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Quatrième plénumAlors que le quatrième plénum s’ouvre en Chine, la sécurité renforcée se heurte au désenchantement du public
Sur les réseaux sociaux chinois, le thème « les gens ordinaires ne ressentent rien au sujet du Quatrième plénum » a gagné en ampleur.

Des policiers paramilitaires chinois patrouillent sur la place Tiananmen avant la séance d’ouverture de l’Assemblée nationale populaire au Grand Palais du Peuple à Pékin, le 5 mars 2025.
Photo: Pedro Pardo/AFP via Getty Images
Le Quatrième plénum du 20e Comité central du Parti communiste chinois (PCC) s’est ouvert lundi à Pékin, sur fond de renforcement sécuritaire dans toute la capitale et de scepticisme renouvelé quant à la capacité de cette grand-messe politique — perçue comme un test clé du contrôle du régime — à répondre aux préoccupations économiques et sociales du quotidien.
La réunion de quatre jours, organisée du 20 au 23 octobre à l’emblématique hôtel Jingxi, où se tiennent traditionnellement les sessions clés du PCC, intervient avec plus d’un an de retard sur le calendrier initial, sans explication officielle. Elle réunit quelque 200 membres titulaires du Comité central et 170 suppléants pour examiner un rapport de travail du Bureau politique et discuter d’un projet de 15e « Plan quinquennal » pour le développement économique et social national.
À l’extérieur du site placé sous haute surveillance, des véhicules de police et des effectifs de sécurité étaient déployés sur tout le périmètre.
« Il y avait une voiture de police et un véhicule spécial truffé d’antennes garés devant l’hôtel », raconte Zhao, un Pékinois qui a souhaité ne donner que son nom de famille, à Epoch Times. « Les policiers de la circulation sommaient les gens d’avancer. L’atmosphère était très tendue. »
Il affirme que la police fouillait les sacs des passants et procédait à des contrôles d’identité. « Je les ai vus vérifier la carte d’identité d’une femme — elle ressemblait à une plaignante », dit-il.
Les « plaignants » en Chine sont des citoyens qui sollicitent les autorités pour obtenir réparation de leurs griefs, un droit théoriquement garanti par la loi. En pratique, ils sont fréquemment pris pour cible et réprimés par le PCC, beaucoup étant arbitrairement détenus et persécutés pour avoir parlé.
Réactions citoyennes
Alors que le Plénum porte officiellement sur la planification économique et la discipline du Parti, beaucoup de Chinois paraissent indifférents. Des entretiens menés dans plusieurs provinces indiquent que la majorité s’inquiète surtout de la hausse du coût de la vie, du chômage et de l’amenuisement des prestations sociales.
Hu Jiangsheng, ouvrier retraité de Taizhou, dans la province du Jiangsu, confie à Epoch Times : « Le Parti tient des réunions chaque année, mais nous ne comprenons pas ces documents. J’espère seulement que les coûts médicaux cesseront d’augmenter et que davantage de médicaments seront remboursés. Ces derniers temps, l’assurance a cessé de couvrir de nombreux traitements. La vie devient plus dure. »
À Tianjin, Liu, livreur qui souhaite également ne donner que son patronyme, partage une frustration similaire auprès d’Epoch Times : « Ces réunions n’ont rien à voir avec nous. J’espère juste que le prix de l’essence n’augmentera pas et que les plateformes [d’e-commerce] cesseront de prélever des commissions si élevées. Ils parlent toujours d’améliorer la protection sociale, mais plus ils en parlent, pire c’est. Il faut lire leurs mots à l’envers. »
Les plaignants se cachent face aux raids policiers
À Yanjiao, zone industrielle à l’est de Pékin où les loyers sont moins chers, de nombreux plaignants se sont réfugiés temporairement pour échapper aux opérations de police.
Li, venue du Liaoning et qui ne souhaite donner que son nom de famille, dit s’y cacher depuis un mois.
« La police arrête des gens partout », raconte-t-elle à Epoch Times. « Je ne peux ni aller à Pékin ni rentrer chez moi, alors je reste ici jusqu’à la fin du Plénum. Rien que dans cet immeuble, il y a au moins une douzaine de plaignants. »
Interrogée sur la réunion, elle réplique : « Quel rapport cela a-t-il avec nous ? Leurs réunions ne parlent que d’eux. Le gouvernement n’aide jamais les gens ordinaires. Il ne fait que nous réprimer. Ce qu’ils disent aux infos sonne bien, mais tout est faux. »
Promesses économiques vs réalité quotidienne
Ces dernières semaines, les médias d’État ont martelé des slogans comme « stimuler la demande intérieure », « stabiliser l’emploi » et « protéger les moyens de subsistance ». Mais les statistiques montrent une confiance des ménages en berne, un chômage des jeunes élevé et des finances locales sous forte tension.
Un rapport publié ce mois-ci par le propre Bureau national des statistiques du PCC indique un ralentissement de la croissance des revenus des ménages et un moral des consommateurs morose.
Wang Juan, ouvrière d’usine à Xiangyang, dans la province du Hubei, confie à Epoch Times n’avoir constaté aucune amélioration du coût de la vie, en particulier pour la santé.
« Les frais médicaux ne cessent d’augmenter, et les médicaments coûtent plus cher », dit-elle. « Le gouvernement tient tant de réunions, mais les soins ne font qu’empirer. »
Zhang, de Pékin, qui ne souhaite pas non plus révéler son nom complet, est engagé dans un litige immobilier depuis des années.
« Ils parlent de ‘prospérité commune’, mais les gens ordinaires ne peuvent même pas défendre leurs droits. Qui a le temps de regarder le Plénum ? », confie-t-il à Epoch Times.
Un employé de restaurant à Tianjin dit également à Epoch Times : « On espère juste que les prix de l’immobilier ne baisseront pas davantage et que nos salaires ne seront pas encore réduits. Le gouvernement assure stabiliser l’économie, mais nous, on craint surtout de perdre des clients chaque jour. »
Sur les réseaux sociaux chinois, le sujet « les gens ordinaires ne ressentent rien au sujet du Quatrième plénum » a suscité de vastes échanges. De nombreux internautes expriment des inquiétudes quant aux prix du carburant et aux dispositifs d’assurance sociale.
Officiellement, le Quatrième plénum se concentre avant tout sur la planification de long terme de l’économie, de l’agenda social et sur le renforcement du contrôle du Parti.
Xing Du a contribué à la rédaction de cet article.

Michael Zhuang est un collaborateur d'Epoch Times, spécialisé dans les sujets se rapportant à la Chine.
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