Logo Epoch Times

Opinion

plus-icon

Voyage sans retour ? La Chine empêche des cadres étrangers de partir

top-article-image

Un agent de sécurité guide les passagers à l'aéroport international de Pékin, en Chine, le 6 juillet 2025.

Photo: Wang Zhao/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 9 Min.

Le Parti communiste chinois (PCC) empêche certains étrangers de quitter la Chine. Cette politique est entourée d’une ambiguïté juridique et suscite des inquiétudes quant à la liberté de circulation, aux investissements internationaux et aux normes diplomatiques.
Toutefois, les conséquences pourraient être bien pires.
Interdictions de sortie : une menace imminente pour les étrangers en Chine
La Chine impose de plus en plus d’« interdictions de sortie » – des restrictions légales empêchant les individus de quitter le pays – aux ressortissants chinois et étrangers. Des raisons de sécurité nationale vaguement définies les justifient.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un phénomène nouveau, les interdictions de sortie du territoire sont devenues plus fréquentes après l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012. Elles ont toutefois considérablement augmenté ces derniers temps. Entre 2016 et 2022, les mentions d’interdictions de sortie du territoire dans la base de données de la Cour populaire suprême de Chine ont été multipliées par huit, selon l’organisation de défense des droits humains, Safeguard Defenders.
Initialement lié aux litiges juridiques, le champ d’application s’est élargi avec les lois sur la sécurité nationale promulguées ou modifiées à partir de 2018.
Des cas récents très médiatisés suscitent davantage d’inquiétudes
En juillet dernier, une citoyenne américaine, directrice générale de Wells Fargo basée à Atlanta, s’est vu interdire de quitter la Chine. Les autorités ont déclaré qu’elle était « impliquée dans une affaire criminelle », mais les détails restent confidentiels. En réponse, Wells Fargo a suspendu tout déplacement de ses employés en Chine.
Un citoyen américain naturalisé et employé de l’Office des brevets et des marques a été arrêté à son arrivée à Chengdu en avril et empêché de quitter le pays. Selon certaines informations, il aurait omis de mentionner son affiliation au gouvernement américain sur son visa. Cette affaire est largement considérée comme la première impliquant un fonctionnaire fédéral américain soumis à une interdiction de sortie du territoire.
Il est important de noter que ces cas sont qualitativement différents de l’interdiction de sortie du territoire d’un étranger pour des infractions spécifiques qu’il aurait commises. Ces cas sont inquiétants en raison des profils professionnels et gouvernementaux des détenus. L’application opaque et brutale des interdictions de sortie du territoire semble viser les diplomates, les hommes d’affaires ou les fonctionnaires.
Impact généralisé sur les entreprises et les dirigeants étrangers
De plus, les interdictions s’étendent au-delà des seuls citoyens américains et concernent un large éventail d’hommes d’affaires étrangers.
Par exemple, les dirigeants d’Astellas Pharma, d’AstraZeneca, de Nomura, d’UBS et de Kroll – des entreprises japonaises et européennes – ont fait l’objet d’une enquête ou ont été soumis à des restrictions de voyage.
Il arrive qu’une interdiction de sortie du territoire s’étende à des personnes qui ne sont même pas directement impliquées dans une procédure judiciaire. Cette pratique hautement irrégulière d’application de la loi a gagné en notoriété lorsque des cabinets d’audit et de conseil comme Mintz ont été ciblés, ce qui a entraîné des arrestations de personnel et de lourdes amendes.
Ces interdictions et ces persécutions à l’encontre des entreprises ne font que jeter davantage le doute sur la détérioration du climat des affaires en Chine.
Assistons-nous à des tactiques de diplomatie des otages ?
On pourrait raisonnablement affirmer que les interdictions de sortie imposées par Pékin constituent une forme de diplomatie des otages. Dans certains cas, même des proches de personnes sous le coup d’une interdiction de sortie ont été empêchés de quitter la Chine. En retenant des citoyens américains ou d’autres pays contre leur gré, le PCC envoie-t-il des messages politiques aux gouvernements des otages ?
Il semble que ce soit le cas. De 1995 à 2019, sur les 128 cas d’étrangers empêchés de quitter le territoire, 29 étaient des Américains et 44 des Canadiens, selon une étude universitaire de 2022 de Chris Carr et Jack Wroldsen. De plus, le nombre de lois justifiant les interdictions de sortie a augmenté ces dernières années.
Élargissement des définitions juridiques et des avis aux voyageurs
Cela est probablement dû à l’élargissement des définitions juridiques de la sécurité nationale ces dernières années, notamment des lois relatives au contre-espionnage, qui confèrent aux autorités chinoises un pouvoir accru pour imposer des interdictions de sortie du territoire sans définition claire ni procédure régulière. À l’instar des récentes lois promulguées en mars dernier autorisant le vol de propriété intellectuelle, l’élargissement de l’application des interdictions de sortie du territoire accroît l’incertitude pour les étrangers qui exercent des activités en Chine.
Par conséquent, même si de nombreux voyageurs d’affaires quittent la Chine sans problème, le Département d’État américain a classé les voyages vers la Chine avec un avertissement de prudence accrue. Les personnes occupant des postes sensibles ou possédant la double nationalité, comme celles possédant la nationalité chinoise et américaine, sont exposées à des risques accrus. Il leur est conseillé de prendre des précautions supplémentaires, comme utiliser des appareils sûrs, minimiser leur empreinte numérique, évaluer leurs facteurs de risque personnels et consulter les protocoles de voyage.
Pékin gagne en influence là où il le peut
La grande question est : pourquoi Pékin interdirait-il aux étrangers de quitter la Chine ?
Il peut y avoir plusieurs réponses à cette question, allant de violations réelles de la loi par le détenu à des tentatives des autorités chinoises de recueillir des informations et/ou d’influencer la politique d’une entreprise ou d’une nation à l’égard de la Chine.
En fin de compte, quelle que soit la raison, le PCC évalue les conséquences potentielles de l’application d’interdictions de sortie à des individus spécifiques et les met en œuvre lorsqu’il estime que ses intérêts le justifient. Les tensions croissantes entre Pékin et Washington semblent être un facteur important, suggérant que Pékin pourrait tenter de tirer parti de toutes les occasions possibles.
L’effet paralysant sur les affaires et la diplomatie
Il est compréhensible que ce comportement sape la confiance mondiale envers la Chine de plusieurs manières.
Par exemple, les entreprises étrangères pourraient ne plus considérer la Chine comme un lieu sûr et rentable pour investir ou nouer des partenariats. Les importantes sorties de capitaux d’investissement en témoignent. Cela rend également les dirigeants d’entreprise réticents à accepter des postes en Chine, renforçant l’idée que Pékin dispose d’une influence considérable dans le monde pour gérer les binationaux qui se croient hors de portée du PCC.
Sur le plan diplomatique, cela ne fait qu’attiser les tensions déjà vives entre Pékin et Washington. La conséquence immédiate est une baisse de confiance et une montée de la méfiance entre les deux nations. Compte tenu des négociations commerciales et tarifaires en cours et de la concurrence pour l’influence géopolitique, le fossé entre les deux pays ne cesse de se creuser.
Les interdictions de sortie sont une décision délibérée prise par les autorités du PCC, et il ne semble pas qu’elles soient trop préoccupées par les conséquences.
Voilà qui devrait nous mettre la puce à l’oreille.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.