisation, l’état du champ montrait un déclin significatif de la production nécessitant une opération de maintenance des installations. La société chinoise propose un plan de développement à long terme en trois phases —réparation, augmentation de la production et expansion—, avec des objectifs ambitieux visant à restaurer et dépasser les niveaux de production antérieurs.
Le plan décrit également les activités d’infrastructure, de forage et d’opérations nécessaires, ainsi que les exigences organisationnelles, en ressources humaines et financières pour l’exécution du projet, soulignant un engagement fort envers la sécurité, la protection de l’environnement et le développement local.
Le champ pétrolifère de Lagocinco est situé au centre-sud du lac de Maracaibo et couvre une superficie totale d’exploitation de 1374 km². Il a été découvert en 1957 et, en 1959, avait atteint un pic de production de 100.000 barils par jour (b/j), qui a diminué à 58.000 b/j en 2002 ; à la signature du contrat, il ne comptait que 32 puits en production avec une capacité de 2,1 milliers de barils par jour (MBPD) .
Le plan prévoit que, malgré la détérioration des installations et soixante années d’exploitation, les réserves restantes sont élevées, estimées à 809,37 millions de barils récupérables. Il indique que 153 puits de catégories CAT1 et CAT2 peuvent être réactivés.
Après avoir énuméré l’ensemble des anomalies, le document indique que « le problème central pour reprendre la production du champ pétrolier aujourd’hui est de remplacer la pompe d’appoint de la station de flux, d’améliorer la fiabilité et la stabilité du système d’alimentation électrique du champ pétrolier, et d’améliorer la fiabilité et la stabilité du compresseur de relevage de gaz de Lagocinco ».
Le plan pour Lagunillas Lago
De son côté, le plan d’affaires de CCRC détaille la stratégie d’exploitation et de développement des blocs pétroliers de Lagunillas Lago, dont l’état actuel d’infrastructure est fortement détérioré.
CCRC propose un plan exhaustif pour inverser la baisse de production par la modernisation des équipements, le forage et la maintenance, et vise à accroître la production pétrolière en trois phases, avec des objectifs allant de la réactivation initiale des puits à l’exploration de nouvelles réserves.
Le plan décrit aussi la structure organisationnelle, les plans de ressources humaines, les systèmes financiers et d’achats, ainsi qu’un calendrier de travail et d’approvisionnement pour 2024 et les années suivantes, en mettant l’accent sur la sécurité, la santé et l’environnement.
Le champ Lagunillas Lago se situe sur la rive est du lac de Maracaibo et couvre une superficie de 404 km². Les réserves originales s’élevaient à 17.766,15 millions de barils.
Après 90 ans d’exploitation, les infrastructures terrestres sont très détériorées ; les systèmes de compression de gaz naturel, de stimulation par vapeur (AAS) et de développement par injection d’eau sont « paralysés » ; la capacité de traitement des équipements est faible, l’approvisionnement en énergie est insuffisant et les systèmes de contrôle automatique sont « essentiellement inefficaces ».
Seulement 12 des 57 modules de production sont partiellement utilisables (21 %) ; 7 des 13 stations de production (Flow Stations) sont hors service ; seulement 8 pompes à pétrole fonctionnent sur l’ensemble de la zone.
Le document indique que la base pour reprendre la production est « encore acceptable », avec 873,2 millions de barils récupérables restants et 780 puits CAT1 et CAT2 susceptibles d’être remis en production. Pour cela, il est nécessaire de procéder à une révision et à une optimisation des processus de production, à la modernisation des équipements et à la reconstruction des infrastructures énergétiques et de contrôle.
Des objectifs de production ambitieux
Les objectifs de production sont :
– 10,7 millions de barils par jour (MMBPD) pour fin 2024.
– 20,0 millions de barils par jour (MMBPD) pour fin 2025.
– 30,0 millions de barils par jour (MMBPD) pour fin 2026.
– 20,0 millions de barils par jour (MMBPD) pour fin 2025.
– 30,0 millions de barils par jour (MMBPD) pour fin 2026.
Pour la période janvier 2027‑décembre 2028, l’objectif est d’atteindre un taux de production de 50,0 MMBPD.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Maibort Petit est politologue et chercheuse spécialisée dans la criminalité transnationale organisée et le terrorisme en Amérique latine. Ses travaux portent sur la conception de cadres réglementaires communs renforçant la coopération régionale, le partage de renseignements et la coordination des réponses étatiques aux menaces à la sécurité nationale et continentale. Forte de plus de vingt ans d'expérience, elle a contribué à des forums internationaux sur la gouvernance pénale et la protection des victimes dans des contextes d'emprise institutionnelle.
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