Donald Trump signe un décret déclarant Antifa comme une organisation terroriste nationale

Le président Donald Trump quitte la Maison-Blanche le 22 septembre 2025.
Photo: Andrew Harnik/Getty Images
Le 22 septembre, le président Donald Trump a signé un décret déclarant Antifa organisation terroriste nationale.
Dans ce décret présidentiel, Donald Trump décrit Antifa comme une « entreprise militariste, anarchiste, qui appelle explicitement au renversement du gouvernement des États-Unis, des autorités policières et de notre système juridique ».
Dans un partage du décret sur X, Stephen Miller, directeur adjoint de cabinet pour la politique à la Maison-Blanche, a assuré que l’administration « démantèlera Antifa ».
Le président a déclaré que ce groupe peu structuré « utilise des moyens illégaux pour organiser et mener une campagne de violence et de terrorisme à l’échelle nationale », notamment « des efforts coordonnés visant à entraver l’application des lois fédérales par des affrontements armés avec les forces de l’ordre, des émeutes organisées, des agressions violentes contre les agents des services de l’immigration et des douanes et d’autres agents des forces de l’ordre, ainsi que la divulgation systématique d’informations personnelles et d’autres menaces à l’encontre de personnalités politiques et de militants ».
La décision de déclarer le groupe comme organisation terroriste est liée au « schéma susmentionné de violence politique visant à réprimer toute activité politique légitime et à entraver l’état de droit ».
Donald Trump a par ailleurs ordonné aux responsables de l’administration « d’enquêter, de perturber et de démanteler toute opération illégale – particulièrement celles comportant des actes terroristes – menée par Antifa ou toute personne agissant en son nom ».
Cela inclut « les mesures d’enquête et de poursuites nécessaires contre ceux qui financent de telles opérations », écrit Donald Trump.
Qu’est-ce qu’Antifa ?
Antifa, abréviation de « antifasciste », a été impliquée dans de nombreux épisodes violents lors de manifestations ou d’émeutes au cours des dix dernières années. Ses partisans épousent en général des vues politiques extrêmes, notamment communistes ou anarchistes.
Les membres et sympathisants du groupe sont en général organisés de façon décentralisée, et privilégient souvent « l’action directe » à l’engagement politique classique.
Bien que le groupe ne dispose pas de véritable structure de direction, ses membres se reconnaissent souvent à la dissimulation de leur identité (masques, vêtements sombres).
À plusieurs reprises, ses membres ont pris part à des violences lors de manifestations, comme lors des troubles qui ont suivi la mort de George Floyd à l’été 2020.
Dans son décret, Donald Trump accuse le groupe de recruter, d’entraîner et de radicaliser des jeunes Américains « pour participer à ces violences et à la répression d’activités politiques, puis d’employer des moyens sophistiqués pour cacher l’identité de ses membres, dissimuler ses sources de financement et enrôler de nouveaux membres afin de compliquer la tâche des forces de l’ordre ».
Lors de certaines émeutes en présence d’Antifa, des personnes soupçonnées d’en faire partie ont été impliquées dans des affrontements violents avec la police, incluant des jets de briques, de cocktails Molotov et autres actes criminels.
« Les individus associés à Antifa et agissant en son nom coordonnent davantage leurs actions avec d’autres organisations et entités dans le but de propager, d’attiser et de promouvoir la violence politique et de réprimer le discours politique légitime. Cet effort organisé visant à atteindre des objectifs politiques par la coercition et l’intimidation relève du terrorisme intérieur », a écrit Donald Trump.
Réactions politiques
Les Démocrates n’ont pas réagi immédiatement à cette décision, tandis que les Républicains l’ont saluée.
« Le président @realDonaldTrump a eu raison de désigner ce groupe d’extrême gauche comme organisation terroriste ! » a écrit le représentant Lance Gooden (républicain du Texas) dans un message publié sur X, accompagné d’une vidéo montrant des manifestants brandissant des drapeaux d’Antifa et scandant « No border, no wall, no USA at all » (« Pas de frontière, pas de mur, pas d’États-Unis du tout », ndlr).
Le représentant Eli Crane (républicain d’Arizona) a simplement commenté « Bien » en partageant la déclaration de la Maison-Blanche.
Donald Trump avait déjà laissé entendre cette mesure la semaine précédente, dans le sillage de l’assassinat le 10 septembre du commentateur conservateur Charlie Kirk. Selon les enquêteurs, le suspect aurait gravé des messages antifascistes sur les balles retrouvées.
Lors d’un échange avec la presse dans le Bureau ovale, Donald Trump a précisé qu’il poursuivrait ce classement en terrorisme intérieur si cette option recevait l’aval de la ministre de la Justice Pam Bondi et du reste du cabinet.
« C’est quelque chose que je ferais, oui », a-t-il assuré. « Je le ferais à 100 %. Antifa est terrible. »
Certains élus républicains réclamaient depuis plusieurs jours que Donald Trump concrétise ses propos.
« Tous ceux qui les financent et les soutiennent doivent rendre des comptes », a écrit le représentant Andy Ogles (Républicain du Tennessee) dans un message publié sur X. « Ce sont des terroristes nationaux, et ils doivent être punis. »
Enjeux juridiques
Si de nombreux élus et influenceurs conservateurs ont salué la mesure, le décret risque néanmoins de rencontrer une contestation devant les tribunaux fédéraux.
En tant qu’entité intérieure, Antifa n’est pas éligible à une inscription sur la liste du Département d’État des organisations terroristes étrangères, qui comprend des groupes comme l’organisation djihadiste Daech ou al-Qaida, responsable des attentats du 11 septembre 2001.
Malgré des appels récurrents à la création d’un équivalent national pour le classement des organisations terroristes – en particulier à la suite de fusillades de masse commises par des extrémistes politiques –, ces initiatives ont buté sur la protection du Premier amendement.
Les garanties constitutionnelles du Premier amendement ont en effet largement limité la capacité de l’État fédéral à restreindre les activités mêmes de groupes extrémistes. C’est ce qui explique que le Parti nazi américain, le Ku Klux Klan ou le Parti communiste américain soient autorisés à opérer aux États-Unis, en dépit de l’opprobre public dont ils font l’objet.
Le droit fédéral vise en général les infractions précises commises par tel ou tel groupe. Par exemple, en 1870 et 1871, l’État a voté des lois ciblant les délits racistes les plus courants perpétrés par le Ku Klux Klan, sans pour autant interdire l’appartenance à l’organisation.
C’est la seconde fois que Donald Trump engage une telle démarche de désignation d’Antifa comme menace terroriste.
Après les manifestations et émeutes Black Lives Matter de 2020 – auxquelles ont participé des sympathisants d’Antifa – Donald Trump avait déjà promis que le gouvernement fédéral « allait désigner ANTIFA comme organisation terroriste ».
En 2021, quelques jours avant la fin de son premier mandat, Donald Trump avait signé un mémorandum ordonnant l’interdiction d’entrée sur le sol américain pour les ressortissants étrangers affiliés au groupe.
Jack Phillips a contribué à la rédaction de cet article.
Avec l’Associated Press

Joseph Lord est journaliste pour Epoch Times, il couvre le Congrès américain.
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