Guerre en Ukraine : Moscou juge « erronée » l’idée que Kiev puisse reconquérir des territoires

Photo: GAVRIIL GRIGOROV/POOL/AFP via Getty Images
La Russie a affirmé mercredi que l’Ukraine n’avait pas la capacité de reprendre les territoires occupés par son armée, en réponse aux déclarations de Donald Trump estimant la veille que Kiev pourrait « regagner son territoire dans sa forme originelle et peut-être même aller plus loin ».
Pas un « tigre de papier »
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé cette analyse du président américain comme une « thèse erronée » lors de son briefing quotidien auquel participait l’AFP. Il a répliqué aux propos de Donald Trump qui comparait la Russie à un « tigre de papier » : « La Russie n’est pas un tigre. La Russie est davantage associée à un ours. Et les ours de papier n’existent pas », a-t-il déclaré.
M. Peskov a défendu la « stabilité économique » du pays, tout en reconnaissant « des tensions et des problèmes dans différents secteurs ». Sur une radio russe, il a réaffirmé la détermination de Moscou à poursuivre son offensive :
« Nous poursuivons notre opération militaire spéciale pour assurer nos intérêts et atteindre les objectifs fixés par Vladimir Poutine (…) Nous n’avons donc pas d’alternative. »
Les positions de Donald Trump
De retour au pouvoir en janvier, Donald Trump avait d’abord initié un rapprochement avec Moscou, promettant de régler le conflit « en 24 heures ». Mardi, il a adopté un ton plus favorable à Kiev, saluant le président ukrainien Volodymyr Zelensky comme « un homme courageux » et estimant que la Russie traversait une situation économique « critique ».
Il a toutefois semblé prendre ses distances avec le dossier, souhaitant « bonne chance à tout le monde », sans préciser le rôle que les États-Unis joueraient à l’avenir, que ce soit en matière de sanctions, de soutien militaire ou de médiation.
Une impasse diplomatique persistante
Les tentatives de règlement du conflit ont jusqu’ici échoué, les positions de Moscou et Kiev restant inconciliables. La Russie, qui occupe environ 20 % du territoire ukrainien, réclame l’annexion de cinq régions et le renoncement de Kiev à intégrer l’Otan. L’Ukraine refuse et demande le déploiement de troupes occidentales, une idée jugée inacceptable par Moscou.
Dmitri Peskov a par ailleurs estimé que le rapprochement entre Moscou et Washington avait donné des résultats « proches de zéro ».
Pressions économiques et offensives militaires
Face à l’impasse diplomatique, Kiev et Washington misent sur la pression économique. L’Ukraine multiplie les attaques de drones contre les infrastructures énergétiques russes : une raffinerie a été touchée dans la région du Bachkortostan, déclenchant un violent incendie, et une frappe sur Novorossiïsk, près de la Crimée annexée, a fait deux morts, selon le gouverneur local.
En réponse aux coûts élevés de son offensive, le ministère russe des Finances a proposé mercredi d’augmenter la TVA dès l’an prochain afin de réduire le déficit budgétaire.
Réactions contrastées
À Kiev, Volodymyr Zelensky s’est félicité des propos de Donald Trump, les qualifiant de « grand tournant ». Mais sur le terrain, la méfiance demeure : « Attendons une semaine de plus, il pourrait dire quelque chose d’autre », estime Artiom, 24 ans, interrogé par l’AFP.
À Moscou, le scepticisme est similaire. « Aujourd’hui il a dit ceci, demain il dira cela. Alors, l’écouter… », commente Vladimir, professeur de karaté de 68 ans. Pour Svetlana Vassilenko, 68 ans, le président américain reste avant tout « un grand acteur, il aurait dû choisir une autre carrière ».
Avec AFP
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