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Faire baisser la tension… grâce à la musique classique

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Illustration par Epoch Times

Photo: Shutterstock

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Durée de lecture: 6 Min.

Nous aimons tous la musique, qu’elle nous détende ou qu’elle nous donne envie de danser sur un bon rythme. La musique classique, en particulier, est reconnue pour ses effets positifs sur notre humeur.
Mais au-delà du bien-être mental, la musique peut aussi agir en profondeur sur notre santé physique, notamment sur un paramètre aussi essentiel que la tension artérielle.
Une nouvelle étude suggère que certains types de musique classique influencent la tension artérielle et pourraient aider l’organisme à mieux la réguler. Chez 92 volontaires, les chercheurs ont observé que la tension artérielle avait tendance à se synchroniser plus étroitement avec des structures musicales prévisibles, surtout lorsque l’intensité et la phrasé musicale étaient faciles à anticiper.
Ces résultats, présentés au congrès 2025 de la Société Européenne de Cardiologie, ouvrent la voie à une éventuelle thérapie personnalisée basée sur la musique pour la santé cardiovasculaire.
Quand la musique s’accorde au cœur
L’équipe de recherche, dirigée par Elaine Chew, professeure d’ingénierie à Londres, a mesuré en continu la tension artérielle des participants pendant l’écoute de neuf interprétations pianistiques. Parmi eux : 60 femmes et 32 hommes, d’un âge moyen de 42 ans.
Grâce à une analyse informatique, les chercheurs ont identifié que les variations de tempo et d’intensité sonore généraient des motifs musicaux prévisibles, synchronisés avec la tension artérielle. La pièce la plus marquante fut l’interprétation par Harold Bauer de la transcription par Franz Liszt de la Sérénade de Franz Schubert, réputée pour sa structure très régulière.
« Nos résultats montrent que les structures musicales les plus prévisibles ont un effet plus marqué sur la régulation du système cardiovasculaire », explique Elaine Chew.
Ce phénomène — appelé « entrainment » (calage rythmique / synchronisation) — correspond à la tendance du corps à caler ses rythmes physiologiques sur des stimuli externes. La tension artérielle répondait davantage aux changements de volume qu’aux variations de tempo, mais plus la musique devenait prévisible, mieux les auditeurs pouvaient anticiper les changements, renforçant ainsi la synchronisation.
Les chercheurs notent que cette synchronisation accrue pourrait aider l’organisme à réguler la tension plus efficacement.
Bien que l’étude ait utilisé du piano classique — idéal pour contrôler les variations et simuler une expérience de concert —, les chercheurs estiment que la méthode pourrait s’appliquer à toute musique présentant des phrases claires et régulières.

La science de la « médecine musicale »

La musique active les circuits de la récompense dans le cerveau, ce qui peut expliquer ses puissants effets physiologiques. Elaine Chew rappelle que, dans toutes les cultures, l’humain s’est toujours mis en mouvement au rythme de la musique, et que cette synchronisation avec des rythmes externes apporte des avantages biologiques et sociaux.
L’étude s’appuie également sur des travaux antérieurs montrant que la respiration et la fréquence cardiaque s’adaptent elles aussi aux structures musicales, les motifs réguliers et prévisibles produisant une synchronisation plus forte.
Pour mesurer ces effets, les chercheurs ont utilisé une méthode statistique appelée Earth Mover’s Distance, permettant d’évaluer la proximité entre les courbes de tension artérielle et les structures musicales entendues. Ces résultats mettent en lumière le potentiel de la musique comme approche non médicamenteuse pour accompagner la prise en charge de l’hypertension.
Elaine Chew souligne que cette recherche ouvre la voie à des thérapies musicales personnalisées, capables de déclencher des réponses biologiques ciblées.
« À plus long terme, nous pourrions imaginer utiliser la musique pour prévenir les maladies cardiovasculaires ou en ralentir, stopper, voire inverser l’évolution », conclut-elle.

Une cardiologue enthousiaste

La Dre Nisha I. Parikh, cardiologue et directrice du programme sur la santé cardiaque des femmes au Northwell Health de New York, non impliquée dans l’étude, a déclaré au journal Epoch Times qu’elle serait plus que ravie de proposer de la musique pour aider ses patients à contrôler leur tension artérielle.
« Je pense que beaucoup d’entre eux accueilleraient très favorablement ce type de traitement non médicamenteux », déclare-t-elle.
Pour une utilisation clinique, elle recommande toutefois un suivi rigoureux de la tension, par exemple à l’aide d’un tensiomètre ambulatoire et d’un carnet de bord, afin de voir si cela permet de réduire les doses de médicaments.
Elle insiste enfin sur la force de l’étude : celle-ci teste des morceaux spécifiques et non la musique en général — des phrases musicales prévisibles, associées à un volume adapté, pourraient constituer une véritable thérapie contre l’hypertension.
« Je serais ravie de pouvoir proposer la musique comme traitement de l’hypertension à mes patients », conclut-elle.