Logo Epoch Times

Opinion

plus-icon

En Allemagne, une hausse du prix de l’électricité de 50 % et l’effondrement de la sécurité d’approvisionnement sont à prévoir

top-article-image

Photo: Canva/Montage Epoch Times

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 13 Min.

Dans un article d’invité, l’ancien sénateur de Hambourg pour l’environnement , le Prof. Fritz Vahrenholt, évoque notamment la sécurité d’approvisionnement, la hausse des prix de l’électricité en Allemagne, les conséquences pour l’industrie et les ménages ainsi que l’état et l’évolution de la transition énergétique dans le monde.
L’écart de la température moyenne mondiale par rapport à la moyenne à long terme des mesures satellitaires était de 0,53  °C en septembre. Cette différence est légèrement supérieure à celle observée en juillet et en août, qui affichaient respectivement 0,36  °C et 0,39  °C, les écarts les plus faibles depuis plus de deux ans.
Malgré cette légère hausse, la tendance au refroidissement qui perdure depuis plus d’un an reste intacte. Pour cet hiver, l’Administration nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA) anticipe toujours l’apparition d’une phase froide « La Niña » dans le Pacifique, ce qui entraînera une nouvelle baisse des températures mondiales. J’ai déjà abordé les liens entre les courants marins et les températures dans des publications précédentes.

Les températures de septembre 2025 ont dépassé la moyenne à long terme de +0,53 °C. La tendance à long terme s’établit à +0,16 °C par décennie. (Dr Roy Spencer, Université de l’Alabama, Huntsville)

La sécurité d’approvisionnement électrique de l’Allemagne ne sera plus garantie à l’avenir

À chaque nouveau parc éolien ou nouvelle installation solaire, la sécurité d’approvisionnement se fragilise tant que les centrales fiables et réglables continuent d’être fermées. L’Agence fédérale allemande des réseaux (Bundesnetzagentur) estime que d’ici 2031 toutes les centrales à charbon et lignite seront retirées du réseau. Alors, pendant les périodes de calme éolien – qui représentent un tiers des heures annuelles – et en l’absence d’ensoleillement en hiver, l’alimentation électrique de l’Allemagne ne sera plus assurée.
Comme le gouvernement persiste à pousser sans frein le développement des énergies renouvelables et à imposer aux centrales à charbon des coûts croissants via le prix du CO₂, un effondrement de la sécurité d’approvisionnement en Allemagne serait inévitable d’ici 2030.
Jusqu’alors, l’Agence fédérale des réseaux prévoit des prix de 120 euros la tonne de CO₂. À ce moment‑là, les exploitants de centrales à charbon ne pourront plus exploiter leurs installations de façon rentable. Même l’agence dirigée par Klaus Müller (Verts) indique dans son rapport sur la sécurité d’approvisionnement :
„« La sécurité de l’approvisionnement en Allemagne est garantie uniquement si, d’ici 2035, des capacités réglables supplémentaires de 22.400 MW (scénario cible) à 35.500 MW (transition énergétique retardée) sont construites. »
En d’autres termes : sans nouvelles centrales fiables, rien n’y fera. Des centrales à gaz coûteuses pour l’Allemagne aux dépens d’autres ? D’ici 2030 il manquera déjà 17.000 à 21.000 MW, soit l’équivalent de 40 centrales à gaz. D’ici 2035, il en faudrait au moins 70.
Ces centrales à gaz ne pourront toutefois pas être construites dans les cinq prochaines années.
Il n’existe mondialement que trois fabricants majeurs de turbines à gaz : Siemens Energy (24 % de part de marché), GE Vernova (25 %) et Mitsubishi (22 %), qui détiennent ensemble plus de 70 % du marché. Tous ont des commandes complètes jusqu’en 2030. Ainsi, les 70 centrales allemandes prévues ne figurent même pas encore dans leurs programmes de production.

Deux causes principales de cette dynamique explosive

États‑Unis – D’ici 2028, environ 50 centrales à gaz seront construites pour répondre à la demande massive des nouveaux centres de données.
Pays en développement – La demande de centrales à gaz y augmente afin de satisfaire leurs besoins énergétiques. Le Vietnam, par exemple, prévoit 22 centrales à gaz d’une capacité totale de 22.000 MW d’ici 2030.
Le prix des turbines à gaz a triplé. L’Allemagne pourrait donc se tourner vers des turbines provenant de pays en développement, mais cela signifierait que le Vietnam, l’Indonésie ou le Pakistan reviendraient au charbon. Au final, remplacer le charbon par le gaz n’apporterait aucune réduction des émissions mondiales, surtout si l’Allemagne finance ces turbines à des coûts élevés. Mais qui s’attend réellement à une politique énergétique réaliste et réfléchie en Allemagne ?
Alors que d’autres nations utilisent les centrales à gaz pour soutenir leur croissance économique, le gouvernement allemand veut uniquement garantir la transition énergétique, une voie erronée, à des coûts astronomiques.
Pour financer cela, le ministre Merz envisage, selon la proposition de l’ancien ministre Habeck, d’instaurer une surtaxe sur l’électricité allant jusqu’à 2 centimes / kWh. Pour un foyer de deux personnes, cela représente 80 euros par an ; pour l’industrie manufacturière, c’est un désavantage supplémentaire dans la concurrence mondiale.

Double fardeau pour l’industrie allemande

Le rapport récent de l’Agence fédérale des réseaux indique déjà que l’industrie devra combler les lacunes de la politique énergétique en produisant autant que possible lorsque le soleil brille et que le vent souffle.
Peut‑être pensait‑on que ce plan absurde serait abandonné avec le départ des Verts du cabinet fédéral, mais les « marionnettistes verts » des hautes autorités, dont Klaus Müller à la tête de l’Agence, maintiennent le cap.
Dans le résumé du rapport, il est précisé que la sécurité d’approvisionnement ne pourra être atteinte que si la demande d’électricité devient flexible. Sans flexibilité, le besoin en capacités réglables supplémentaires, comme des centrales, augmentera davantage.
Parallèlement, sous le projet AgNES (procédure de consultation pour fixer les tarifs généraux du réseau), M. Müller et l’Agence poursuivent leur objectif de pénaliser les 560 entreprises allemandes qui fonctionnent 24 h / 24 et 7 j / 7 à pleine capacité, tout en favorisant celles qui adaptent leur production aux conditions météorologiques.
Ces entreprises – chimie, métallurgie, papeterie, verrerie, agroalimentaire – bénéficiaient jusqu’ici d’un « rabais de charge de base », soit 1,42 milliard d’euros, crucial pour l’industrie de base. Ce rabais doit disparaître alors que les coûts du réseau, liés à l’expansion nécessaire à la transition énergétique, vont grimper : +7 ct / kWh pour l’industrie et jusqu’à +20 ct / kWh pour les ménages.
Ces chiffres proviennent d’une étude récente de l’Institut d’économie de l’énergie de l’Université de Cologne. Ils indiquent que le reste de l’industrie serait détruit et que les foyers seraient soumis à une hausse de tarif de plus de 50 %.

Protection de l’environnement uniquement quand le soleil et le vent soufflent ?

Des secteurs comme la production de cuivre, de verre ou les data‑centers ne peuvent fonctionner en mode intermittent. Dans l’industrie métallurgique, un tiers de l’électricité sert aux installations de protection environnementale (filtration des gaz, traitement des eaux). Doit‑on couper les filtres électriques quand le soleil ne brille pas ?
L’Agence fédérale des réseaux reconnaît désormais la faiblesse de sa planification et propose que les industriels installent des batteries pour lisser les fluctuations du réseau. Autrement dit, parce que la politique a permis la mise hors service des centrales fiables et que les éoliennes et panneaux solaires, exonérés de frais de financement du réseau, ne fournissent qu’une énergie intermittente, les usines doivent investir des centaines de millions d’euros dans des batteries afin d’assurer leur propre alimentation fiable ?
Comme le disait le directeur de Kali & Salt lors d’une interview : « Sur les marchés financiers, on nous demande parfois si nous sommes fous de produire en Allemagne. Cette folie, c’est la politique énergétique allemande. » L’Agence fédérale des réseaux dépend du ministère fédéral de l’Économie.
Combien de temps la ministre de l’Économie, Katharina Reiche, est‑elle prête à laisser M. Müller enfoncer encore davantage le clou dans le cercueil de l’industrie allemande ? Combien de temps le chancelier restera‑t‑il les yeux fermés pendant que, sous son mandat, l’industrie allemande est sacrifiée sur l’autel vert de la transition énergétique ?

Dix ans après l’accord de Paris , la consommation mondiale de charbon, de pétrole et de gaz en hausse incontrôlée

Juste avant la conférence climatique au Brésil, le Stockholm Environment Institute publie un bilan décourageant : hormis l’Allemagne et l’Europe, quasiment aucun pays ne respecte ses engagements pris dans l’accord de Paris. Sur les 195 États signataires, seuls 15 avaient soumis leur rapport à la date fixée du 10 février 2025. Après un délai supplémentaire en septembre, ce chiffre n’était plus que 70.
L’essentiel des nations continue d’augmenter leur utilisation de charbon, de pétrole et de gaz. D’ici 2030, les rapports prévoient une hausse mondiale de 30 % du charbon, de 25 % du pétrole et de 40 % du gaz par rapport à 2015.

La production de charbon continuera d’augmenter, du moins à court terme, et la production de pétrole et de gaz continuera d’augmenter à long terme. (Fritz Vahrenholt, d’après l’Institut de l’environnement de Stockholm)

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) espérait réduire les émissions mondiales de CO₂ de 45 % d’ici 2030 par rapport à 2010. Aujourd’hui, elles continuent d’augmenter. Les données ne tiennent pas compte du retrait des États‑Unis de l’accord de Paris.
L’Inde, quant à elle, devrait augmenter ses émissions de CO₂ de 25 % dans la décennie à venir, 70 % de son électricité étant produite à partir du charbon. La Chine verra également ses émissions croître ; son nouveau plan quinquennal prévoit plusieurs centaines de nouvelles centrales à charbon.

Émissions mondiales de CO₂ qui continueront d’augmenter, surtout avec l’Inde et la Chine, qui émettent bien plus que ce que l’Allemagne pourrait jamais compenser. (Fritz Vahrenholt d’après l’Institut de l’Environnement de Stockholm

Deux remarques concernant le graphique :
J’ai ajouté les émissions allemandes aux données du Stockholm Institute.
La courbe de 1,5 °C du GIEC repose sur des modèles climatiques qui supposent à tort que le réchauffement des 150 dernières années provient à 100 % de l’augmentation du CO₂ atmosphérique.
Pour les vingt dernières années, l’effet de serre du CO₂ n’a contribué qu’à 20 % du réchauffement ; 80 % proviennent de l’augmentation directe de l’ensoleillement due à la diminution de la couverture nuageuse. Ainsi, les courbes du GIEC doivent être examinées avec la plus grande prudence.
En résumé : selon les plans des 195 pays, le monde consommera en 2050 environ 30 % de pétrole et 60 % de gaz de plus qu’aujourd’hui, tout en réduisant le charbon de seulement 25 % par rapport à 2020.
La politique énergétique allemande ne changera rien à cette trajectoire. Seul le niveau de vie des citoyens allemands évoluera.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Le professeur Fritz Vahrenholt est titulaire d'un doctorat en chimie et membre du SPD (Parti social-démocrate). Depuis 1976, il travaille à l'Agence fédérale allemande de l'environnement, comme conseiller d'État à l'Autorité environnementale et sénateur de l'environnement à Hambourg. Il a été membre du directoire en charge des énergies renouvelables chez Deutsche Shell AG et fondateur et PDG du fabricant d'éoliennes REpower Systems. Depuis 1999, il est professeur honoraire au département de chimie de l'Université de Hambourg. Il est gestionnaire, scientifique, auteur et homme politique.

Articles actuels de l’auteur