Chute historique des profits de l’industrie automobile de 49 % au premier semestre de l’année - le secteur en crise

Des employés travaillent sur une chaîne de montage au site de fabrication Ampere ElectriCity Renault Group à Douai, le 5 mars 2025.
Photo: FRANCOIS LO PRESTI/AFP via Getty Images
La filière automobile est en crise. Au premier semestre, les bénéfices des plus grands constructeurs mondiaux ont été réduits de moitié. Au deuxième trimestre, la baisse des profits « s’est même accélérée », indique le cabinet de conseil EY.
Bouleversements géopolitiques, faible demande pour les véhicules électriques — et acquis du passé devenus désormais un « fardeau » : l’industrie automobile mondiale continue de faire face à des défis massifs, selon le cabinet de conseil EY.
Au deuxième trimestre, la chute des bénéfices des plus grands groupes automobiles mondiaux « s’est même accélérée », a rapporté EY dimanche. Seuls les constructeurs chinois ont affiché une évolution plus favorable.
Effondrement des bénéfices de 55 % au 2e trimestre 2025
Les 19 plus grands groupes automobiles mondiaux ont enregistré au deuxième trimestre un effondrement des bénéfices de 55 %, a indiqué EY, s’appuyant sur une analyse des indicateurs financiers des entreprises. Sur l’ensemble du premier semestre, leurs bénéfices ont ainsi diminué de 49 %.
Les baisses ont été particulièrement marquées chez Renault, Nissan, la maison mère d’Opel Stellantis et Mazda, qui ont enregistré des pertes au premier semestre. Les groupes automobiles allemands ont enregistré, selon EY, une baisse globale des bénéfices de 38 %, tandis que le recul atteignait 43 % chez les constructeurs américains.
Les constructeurs chinois se sont, en revanche, « globalement légèrement améliorés » : Geely, Great Wall Motor et BYD ont, selon l’étude, augmenté leurs bénéfices au premier semestre d’environ 1 %.
Sur le plan du chiffre d’affaires également, les groupes chinois devancent EY avec une hausse de 20 % du chiffre d’affaires, « bien que sur des volumes encore modestes ».
Les groupes allemands ont connu une baisse de chiffre d’affaires de 4 %, les américains une contraction de 2 %, tandis que Stellantis et Renault ont enregistré une baisse combinée de 9 %.
Suzuki devant Kia, Toyota et BMW
Les marges — c’est‑à‑dire, en termes simples, le bénéfice restant une fois les coûts déduits du chiffre d’affaires — sont également malmenées : sept des fabricants étudiés affichaient au deuxième trimestre une marge inférieure à 3 %, et quatre présentaient « même une marge opérationnelle négative ».
Les plus rentables au premier semestre étaient le japonais Suzuki avec une marge de 10,4 %, le sud‑coréen Kia (10,1 %) et Toyota (9,3 %) ; BMW se classe quatrième avec une marge de 8,6 %.
« L’industrie automobile occidentale établie est plongée dans une crise profonde et structurelle », a déclaré Constantin Gall, expert marché automobile chez EY. « Les bénéfices s’effondrent, les conflits armés mondiaux, une conjoncture faible en Europe et des droits de douane élevés entraînent des pertes de milliards », a‑t‑il ajouté. « De plus, les véhicules électriques se vendent nettement moins bien que prévu et sur des marchés-clés règne une concurrence ruineuse sur les prix. »
Coûts administratifs élevés et structures trop lourdes
La plupart des groupes occidentaux sont également confrontés « à des coûts administratifs élevés et à leur propre structure historique – ce qui était autrefois la garantie du succès est aujourd’hui un fardeau », a poursuivi M. Gall.
Il a cité en exemple des processus de recherche et développement « complexes et coûteux » ainsi que des « paysages de production globaux et interconnectés » qui, à la lumière des nouvelles tensions géopolitiques, deviennent problématiques.
À l’inverse, la dernière génération de constructeurs automobiles chinois, en particulier, peut agir beaucoup plus rapidement : « Ils construisent des usines hautement automatisées en un temps record et développent, grâce à des processus de R&D entièrement numérisés, quelques modèles seulement — beaucoup plus rapidement et à moindre coût que leurs concurrents occidentaux ne pourraient jamais le faire. »
Avec AFP/ks





