Exclusif
États Unis et Russie discutent de dénucléarisation, affirme Donald Trump
Donald Trump a révélé l’existence d’échanges en cours avec Moscou sur de possibles réductions d’armements nucléaires, tandis que Washington s’apprête à relancer les essais d’armes atomiques.

Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine échangent sur le tarmac à leur arrivée pour un sommet américano russe consacré à l’Ukraine, sur la base commune Elmendorf Richardson, à Anchorage (Alaska), le 15 août 2025.
Photo: SERGEY BOBYLEV/POOL/AFP via Getty Images
Le 30 octobre, le président américain Donald Trump a déclaré que les États‑Unis et la Russie s’étaient engagés dans des discussions sur une désescalade nucléaire, décrivant ces pourparlers comme une composante d’un effort plus large visant à réduire les risques nucléaires à l’échelle mondiale.
S’adressant aux journalistes à bord d’Air Force One, sur le chemin du retour vers Washington après une tournée en Asie, M. Trump s’est vu demander si sa décision d’ordonner la reprise des essais d’armes nucléaires après un moratoire de trois décennies risquait d’alimenter un environnement international plus dangereux.
« Je pense que nous avons bien verrouillé la situation. J’aimerais voir une dénucléarisation, car nous en avons tellement, et la Russie en a aussi, la Russie est deuxième, la Chine troisième, et la Chine rattrapera son retard d’ici quatre ou cinq ans », a-t-il déclaré.
« Je pense que la désescalade — ce qu’ils appelleraient dénucléarisation — serait une chose formidable, et c’est précisément ce dont nous parlons en ce moment avec la Russie ; si nous avançons, la Chine serait associée à cette démarche. »
La Russie dispose d’un arsenal total de 5459 ogives nucléaires, contre 5177 pour les États‑Unis, selon la Federation of Atomic Scientists, ces chiffres incluant les ogives retirées du service.
La Chine suit avec environ 600 ogives, tandis que la France, le Royaume‑Uni, l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord possèdent des stocks plus réduits.
Dans une publication sur Truth Social datée du 29 octobre, M. Trump a écrit : « En raison des programmes d’essais d’autres pays, j’ai chargé le ministère de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires sur une base d’égalité. Ce processus commencera immédiatement. »
Tout essai d’une ogive nucléaire mettrait fin à un moratoire américain de 30 ans, en vigueur depuis le dernier test souterrain de 1992.
La forme que prendrait cette reprise des essais demeure incertaine. M. Trump n’a pas précisé s’ils seraient conduits sous terre, sous l’eau, dans l’atmosphère ou dans l’espace.
Les essais atmosphériques, spatiaux et sous‑marins sont interdits depuis le Traité d’interdiction partielle des essais nucléaires de 1963, même si les tests souterrains ont perduré plusieurs décennies avant d’être interrompus.
New START
Le New Strategic Arms Reduction Treaty (New START) constitue la pierre angulaire du contrôle des armements nucléaires entre Washington et Moscou.
Signé en 2010, le traité limite les armes nucléaires de longue portée déployées et prévoit des inspections réciproques pour en vérifier le respect.
Le traité arrive à expiration en février 2026, faisant craindre qu’en l’absence de renouvellement ou de remplacement, les deux plus grandes puissances nucléaires ne se retrouvent, pour la première fois depuis des décennies, sans contraintes juridiques mutuelles.
Moscou a proposé de prolonger l’accord, une idée que M. Trump a jugée « bonne » plus tôt ce mois‑ci ; le porte‑parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a accueilli favorablement cette réaction, estimant qu’elle « permet un certain optimisme » quant à une extension.
Washington comme Moscou ont exprimé leur intérêt à élargir les discussions à d’autres puissances nucléaires.
Depuis son premier mandat, M. Trump appelle la Chine à rejoindre le processus de maîtrise des armements, avertissant que Pékin accroît rapidement son arsenal ; Moscou estime que les armes du Royaume‑Uni et de la France, alliés des États‑Unis, devront à terme entrer dans le périmètre des discussions.
En septembre, M. Peskov a déclaré à l’agence publique russe TASS que si les pourparlers devaient démarrer de manière bilatérale, il serait à l’avenir impossible d’exclure les arsenaux nucléaires de Londres et Paris.
Nouvelles armes
Le 10 octobre, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que la Russie développait « très activement » et testait de nouvelles armes nucléaires.
Le 22 octobre, il a dirigé un vaste exercice de ses forces nucléaires stratégiques, incluant des tirs d’essai de missiles balistiques intercontinentaux et de missiles de croisière.

Vladimir Poutine a inspecté par visioconférence, depuis Moscou, un exercice de préparation et de commandement des forces nucléaires du pays sur terre, en mer et dans les airs, le 22 octobre 2025. (Courtesy of the Kremlin)
Le 26 octobre, M. Poutine a indiqué que la Russie avait testé son missile de croisière Burevestnik, une arme à propulsion et à capacité nucléaires à la portée dite illimitée, que Moscou affirme capable de déjouer les systèmes antimissiles existants.
Le 29 octobre, le dirigeant russe a annoncé que Moscou avait testé avec succès la super torpille nucléaire Poseidon, qualifiant ce lancement de « formidable succès ».
Selon M. Poutine, l’essai a eu lieu la veille et a démontré des performances supérieures même au missile intercontinental Sarmat, connu en Occident sous le nom de SS‑X‑29 ou « Satan II ».
« Pour la première fois, nous sommes parvenus non seulement à le lancer depuis un sous‑marin porteur grâce à un moteur de lancement, mais aussi à démarrer l’unité de puissance nucléaire, sur laquelle l’engin a fonctionné un certain temps », a expliqué M. Poutine.
« Il n’existe rien de comparable », a‑t‑il ajouté, affirmant qu’il n’y avait aucun moyen d’intercepter le Poseïdon, dont les analystes estiment l’autonomie à environ 10.000 kilomètres et la vitesse à près de 185 km/h.

Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.
Articles actuels de l’auteur









