Logo Epoch Times

«J’aime ma boîte 2025» : une fête célébrant salariés et patrons face au retour des vieux fantômes marxistes

Le 3 octobre, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, a donné rendez-vous au Pavillon Montaigne de la fondation LVMH. Objectif : annoncer la 23e édition de la Fête des entreprises, plus connue sous le slogan « J’aime ma boîte ». Depuis 2003, ce moment convivial invite salariés et dirigeants à célébrer ensemble leur lieu de travail. Mais en 2025, cet évènement entend aussi réhabiliter l’image de l’entreprise dans un débat public où refait surface la vieille antienne marxiste d'hostilité envers les entrepreneurs.

top-article-image

Photo: crédit photo J'aime ma boite

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 10 Min.

L’origine de cette « fête des entreprises » a des allures d’anecdote. « Tout est parti d’une carte aperçue dans une boutique aux États-Unis. J’y ai vu écrit “I love my boss“. Puis une autre : “Thank you boss“. La vendeuse m’explique que c’est comme la Saint-Valentin, mais pour les patrons. Je me suis dit : “La Saint-Valentin des patrons, quelle belle idée !” » raconte, amusée, Sophie de Menthon devant l’auditoire.
Revenue en France, elle propose le concept au Medef, dirigé alors par Ernest-Antoine Seillière. Rires dans l’assemblée : « On m’a répondu qu’ici, quand on fait la fête à un patron, ça veut dire le séquestrer… », sourit-elle encore. L’idée change de forme grâce à son fils, qui suggère d’en faire « la fête des entreprises ». Restait à trouver le slogan. Ce fut « J’aime ma boîte » : une formule simple, populaire, vite adoptée.
2025 : occuper l’espace public
Depuis 2003, l’opération est devenue un rituel annuel. Cette année, l’opération dévoilée au Pavillon Montaigne, veut frapper fort : 400.000 panneaux “J’aime ma boîte” disséminés dans toute la France, 130 affiches sur les quais du métro parisien, des spots radios diffusés à l’antenne, et un concours photo pour inciter les équipes à se montrer en pleine convivialité, aux couleurs du slogan.
Sophie de Menthon donne le ton : « L’idée, c’est de saturer les réseaux sociaux de bonne humeur. » Mais derrière la légèreté, une ambition : faire entendre la « France silencieuse » des salariés qui aiment leur entreprise, mais dont on ne parle jamais.
En 2025, « J’aime ma boîte » dépasse donc le simple registre festif. Il devient un vecteur de plaidoyer. Sophie de Menthon ne s’en cache pas : « On doit conquérir le pouvoir politique, car aujourd’hui, les entreprises ne sont toujours pas consultées. Les politiques ont pris conscience de leur rôle, mais continuent d’agir sans elles », confie-t-elle à Epoch Times.
En témoigne, à ses yeux, la fiscalité étouffante qui pèse sur les entreprises et, en conséquence, sur les salariés. L’entreprise est, pour elle, l’un des derniers bastions de bon sens face à des débats qu’elle juge hors-sol : « Ce n’est pas dans les boîtes qu’on invente la suppression des toilettes hommes-femmes ou l’interdiction de dire Monsieur ou Madame. »
Et de pousser plus loin : « Il faut changer les mentalités et réhabiliter la réussite. En Amérique, on célèbre les success stories. En France, on rêve d’entreprises… sans riches. »
Le spectre du marxisme
Présent à la conférence de presse, Hervé Novelli, ancien secrétaire d’État au commerce et pionnier du régime auto-entrepreneur, a fait écho à son constat dans un discours appuyé : « Après-guerre, l’imprégnation marxiste et communiste a fait du patron un exploiteur et de l’entreprise le lieu de l’exploitation. Cela s’était atténué – l’entrepreneur était devenu celui qui pouvait résoudre des problèmes –, mais on voit aujourd’hui réapparaître ces vieux schémas. »
Selon lui, les débats récents autour de la taxe Zucman agissent comme catalyseurs de ce retour en force de l’imaginaire marxiste. D’où l’importance, dit-il, de se mobiliser : « Il faut démonter cette mécanique, rappeler que sans entreprises, comme on l’a vu pendant le Covid, tout s’arrête. »
L’homme politique a également insisté sur l’urgence de défendre les entreprises face à « l’empilement des normes » : « Les problèmes viennent de l’extérieur : fiscalité, bureaucratie, réglementation. Ce n’est pas l’entreprise qui est malade, c’est l’État. » Pour lui, « l’événement J’aime ma boîte est aujourd’hui plus important qu’il ne l’a jamais été : il faut faire ressortir tout le positif de l’entreprise ».
Aller au bras de fer
À l’occasion de cette conférence de presse, d’autres figures du monde politique et patronal ont pris la parole, en présentiel ou par vidéo, pour marteler un message convergent : l’entreprise doit retrouver toute sa place dans le débat public.
Patrick Martin, président du Medef, a ainsi rappelé que « 82 % des Français font confiance aux entreprises et veulent qu’elles prennent plus de place dans le débat public, à un moment où circulent des idées quelque peu fumeuses qui les mettent en cause. Nos boîtes sont essentielles à la cohésion sociale et à la bonne marche du pays. »
Même écho du côté de la CPME, deuxième organisation patronale. Son président, Amir Reza-Tofighi, a salué dans J’aime ma boite « une initiative positive qui renforce le lien entre les salariés et leur entreprise », avant de marteler, dans un contexte politique traversé d’incertitudes, que « l’entreprise est la véritable colonne vertébrale de notre pays. »
Tous convergent sur une idée : sortir l’entreprise du huis clos économique pour l’installer au cœur de la cité, à l’heure où la gauche impose sa lecture politique et économique dans les médias.
Mais ce positionnement, souligne Joseph Tayefeh, secrétaire général de Plastalliance, ne peut réussir sans les salariés : « Trop souvent, les patrons se retrouvent entre eux. “J’aime ma boîte” associe salariés, représentants du personnel et élus. C’est ce qui en fait un mouvement puissant, et c’est pour cela que nous le soutenons d’année en année. »
De quoi les conforter : si le secteur privé en France n’a pas toujours bonne presse, les Français sont très majoritairement attachés à leur entreprise, à 64%. C’est ce que révèle le sondage OpinionWay pour J’aime ma boite dévoilé pour l’occasion. Un résultat qui tranche avec le discours ambiant : « Dans les médias, on préfère mettre en avant l’histoire du train qui n’arrive pas à l’heure. Les salariés malheureux existent, bien sûr, mais ce n’est pas la majorité », observe Bruno Jeanbart, vice-président d’OpinionWay, interrogé par Epoch Times.
Et l’enquête va plus loin : 73 % des salariés estiment qu’il faudrait écouter davantage les entreprises, et 86 % considèrent que leur entreprise est utile à la France. Loin d’être de simples lieux de production, les entreprises sont vues comme des acteurs clés du pays.
« Depuis plus de dix ans, nos enquêtes révèlent une constante : les Français veulent desserrer l’étau qui pèse sur les entreprises. Or trop de décisions publiques vont à l’encontre de leurs besoins et, par ricochet, de ceux des Français », conclut Jeanbart.
« Remettre la France dans le bon sens »
Un message qui résonne alors que Sébastien Lecornu s’attelle à construire un budget sous pression de la gauche qui brandit la menace de la motion de censure, et que les entreprises redoutent un nouveau tour de vis fiscal.
Parmi les soutiens, l’écrivain Alexandre Jardin, fondateur du mouvement « Les Gueux », s’est ainsi insurgé, dans un message, que les patrons soient traités « comme des gueux et non comme des êtres porteurs de vie ». Et de lancer, dans un élan vitaliste : Ceux qui veulent asphyxier les entreprises n’aiment pas la vie. Ceux qui veulent abîmer l’entrepreneuriat sont dans une logique sinistre. »
Le maire de Cannes et président de l’Association des maires de France, David Lisnard, a, pour sa part, résumé l’enjeu en une formule : « Dire j’aime ma boîte, c’est remettre la France dans le bon sens. » Pour lui, comme pour Sophie de Menthon, cette fête prévue le 16 octobre n’est pas qu’une parenthèse conviviale, mais se veut aussi « un cri du cœur et de la raison », destiné à rappeler dans le climat politique actuel un principe élémentaire : sans entreprises, pas d’avenir ; sans entrepreneurs, pas d’entreprises.