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Immigration clandestine

Italie : une ONG de secours aux migrants devant la justice

Accusés d’aide à l’immigration clandestine, six membres de l’ONG italienne Mediterranea Saving Humans (MSH) ont comparu mardi devant le tribunal de Raguse, en Sicile.

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Des migrants secourus à bord du navire de sauvetage naviguant en Méditerranée. Illustration.

Photo: FEDERICO SCOPPA/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 2 Min.

Il s’agit du premier procès du genre en Italie, alors que les précédentes procédures engagées contre des équipages de navires humanitaires avaient toutes été abandonnées avant ou durant les audiences préliminaires.

Des sauveteurs accusés d’avoir été rémunérés

Les prévenus sont soupçonnés d’avoir reçu de l’argent du géant danois du transport maritime AP Moeller-Maersk après avoir transféré sur leur navire, le Mare Jonio, vingt-sept migrants bloqués depuis plus d’un mois à bord d’un cargo du groupe. Les faits remontent à septembre 2020, période durant laquelle ni Malte ni l’Italie n’avaient accepté l’accueil de ces rescapés.

Parmi les six membres poursuivis figurent Luca Casarini, cofondateur de l’ONG, Pietro Marrone, commandant du Mare Jonio, ainsi que plusieurs membres d’équipage, dont un médecin. Tous sont jugés pour association criminelle visant à favoriser l’immigration illégale.

Une controverse autour du versement de 125.000 euros

L’accusation estime que le versement de 125.000 euros effectué par Maersk à une société liée à MSH aurait constitué une compensation financière pour l’opération de sauvetage. De son côté, la société danoise assure qu’il s’agissait simplement d’une contribution pour couvrir une partie des coûts liés à l’intervention, ajoutant qu’« à aucun moment » un paiement n’avait été évoqué avant ou pendant les opérations.

La défense revendique la légitimité du sauvetage

Pour Mediterranea Saving Humans, ce procès représente une occasion de rétablir la vérité sur le rôle des ONG en mer. Dans un communiqué publié la veille de l’audience, l’organisation a dénoncé une « accusation absurde » visant la solidarité. « Cinq ans après les événements, le débat public s’ouvre enfin. Ce sera pour nous l’occasion de rétablir la pleine vérité », a-t-elle déclaré.

Lors de la première audience, la défense a formulé plusieurs objections techniques, notamment sur l’usage d’écoutes téléphoniques impliquant des avocats, des journalistes, des évêques et même des parlementaires, ce que ses avocats jugent illégal.

Un procès au cœur du climat politique italien

La prochaine audience est fixée au 13 janvier. Ce procès intervient dans un contexte tendu : depuis son arrivée au pouvoir en 2022, la Première ministre Giorgia Meloni a fait de la lutte contre l’immigration clandestine l’un des piliers de sa politique. Le gouvernement italien multiplie les restrictions contre les ONG de sauvetage, estimant qu’elles encouragent indirectement les traversées de la Méditerranée.

Avec AFP