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Énergie

Berlin crée un tarif d’électricité subventionné pour sauver son industrie

Berlin s'apprête à mettre en place dès janvier 2026 un prix de l'électricité réduit à cinq centimes du kilowattheure pour ses entreprises les plus énergivores. Cette mesure, qui coûtera jusqu'à cinq milliards d'euros sur trois ans, vise à restaurer la compétitivité de l'industrie allemande face à la Chine et aux États-Unis.

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Le chancelier allemand Friedrich Merz.

Photo: Ina Fassbender/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Le chancelier Friedrich Merz a annoncé jeudi 13 novembre qu’un tarif préférentiel d’électricité sera instauré à partir de 2026 pour les industries fortement consommatrices d’énergie. Selon le ministre des Finances Lars Klingbeil, cette initiative représentera un coût compris entre trois et cinq milliards d’euros, financés par le fonds spécial « Climat et Transformation ». D’après le journal Handelsblatt, qui s’appuie sur une analyse de l’Agence allemande de l’énergie, la facture totale s’établirait précisément à 4,5 milliards d’euros sur trois ans.

Un prix trois fois inférieur aux tarifs actuels

La ministre de l’Économie Katherina Reiche a précisé que ce dispositif devrait être mis en œuvre dès le 1er janvier 2026, selon Le Figaro. Le tarif subventionné visera « environ cinq centimes d’euro par kilowattheure », a indiqué le chancelier, cité par Connaissance des Énergies. Ce tarif, valable entre 2026 et 2028, représente une baisse spectaculaire par rapport aux 17,8 centimes actuellement facturés pour les nouveaux contrats des entreprises industrielles, selon la Fédération allemande de l’énergie et de l’eau. Cette mesure bénéficiera prioritairement aux secteurs de la chimie, de l’acier et de l’automobile.
La nécessité de cette intervention s’explique par l’écart de compétitivité croissant : l’électricité reste jusqu’à trois fois plus chère en Allemagne qu’en Chine ou aux États-Unis. Les prix ont fortement augmenté suite à la guerre en Ukraine, culminant à 43,3 centimes du kilowattheure en 2022 au plus fort de la crise énergétique.

Des contreparties orientées vers la transition énergétique

Le mécanisme passera techniquement par une compensation des coûts liés à l’achat de quotas d’émission dans le cadre du système européen ETS, explique L’Usine nouvelle. En contrepartie, les entreprises bénéficiaires devront investir 50 % de plus dans l’efficacité énergétique et la durabilité. Katherina Reiche a toutefois assuré que les justificatifs pour ces investissements seraient « aussi peu bureaucratiques que possible ».

La baisse du coût de l’électricité  vise à soutenir la compétitivité de secteurs clés (chimie, acier, automobile…). Les organisations professionnelles saluent cette décision. « Le prix de l’électricité subventionné aide les entreprises très énergivores à rester compétitives », souligne Holger Lösch, directeur général adjoint de la Fédération de l’industrie allemande. Jürgen Kerner, numéro deux du syndicat IG Metall, renchérit : « Il n’y a pas d’alternative si l’Allemagne veut rester un pays industriel. » Le syndicat exige néanmoins que cette aide soit conditionnée à la sécurisation de l’emploi et au respect des conventions collectives.

L’attente du feu vert de Bruxelles

La mise en œuvre de ce tarif préférentiel reste conditionnée à l’approbation de la Commission européenne. « Nous sommes dans les dernières étapes des négociations avec la Commission européenne », a indiqué Katherina Reiche, ajoutant avoir reçu « de bons signaux ». Friedrich Merz se montre optimiste, estimant selon Connaissance des Énergies que « tous les signaux sont au vert » pour une application dès le 1er janvier.
Le dispositif devra s’inscrire dans le cadre des règles européennes sur les aides d’État, assouplies depuis la crise énergétique pour permettre des soutiens ciblés aux industries exposées à la concurrence internationale.

Un plan électrique plus large

Parallèlement à ce tarif subventionné, la coalition conservateurs-sociaux-démocrates a validé la construction de nouvelles centrales à gaz pour sécuriser l’approvisionnement électrique. La coalition s’est entendue sur une « stratégie pour les centrales électriques » comprenant la construction de centrales au gaz, afin que « les besoins en électricité en Allemagne soient couverts même lorsque le vent et le soleil ne sont pas disponibles », a annoncé M. Merz selon l’AFP.
Entre 8 et 10 gigawatts de nouvelles capacités feront l’objet d’un appel d’offres dès 2026, pour une mise en service prévue d’ici 2031.
Ces installations devront être « hydrogen-ready », c’est-à-dire conçues pour pouvoir utiliser de l’hydrogène et respecter les objectifs de décarbonation fixés à l’horizon 2045. Cette stratégie vise à concilier sécurité d’approvisionnement, compétitivité industrielle et transition énergétique, tout en compensant l’intermittence des énergies renouvelables.