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Des sociétés écrans de Hong Kong acheminent des technologies canadiennes vers l’armée russe
Des millions de dollars de technologies canadiennes ont été acheminés vers l’armée russe par l’intermédiaire d’un réseau de sociétés écrans basées à Hong Kong, contournant ainsi les sanctions, selon un nouveau rapport publié par deux organisations de défense des droits humains.

Un homme s'incline devant une installation lumineuse commémorant le 28e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, à Hong Kong, le 1er juillet 2025.
Photo: Kiri Choi/Epoch Times
Hong Kong est devenu le principal centre mondial de transbordement de technologies occidentales stratégiques destinées à Moscou et à d’autres gouvernements hostiles. La technologie canadienne parvient à la machine de guerre russe, qui mène la guerre contre l’Ukraine, par le biais de chaînes d’approvisionnement de Hong Kong placées sous l’autorité de Pékin, indique le récent rapport publié par la Committee for Freedom in Hong Kong (CFHK) Foundation et le Raoul Wallenberg Centre for Human Rights.
Le rapport, intitulé Backdoor to the Battlefield: How Hong Kong Funnels Canadian Technology into Russia’s War Machine (Accès détourné au champ de bataille : comment Hong Kong alimente la machine de guerre russe en technologies canadiennes), résulte d’une enquête ayant analysé des informations recueillies sur le champ de bataille, des registres publics de Hong Kong et trois années de données douanières russes.
« La technologie canadienne est apparue à plusieurs reprises dans des armes russes récupérées sur le champ de bataille ukrainien, et ses chaînes d’approvisionnement passent par Hong Kong », indique le rapport. « Notre analyse a révélé que ces composants retrouvés sur le champ de bataille faisaient partie de flux beaucoup plus importants de produits canadiens à destination de la Russie. »
Le rapport précise qu’il existe « peu de preuves » montrant que les entreprises canadiennes dont la technologie a servi à alimenter la guerre menée par la Russie aient agi sciemment dans le cadre de ce système de transbordement.
Le document s’appuie sur une enquête précédente menée par la CFHK et publiée en juillet 2024, portant sur le rôle de Hong Kong dans l’évasion des sanctions internationales. Cette enquête avait révélé que des entreprises basées dans le territoire avaient expédié « des milliards de dollars de technologies soumises aux sanctions » vers la Russie depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022. Selon le rapport, la décision de Hong Kong de ne pas appliquer les sanctions internationales contre la Russie « a donné carte blanche aux opérateurs illicites pour s’installer dans la ville ».
Le gouvernement ukrainien a déjà exhorté Hong Kong à prendre des mesures afin d’empêcher la Russie de l’utiliser pour contourner les sanctions occidentales. De son côté, le gouvernement de Hong Kong a déclaré qu’il n’appliquait pas les sanctions unilatérales imposées par d’autres pays, mais qu’il faisait respecter celles édictées par le Conseil de sécurité des Nations unies, conformément aux instructions du ministère chinois des Affaires étrangères.
Ces dernières années, Hong Kong est passé sous le contrôle croissant du Parti communiste chinois, bien qu’il ait été initialement censé conserver une certaine autonomie après sa rétrocession par le Royaume-Uni en 1997.
Le rapport du 28 octobre indique, sur la base des registres douaniers russes, qu’il a identifié 153 envois de technologies originaires du Canada et transitant par Hong Kong, d’une valeur totale de 2,55 millions de dollars américains.
Le document affirme que le problème provient du fait que les sanctions canadiennes et leur application n’ont pas réussi à suivre l’évolution de la menace représentée par les expéditions atteignant la Russie via Hong Kong.
Il soutient qu’en comparaison avec ses alliés du G7, le Canada n’a pas accordé autant d’attention à la lutte contre les mécanismes d’approvisionnement passant par des pays tiers servant de pôles d’évasion, comme Hong Kong. Ottawa n’a pas encore soumis aux sanctions les négociants hongkongais ni les intermédiaires liés à la Russie déjà visés par les États-Unis et l’Union européenne.
Le rapport souligne également que le processus canadien de désignation des sanctions rend les réponses rapides « difficiles », car il exige plusieurs étapes d’approbation qui peuvent laisser aux opérateurs le temps de créer une nouvelle société écran et de reprendre leurs activités. En outre, les exportateurs subissent « peu de pression » pour vérifier l’usage de leurs produits une fois qu’ils quittent le Canada, tandis que les responsables frontaliers canadiens disposent de « peu d’autorité » pour suivre les produits au-delà de la frontière.
En août 2024, le Canada a imposé aux banques l’obligation de signaler tout soupçon d’évasion des sanctions au Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), l’agence nationale de renseignement financier et de lutte contre le blanchiment d’argent. Ottawa a également annoncé, plus tôt cette année, sa première arrestation en vertu des règlements sur les sanctions liées à la Russie.
Le rapport présente plusieurs recommandations à l’intention d’Ottawa afin de s’assurer que les produits canadiens ne contribuent pas à la guerre menée par la Russie.
Parmi ces recommandations figurent la désignation de Hong Kong comme « juridiction à haut risque », l’exigence d’une diligence accrue et d’un renforcement des obligations de déclaration des transactions par les institutions financières, ainsi que des efforts visant à tenir pour responsables les fabricants canadiens impliqués dans l’évasion des sanctions.
« Alors que les dynamiques mondiales évoluent, il est temps pour le Canada de prendre ses responsabilités et de jouer un rôle de premier plan », conclut Samuel Bickett, l’auteur du rapport.

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