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Armer la police municipale« Je suis très favorable à l’armement des policiers municipaux », affirme Laurent Nuñez face à la montée de l’insécurité
Dans un contexte de tensions sécuritaires croissantes, le ministre de l’Intérieur s’est dit « très favorable » au port d’armes pour les policiers municipaux. Une position qu’il justifie par la nécessité de mieux protéger les agents et de renforcer la dissuasion face à la montée des violences.

Le ministre français de l'Intérieur, Laurent Nunez.
Photo: : JOEL SAGET/AFP via Getty Images
À l’approche des élections municipales, la question de la sécurité s’impose une fois encore au cœur du débat politique. Selon un sondage Ifop pour La Tribune Dimanche, 76 % des Français placent la sécurité parmi les principaux enjeux du scrutin. Une préoccupation renforcée par une actualité dramatique : l’assassinat, à Marseille, du frère d’Amine Kessaci, militant écologiste engagé contre le narcotrafic. Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche et publié ce samedi 15 novembre, Laurent Nuñez a indiqué voir dans cet acte le signe d’une dérive inquiétante.
« Ça donne un caractère dissuasif plus fort »
« Cet assassinat a été manifestement très préparé et vraisemblablement commis pour atteindre indirectement et intimider son frère. C’est très inquiétant car ce serait une première. On n’avait pas connu en France jusqu’à présent de telles pratiques mafieuses », a-t-il déclaré. Assurant suivre personnellement le dossier « aux côtés des autorités judiciaires », il a promis que « tous les moyens [seraient] mis en œuvre » pour identifier les auteurs de ce crime.
Ce climat de violence nourrit la détermination du ministre à renforcer les moyens des forces locales. « Je suis très favorable à l’armement des policiers municipaux car ça donne un caractère dissuasif plus fort », a-t-il affirmé. Pour lui, il s’agit d’une mesure de protection avant tout : « Il faut que les policiers puissent se défendre lors d’attaques terroristes – on sait que l’uniforme est une cible –, de refus d’obtempérer lorsqu’ils mettent en danger leur vie. »
Un projet de loi pour élargir les pouvoirs des polices municipales
Le ministre de l’Intérieur s’exprime alors qu’un projet de loi visant à élargir les pouvoirs des polices municipales a été présenté début novembre au Conseil des ministres. « Ce texte permettra de renforcer les prérogatives des polices municipales notamment sur un point majeur : la possibilité, sans faire d’acte d’enquête, de constater un certain nombre de délits par des amendes forfaitaires délictuelles », a-t-il détaillé.
Neuf infractions sont concernées, parmi lesquelles la vente à la sauvette, la consommation de stupéfiants ou encore l’occupation de halls d’immeubles. L’objectif, selon le ministre, est de « décharger » la police nationale et la gendarmerie de missions relevant davantage de la tranquillité publique.
« Les maires sont libres de le faire ou pas »
Actuellement, 54 % des polices municipales sont dotées d’armes létales. Mais Laurent Nuñez rappelle que la décision d’armer les agents relève des maires : « Évidemment, le principe de libre administration des collectivités locales fait que les maires sont libres de le faire ou pas. » Cette liberté d’appréciation explique de fortes disparités entre territoires : dans le sud du pays, notamment dans les Bouches-du-Rhône, le Var ou le Vaucluse, près de 80 % des brigades municipales sont armées, d’après les chiffres de La Dépêche du Midi en juillet dernier. En revanche, dans plusieurs départements du centre, les policiers municipaux ne sont pas armés.
Alors que les élus locaux s’apprêtent à se réunir pour leur congrès annuel à partir du 18 novembre, la question de la sécurité devrait dominer les échanges. Majoritairement favorables à un renforcement des pouvoirs de leur police municipale, nombre de maires voient dans cette réforme une réponse concrète aux attentes de leurs administrés. Laurent Nuñez espère, lui, que le texte sera adopté « avant les municipales », convaincu qu’il apportera un cadre plus clair à l’action des forces locales. Pour lui, il s’agit d’un « sujet important », étant donné que « 4500 communes ont une police municipale, ce qui représente 28.000 agents ».
L’armement des polices locales s’inscrit par ailleurs dans une approche plus large de la sécurité du quotidien. Laurent Nuñez entend également reprendre une partie des mesures de durcissement prévues par la loi portée par Bruno Retailleau. Parmi elles : un renforcement des sanctions contre les rodéos urbains, la commercialisation de mortiers ou encore les rave parties non autorisées. Le ministre souhaite aussi que le protoxyde d’azote soit désormais « clairement qualifié comme produit stupéfiant » et que sa vente ou son usage sur la voie publique soient interdits.

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