Fatigue, anxiété, fringales : l’hypoglycémie cachée qui bouleverse la vie des femmes

Photo: siamionau pavel/Shutterstock
Il était environ 15 h lorsqu’une de mes patientes, Jessica, s’est retrouvée crispée sur son volant, luttant contre une vague de vertiges à un feu rouge. Ses mains étaient moites, ses pensées brouillées. Avait-elle oublié de déjeuner ? Était-ce la pression des délais au travail ? Cette combinaison bien connue d’anxiété, de faim et de fatigue soudaine lui semblait familière.
Le conseil « mange un petit en-cas » n’a jamais été très efficace pour Jessica. Comme des milliers de jeunes femmes, elle avait fini par s’habituer à ce que son entourage – médecins compris – balaie ses symptômes d’un revers de main, les attribuant à des sautes d’humeur liées au stress. Ce qu’elle ignorait, c’est que ce voile diffus dans son esprit n’avait rien de psychologique : son cerveau réclamait simplement de l’énergie.
L’hypoglycémie, un trouble fréquent mais méconnu chez les jeunes femmes
Comme Jessica, des millions de jeunes femmes non diabétiques connaissent régulièrement des épisodes d’hypoglycémie : des chutes de glycémie qui perturbent le quotidien et les performances. Des recherches montrent que la glycémie et la sensibilité à l’insuline varient au fil du cycle menstruel, en raison des fluctuations hormonales.
Au cours de la phase folliculaire, les niveaux d’œstrogènes augmentent. Cette hausse accroît la sensibilité à l’insuline et peut abaisser la glycémie, déclenchant chez certaines femmes une hypoglycémie. Celle-ci se manifeste souvent par de la fatigue, des sautes d’humeur, de l’anxiété, voire des symptômes proches de la dépression. Elle peut surgir brutalement, imitant des turbulences émotionnelles, ou encore provoquer des malaises, des palpitations et de fortes envies de sucre, parfois seulement deux ou trois heures après un repas.
Ce phénomène, appelé hypoglycémie réactionnelle, est particulièrement fréquent dans certaines pathologies hormonales comme le syndrome des ovaires polykystiques. Selon les études, il concernerait jusqu’à la moitié des jeunes femmes minces atteintes de ce syndrome.
Parmi les signes d’alerte les plus fréquents : maux de tête, étourdissements, palpitations, transpiration excessive ou encore sensation de froid dans les mains et les pieds.
La « chute invisible »
Dans une étude pilote, des chercheurs ont suivi des jeunes femmes souffrant régulièrement de symptômes évocateurs d’hypoglycémie grâce à un dispositif de surveillance continue du glucose. Résultat : chaque fois qu’elles ressentaient ces symptômes, une chute de glycémie était mesurée. Leurs valeurs étaient égales ou inférieures à 70 mg/dl, parfois même sous la barre des 54 mg/dl – un niveau considéré jusque-là comme presque impossible chez des personnes en bonne santé.
Ces femmes n’imaginaient donc rien : leur physiologie expliquait parfaitement leur malaise. Mais ces fluctuations cachent un risque bien plus profond : à chaque baisse de glucose, le cerveau – qui dépend d’un apport stable et constant de cette molécule – souffre.
Ces variations nuisent à la concentration, à l’humeur et à la rapidité de traitement des informations. Elles sont souvent liées à une alimentation riche en sucres rapides et en glucides raffinés, ou à des habitudes dictées par le stress (sauter des repas, grignoter sur le pouce).
Lorsqu’on consomme des aliments très sucrés, la glycémie grimpe rapidement. L’organisme sécrète alors une forte dose d’insuline pour ramener le sucre à la normale. Si la chute est trop brutale, ou si les repas sont trop espacés, la glycémie passe sous le seuil habituel : c’est l’hypoglycémie réactionnelle.
À force de répétitions, ce mécanisme déclenche une réponse de stress chronique : le système nerveux active la réaction « combat ou fuite », avec libération de cortisol et d’adrénaline. Certes, ces hormones aident à rétablir la glycémie, mais elles provoquent aussi anxiété, irritabilité et fringales intenses.
Comment stabiliser sa glycémie au quotidien
Rassurez-vous, il n’est pas nécessaire de bouleverser son mode de vie pour éviter ces montagnes russes. Quelques ajustements simples et réguliers suffisent :
Miser sur les protéines et les bons gras
Commencez la journée par un petit déjeuner riche en protéines : 30 g de protéines avant 10 h aident à stabiliser la glycémie tout au long de la journée. Exemple : deux œufs avec du fromage ou du poisson, 100 g de poulet, ou un shake protéiné de qualité. Associez toujours protéines et graisses saines (avocat, oléagineux) afin de ralentir l’absorption du sucre.
Prendre de petits repas réguliers
Trois repas équilibrés par jour, sans grignotages, permettent d’éviter les pics et chutes brutales. Associez glucides et protéines ou graisses. Par exemple, préférez une patate douce avec du beurre d’amande à une tartine de confiture. Des rappels programmés peuvent aider à ne pas sauter de repas par inadvertance.
Réduire le sucre et les aliments ultra-transformés
Biscuits industriels, sodas ou même alternatives dites « saines » déséquilibrent la glycémie en provoquant des pics suivis de chutes rapides. Les édulcorants naturels (miel, sirop d’érable, sucre de coco, dattes, agave…) n’y échappent pas : ils élèvent aussi la glycémie, avec des intensités variables selon les personnes. Lire les étiquettes et se constituer une liste d’en-cas à base d’aliments bruts facilite les choix sains.
Gérer les envies de sucre intelligemment
En cas de fringale, buvez d’abord un verre d’eau, puis choisissez une collation nourrissante : légumes crus, shake protéiné, fruits secs, yaourt nature, houmous, etc. Ces aliments pauvres en glucides, qui libèrent le glucose plus progressivement, soutiennent l’énergie sur la durée, évitant l’effet « yoyo ».
Prendre soin de son stress et de son sommeil
Le stress chronique et le manque de sommeil accentuent les variations de glycémie. Intégrer de petites pauses bien-être (marche, méditation, étirements doux) aide à rééquilibrer le métabolisme. Un rituel simple avant le coucher et cinq minutes de relaxation par jour (respiration, méditation, qi gong) renforcent à la fois le sommeil et la gestion du stress.
Mettre fin au syndrome du « hangry »
Le syndrome du « hangry » désigne l’état d’irritabilité ou de colère que certaines personnes ressentent lorsqu’elles ont faim. Le mot « hangry » est un mot-valise formé de la contraction des mots anglais « hungry » (faim) et « angry » (en colère).
Longtemps réservée aux personnes diabétiques, la surveillance continue de la glycémie révèle aujourd’hui son utilité pour démasquer ces schémas invisibles. En observant les variations en temps réel, on comprend mieux quand et pourquoi surviennent ces baisses, et l’on peut agir en prévention.
Jessica, par exemple, a fini par s’équiper d’un capteur de glucose. Elle a découvert que ses petits déjeuners trop pauvres en protéines la condamnaient à une chute de milieu de journée, et que ses réunions stressantes, sans eau ni repas adaptés, entraînaient systématiquement un « coup de pompe » l’après-midi.
Ce qui l’a le plus surprise, c’est de constater l’impact de petits ajustements : des repas plus équilibrés, mieux programmés, et une pratique quotidienne de pleine conscience ont transformé son humeur et sa concentration. Pour la première fois, elle n’a plus eu l’impression d’être « dramatique » ou « affamée et irritable » : elle avait enfin des preuves tangibles, et surtout une vraie maîtrise de ses sensations.
Les propos exprimés dans cet article relèvent de l’opinion de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position d’Epoch Times.
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