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En refusant la censure, le PS aurait « empêché » la gauche d’accéder à Matignon, selon Marine Tondelier

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La secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier.

Photo: Crédit photo LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

La cheffe des Écologistes estime que la stratégie trop conciliante des socialistes, après la suspension de la réforme des retraites, a découragé Emmanuel Macron de confier la direction du gouvernement à un représentant de la gauche. 
La gauche s’enlise dans ses divisions, au moment même où elle espérait reprendre la main. Quelques jours après la suspension de la réforme des retraites annoncée par Sébastien Lecornu, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a ouvertement mis en cause l’attitude du Parti socialiste. Selon elle, le positionnement jugé trop accommodant d’Olivier Faure et de ses troupes à l’égard du gouvernement aurait « empêché » la nomination d’un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire (NFP). 

« Ils étaient tellement prêts à faire ça » 

Invitée jeudi matin sur Public Sénat, la responsable écologiste n’a pas mâché ses mots. « Je pense qu’ils étaient tellement prêts à faire ça – et tout le monde le savait tellement – que ça a empêché notre nomination. C’est ça la vérité », a-t-elle déploré.  
Tout est parti de la décision de Sébastien Lecornu, mardi, d’annoncer la suspension de la réforme des retraites – une revendication de longue date du Parti socialiste. Ce geste, censé apaiser la tension sociale, a été interprété comme un signal d’ouverture adressé à Olivier Faure, dont les 68 députés détiennent une position stratégique à l’Assemblée. En renonçant à voter la censure déposée par les Insoumis et soutenue par les écologistes et les communistes, les socialistes ont permis au Premier ministre de conserver son poste. 
« Les macronistes se disaient : ‘Je pense qu’avec les socialistes on pourra s’arranger’ », observe Marine Tondelier, estimant que « dans le rapport de force pour exiger d’être nommé à Matignon, ça a pesé. » 

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« Quand les Français vont voir tout ce qui les attend » 

La cheffe d’Europe Écologie-Les Verts redoute que le PS, en choisissant la voie du compromis, ne se retrouve contraint d’approuver un budget marqué, selon elle, par des reculs sociaux : gel des pensions, baisse des dotations hospitalières, et diminution du montant de certaines prestations. « Quand les Français vont voir tout ce qui les attend dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ça va faire extrêmement mal. Et les premières victimes […] seront les plus précaires », avertit-elle. 
De son côté, Olivier Faure assume pleinement son choix. Interrogé sur BFMTV, le premier secrétaire du PS a justifié la décision de ne pas censurer le gouvernement au nom du réalisme politique. « Quand on fait de la politique, on le fait pour changer la vie des gens », a-t-il déclaré, soulignant que « provoquer une dissolution, ça ne change pas la vie des gens ». Le dirigeant socialiste assure encore ne pas avoir été « acheté ». 

L’union de la gauche, encore un horizon lointain 

Marine Tondelier, qui plaide pour un « rapport de force » de la gauche face à Emmanuel Macron, fustige : « Les gens qui sont en face de nous ne veulent pas nous nommer, ne veulent pas rendre le pouvoir, ne veulent pas que les caps des politiques publiques changent. » 
Reste à savoir si la gauche saura transformer ses désaccords en dynamique commune à l’approche des élections municipales. « Je pense que ce qu’ils font est irresponsable, parce que ça contribue beaucoup à miner le moral de notre propre électorat, dont nous aurons besoin », insiste la cheffe des Écologistes. Et de conclure : « Si on leur dit toute la semaine que l’un est nul, que l’autre est horrible et qu’on réserve nos mots les plus durs à nos partenaires de gauche, alors on participe au problème de notre non-accession au pouvoir. »