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De nouveaux pays membres de l’UE d’ici 2030 : un objectif réaliste, selon la cheffe de la diplomatie européenne

Dans son rapport sur l’Ukraine, l’Union européenne salue « la résilience remarquable et l’engagement fort de Kiev sur la voie européenne ».

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La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, lors d’une conférence de presse au Forum de Copenhague, au Danemark, le 30 août 2025.

Photo: Emil Helms/Ritzau Scanpix/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

La Commission européenne a affirmé, le 4 novembre, que l’Union européenne pourrait accueillir de nouveaux États membres dès 2030, saluant notamment l’Ukraine et le Monténégro pour les réformes engagées dans le cadre du processus d’adhésion.
L’UE, union politico-économique regroupant actuellement 27 pays européens, a accueilli la Croatie, dernier membre en date, en 2013. Le Royaume-Uni, lui, a quitté l’Union en février 2020, à la suite du référendum de 2016 actant la sortie du pays.
La Commission, organe exécutif du bloc, vient de publier son rapport annuel 2025 sur l’élargissement, détaillant l’état d’avancement des pays candidats à l’adhésion.
Sur la voie de l’adhésion, on retrouve l’Albanie, la Bosnie‑Herzégovine, la Géorgie, le Kosovo, la Moldavie, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Serbie, la Turquie et l’Ukraine.
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, a décrit l’adhésion comme un processus exigeant l’alignement des candidats sur les politiques étrangères et de sécurité du bloc, le soutien à la liberté de la presse, la lutte contre la corruption et la consolidation de l’État de droit.
« L’adhésion à l’UE demeure un processus équitable, exigeant et fondé sur le mérite. Mais voir de nouveaux pays rejoindre l’UE d’ici 2030 est un objectif réaliste », a déclaré Mme Kallas le 4 novembre. « L’élargissement de l’UE est dans notre meilleur intérêt. Il représente un investissement à long terme dans notre sécurité, notre économie et notre influence mondiale. L’Europe peut ainsi accroître sa puissance géopolitique. »

L’Ukraine sous pression sur la corruption

Le rapport 2025 de l’UE sur l’élargissement fournit un état d’avancement et des notes sur les progrès réalisés par les différents pays candidats, ainsi que des rapports individuels.
Kaja Kallas a indiqué que les « notes étaient globalement positives » pour l’Albanie, la Moldavie, le Monténégro et l’Ukraine, « mitigées » pour la Bosnie‑Herzégovine, le Kosovo, la Macédoine du Nord, la Serbie et la Turquie, et « négatives » pour la Géorgie.
Dans le rapport individuel de l’Ukraine, la Commission souligne la « résilience remarquable et l’engagement fort de Kiev sur la voie européenne malgré l’aggravation de l’offensive russe ».
Dans ses principales conclusions, l’exécutif européen salue les avancées notables réalisées par l’Ukraine sur des réformes clés, notamment l’adoption de feuilles de route sur l’État de droit, l’administration publique et le fonctionnement des institutions démocratiques, ainsi qu’un plan d’action en faveur des minorités nationales, jugés positivement par la Commission.
Elle pointe néanmoins la nécessité pour l’Ukraine d’intensifier la lutte contre la corruption. Le rapport évoque l’adoption, en juillet, d’une loi controversée supprimant d’« importantes garanties pour l’indépendance » des institutions anticorruption du pays.
« Ces amendements auraient gravement affaibli le dispositif ukrainien de lutte contre la corruption », regrette la Commission.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le 24 septembre 2025. (Spencer Platt/Getty Images)

À la suite des inquiétudes exprimées par l’UE et face à la mobilisation nationale, l’indépendance des institutions a été rétablie peu de temps après.
« L’Ukraine doit consolider son dispositif de lutte contre la corruption et éviter tout recul au regard des avancées déjà réalisées », ajoute la Commission dans son rapport.
Le président Volodymyr Zelensky a, pour sa part, estimé, le 4 novembre sur X, que le rapport 2025 de la Commission constituait « la meilleure évaluation à ce jour », preuve que Kiev était « engagée à réformer et à se transformer selon les standards européens ».
« Nous sommes déterminés à renforcer l’Europe et nos valeurs communes », a‑t‑il ajouté.

« Un pays candidat de nom uniquement »

La Géorgie est le seul pays dont les progrès ont été jugés négatifs.
Le résumé précise qu’en 2024, le Conseil européen avait conclu que le processus d’adhésion de la Géorgie était « de facto suspendu ». Depuis lors, la situation « s’est nettement détériorée, marquée par un net recul démocratique, une érosion accélérée de l’État de droit et des atteintes graves aux droits fondamentaux ».
« La Géorgie n’a actuellement aucune perspective d’adhésion à moins d’un changement radical. Elle reste aujourd’hui un pays candidat de nom uniquement », a déclaré Kaja Kallas.

Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze (à g.) et le Premier ministre hongrois Viktor Orban (à d.) lors d’une cérémonie officielle à Tbilissi, le 29 octobre 2024. (Vano Shilmov/AFP via Getty Images)

L’UE a multiplié les critiques contre la Géorgie au cours de l’année écoulée. L’an dernier, le Parlement européen avait adopté une résolution considérant que les élections législatives d’octobre 2024 n’étaient ni libres ni équitables.
Le 28 novembre, le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze a annoncé la suspension des discussions sur l’adhésion à l’UE pour une durée de quatre ans, déclenchant une vague de manifestations dans le pays.
En réponse aux critiques de la Commission européenne, le ministère géorgien des Affaires étrangères a affirmé, le 4 novembre, que le rapport de l’UE était partial.
« Il est préoccupant que le rapport sur l’élargissement serve à formuler des évaluations négatives infondées sur la Géorgie et à alimenter des spéculations politiques. Nous condamnons toute tentative visant à instrumentaliser la question de l’adhésion pour des motifs politiques, au détriment des relations entre l’UE et la Géorgie », a-t-il insisté.
Le ministère a ajouté que Tbilissi demeurait pleinement attachée à l’accord d’association signé avec l’Union, et poursuivrait son objectif de « rapprocher davantage le pays des normes européennes ».