Opinion
Ces 10 principes de vie oubliés qui façonnent notre bonheur depuis l’Antiquité

Socrate, par l’artiste belge Louis Joseph Lebrun, 1867.
Photo: Sotheby's Auction House via Wikimedia Commons, domaine public
Commentaire
Lors d’une interview il y a plusieurs années, on a demandé à Warren Buffett quelles étaient, selon lui, les clés d’une vie réussie.
« Il faut trouver sa passion », a-t-il répondu. « J’ai eu beaucoup de chance de trouver la mienne à l’âge de sept ou huit ans. »
Trouver de la joie dans le travail est le fil conducteur du livre de Warren Buffett paru en 2012, Tap Dancing to Work. Le « sage d’Omaha » y partage un conseil qui fait écho à celui d’un autre grand homme : Marc Aurèle. Dans ses Pensées pour moi-même, l’empereur romain souligne que l’enthousiasme dans les tâches quotidiennes est essentiel.
« Concentre-toi à chaque instant… à accomplir ce que tu as devant toi avec sérieux et sincérité », écrit-il. « Fais tout comme si c’était la dernière chose que tu faisais de ta vie. »
À Noël dernier, j’ai offert à ma nièce et à mes neveux des exemplaires des Pensées de Marc Aurèle, car ce recueil renferme une sagesse qu’ils ne recevront peut-être pas à l’université. (L’idée m’est venue d’un parent qui m’avait offert ce livre quand j’étais étudiant.) Voici neuf autres principes de vie issus des Anciens qui demeurent, aujourd’hui encore, d’une étonnante pertinence.
Pratiquer la gratitude
La Bible évoque la gratitude à 157 reprises – et ce n’est pas un hasard. L’orateur et homme d’État romain, Marcus Tullius Cicéron, la qualifiait de « plus grande des vertus, et de mère de toutes les autres ».
Pourtant, les Écritures reconnaissent que la gratitude n’est pas une disposition naturelle de l’être humain – même chez ceux qui ont été comblés. Mais ses bienfaits sont pourtant indéniables. Une étude menée par Harvard en 2024 a mis en lumière que la gratitude améliore non seulement la santé mentale et le bien-être, mais contribue aussi à une espérance de vie plus longue.
« Même lors des journées sombres où tout semble difficile, faire cet effort en vaut la peine », souligne Tyler VanderWeele, de la Harvard T.H. Chan School of Public Health.
Cueille le jour présent !
Tous ceux qui ont vu le film Le Cercle des poètes disparus se souviennent sans doute de la fameuse injonction carpe diem, une expression latine signifiant « cueille le jour présent ». Le poète anglais Robert Herrick (1591–1674) nous le rappelle : « La fleur qui sourit aujourd’hui sera fanée demain. »
Dans notre monde moderne fait de confort et de distractions, il est facile d’oublier à quel point le temps est fugitif. Dans ses écrits quotidiens, Marc Aurèle se rappelait sans cesse que chaque instant comptait. « Ne te comporte pas comme si tu devais vivre dix mille ans », écrivait-il. « La mort plane au-dessus de toi. »
Le message du carpe diem est limpide : saisissez les occasions quand elles se présentent et ne remettez pas à demain ce que vous pouvez faire aujourd’hui, car la vie est courte. Cela semble simple, mais ça ne l’est pas – surtout à l’ère du numérique. Alors, posez votre téléphone. Cueillez le jour. Vous ne le regretterez pas.
Résister à l’envie
Dans Les Contes de Canterbury, le pasteur de Geoffrey Chaucer qualifie l’envie de pire des péchés car elle « s’attriste de toutes les bénédictions de son prochain ». Les penseurs chrétiens comme C.S. Lewis et Dante partageaient cette idée, tout comme Marc Aurèle, qui voyait dans l’envie une aberration. « Pourquoi devrais-je être troublé par le succès d’un autre ? », s’interrogeait-il.
Hélas, l’envie semble aujourd’hui plus présente que jamais. De nombreux chercheurs estiment qu’elle est à l’origine d’une multitude de maux contemporains. Une foule d’études démontrent également que l’envie nuit gravement à la santé mentale. Sénèque, il y a plus de deux mille ans, notait que ce n’est pas le manque qui nous rend malheureux, mais le désir de ce que nous n’avons pas. Résistez à cette impulsion.
Faites ce que vous dites que vous ferez
Qu’il s’agisse de PDG de grandes entreprises ou de propriétaires de petites sociétés, tous vous diront la même chose : il est difficile de trouver des personnes fiables. Les études montrent qu’un pourcentage stupéfiant de candidats ne se présentent même pas aux entretiens d’embauche – alors imaginer qu’ils puissent être ponctuels et impliqués au travail relève parfois du miracle.
On dit souvent que la moitié du succès dans la vie consiste simplement à « se présenter », autrement dit : être fiable. Si vous affirmez que vous allez faire quelque chose, faites-le. Les gens le remarqueront. « Rien ne sied mieux à un homme, disait Cicéron, que de tenir sa parole, de rester fidèle à ses engagements. »
En honorant vos promesses, vous ne gagnerez pas seulement en crédibilité auprès des autres. Vous grandirez aussi en tant que personne.
Apprenez à prendre vos responsabilités
Warren Buffett a un jour confié que les trois qualités qu’il recherche chez ses collaborateurs sont l’intelligence, l’énergie et l’intégrité. Or, prendre ses responsabilités est une pierre angulaire de l’intégrité – et les penseurs de l’Antiquité l’avaient bien compris.
Des philosophes comme Confucius, Laozi, Épictète ou encore Marc Aurèle enseignaient déjà que nous sommes seuls responsables de nos actes… et de nos réactions. C’est à nous – notre volonté, notre discernement, notre caractère – qu’il appartient de répondre au monde, pas aux autres.
« C’est le propre d’un homme mal instruit que de rejeter sur autrui la responsabilité de son propre malheur », écrivait Épictète dans son Manuel (Enchiridion).
En ce moment, je regarde Les Soprano. Le thème central de la série ? L’incapacité des personnages à assumer leurs actes. Ils blâment la cocaïne. L’alcool. Leur mère, leur patron, leurs clients. Ils blâment tout, sauf eux-mêmes.
Dans la vie, les choses tournent parfois mal. Mais quand cela arrive, résistez à l’envie de pointer du doigt les autres. Posez-vous plutôt la question : « Qu’aurais-je pu faire différemment ? » Celui ou celle qui apprend à raisonner ainsi se donne une chance précieuse de réussir.
Appréciez les petites choses
Les Beatles chantaient que « les meilleures choses dans la vie sont gratuites »… avant de gâcher l’idée en affirmant que l’argent était ce qu’ils voulaient vraiment. (À leur décharge, ils n’ont pas écrit cette chanson.) Bien sûr, il n’y a rien de fondamentalement mauvais avec l’argent, qui n’est qu’un moyen d’échange. Mais Sénèque voyait dans le contentement la véritable richesse : le bonheur réside dans ce que l’on possède déjà, pas dans le désir de ce que l’on n’a pas.
Augustus McCrae, héros du roman Lonesome Dove de Larry McMurtry, lauréat du prix Pulitzer, l’avait bien compris :
« Si tu veux quelque chose trop fort, tu risques d’être déçu. La seule façon saine de vivre, c’est d’apprendre à aimer les petites choses du quotidien, comme une gorgée de bon whisky le soir, un lit moelleux, un verre de petit-lait… »
Commencez par cultiver votre propre jardin
Les enfants d’aujourd’hui entendent souvent qu’ils doivent « changer le monde ». Le philosophe Platon, lui, pensait qu’un homme sage commence par « mettre de l’ordre dans sa propre maison et se gouverner lui-même ». Cette idée porte en elle une certaine humilité, mais Platon la considérait comme fondamentale. « La première et la meilleure des victoires, écrivait-il dans Les Lois, c’est de se vaincre soi-même. »
Le psychologue et auteur Jordan Peterson reprend cette idée en encourageant chacun à mettre de l’ordre dans sa propre vie avant de vouloir changer le monde. Faire le ménage dans sa chambre peut sembler insignifiant, mais cela a toute son importance. Ce n’est qu’en apprenant à se maîtriser et à cultiver son propre jardin que l’on devient véritablement capable d’aider les autres.
Respecter la propriété (la vôtre et celle des autres)
Il existe une ancienne maxime juridique latine : Iustitia suum cuique distribuit, autrement dit « La justice rend à chacun ce qui lui est dû ». Cicéron l’a popularisée dans ses écrits philosophiques, exprimant le principe de suum cuique – que chacun reçoive ce qui lui revient de droit, y compris sa propriété.
Douglass C. North, prix Nobel d’histoire économique, affirmait que la garantie des droits de propriété constitue « le changement institutionnel le plus important qu’une société puisse entreprendre ». L’importance de la propriété privée se retrouve également dans la Bible et chez Aristote.
Même si certaines philosophies modernes le contestent, des droits de propriété solides sont un puissant vecteur de civilisation. J’enseigne à mes enfants à ne pas gaspiller – non parce que nous sommes pauvres, mais parce que l’économie de base nous apprend que les ressources sont limitées. Apprendre à respecter la propriété – la sienne et celle des autres – est une leçon fondamentale de responsabilité.
Choisissez bien vos fréquentations
Mon grand-père m’a un jour donné le meilleur conseil que j’aie jamais reçu : « Rien de bon ne se passe après minuit. » Le deuxième meilleur conseil fut celui-ci : « Choisis bien tes fréquentations. »
Les amitiés que nous nouons dans la vie ne reflètent pas seulement qui nous sommes, elles contribuent aussi à façonner ce que nous devenons, observait Aristote. « L’amitié des mauvais hommes produit une mauvaise chose (car, à cause de leur instabilité, ils s’unissent dans de mauvaises actions et deviennent mauvais en se ressemblant), » écrivait-il dans L’Éthique à Nicomaque, « tandis que l’amitié des bons hommes est bonne, renforcée par leur compagnie… »
Rien n’est plus important dans la vie que les relations. En choisissant soigneusement votre entourage, vous vous entourerez de personnes qui vous diront la vérité, vous responsabiliseront et vous inspireront à devenir une meilleure personne. Ne soyez pas mercantile en amitié, mais faites preuve de discernement – car leurs habitudes, valeurs et attitudes influenceront aussi les vôtres.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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