TDAH : attention, certains médicaments peuvent favoriser psychose et trouble bipolaire

Photo: Johnnyamoeba87/Shutterstock
Principaux résultats
La méta-analyse, publiée dans JAMA Psychiatry, a regroupé les résultats de 16 études menées en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il s’agit de la première analyse systématique portant à la fois sur la psychose et sur le trouble bipolaire en lien avec les traitements du TDAH.
L’étude a examiné deux stimulants couramment prescrits pour traiter le TDAH : les amphétamines et le méthylphénidate. Les amphétamines étaient associées à une probabilité d’apparition de symptômes psychotiques environ 60 % plus élevée que celle associée au méthylphénidate.
En moyenne, le traitement par stimulants a été lié à des symptômes psychotiques chez 3 % des patients et à un trouble bipolaire chez 4 %.
Les études n’ont pas établi les taux de base de ces affections chez les patients atteints de TDAH non traités, ce qui rend difficile de déterminer dans quelle mesure le risque observé provient des médicaments eux-mêmes ou du trouble sous-jacent.
Malgré ces résultats, les chercheurs soulignent que les stimulants doivent rester le traitement de première intention pour la majorité des patients, mais insistent sur la nécessité d’une meilleure information et d’un suivi renforcé.
Facteurs possibles
Une autre méta-analyse a montré que les enfants atteints de TDAH présentent un risque multiplié par cinq de développer une psychose plus tard dans la vie, par rapport à la population générale. Ils présentent également un risque accru de trouble bipolaire.
Au niveau de la chimie cérébrale, le TDAH, la psychose et le trouble bipolaire impliquent tous des perturbations du même neurotransmetteur : la dopamine. Les stimulants augmentent les niveaux de dopamine, ce qui est également associé au risque de psychose et de trouble bipolaire.
La psychose et le trouble bipolaire sont souvent liés à une activité dopaminergique élevée. Alors que les personnes atteintes de TDAH présentent généralement de faibles niveaux de dopamine, les stimulants font grimper ces niveaux.
Le risque de psychose s’est révélé le plus élevé aux États-Unis, où les amphétamines comme l’Adderall et le Vyvanse constituent le traitement de première intention. Les amphétamines sont associées à un risque plus important de psychose et de manie que le méthylphénidate, car elles provoquent une libération de dopamine jusqu’à quatre fois plus importante.
À l’inverse, le méthylphénidate est le traitement de première intention dans une grande partie de l’Europe, où les études de la revue ont rapporté des taux de psychose beaucoup plus faibles.
L’usage détourné des amphétamines, avec des doses trop élevées, peut également déclencher une psychose ou un épisode maniaque. Une étude menée en 2024 par Harvard a montré que des doses élevées d’amphétamines (plus de 30 milligrammes de dextroamphétamine, soit environ 40 milligrammes d’Adderall) étaient associées à un risque de psychose ou de manie plus de cinq fois supérieur.
Le Dr Sharon Batista, professeure assistante de psychiatrie au Mount Sinai Hospital, a déclaré à The Epoch Times que les symptômes de psychose induite par les stimulants apparaissent souvent peu de temps après l’initiation ou l’augmentation d’une dose.
« Les familles et les cliniciens doivent rester vigilants face à l’apparition d’hallucinations, de paranoïa ou d’une élévation extrême de l’humeur », a-t-elle expliqué. « Ce sont des signaux d’alerte qui nécessitent une prise en charge médicale immédiate. »
Le trouble bipolaire, la psychose et le TDAH partagent également des symptômes similaires, comme les sautes d’humeur, les troubles du sommeil ou la distractibilité.
« Un mauvais diagnostic peut entraîner un traitement inadapté, d’où l’importance d’une évaluation rigoureuse », a ajouté le Dr Batista.
Évaluer les risques et bénéfices
Les auteurs estiment que leurs résultats ne doivent pas modifier les recommandations actuelles qui préconisent les stimulants comme traitement de première intention du TDAH. Toutefois, ils insistent sur l’importance d’informer les patients et leurs familles, de surveiller attentivement et de discuter des stratégies de prise en charge.
« Comme tous les médicaments, les stimulants comportent des effets secondaires. Cela inclut également le risque de développer une manie ou une psychose », a expliqué le Dr Cooper Stone, professeur assistant de psychiatrie et de sciences du comportement à l’université de Pennsylvanie, dans les colonnes d’Epoch Times.
Il a insisté sur l’importance de discuter de ces risques potentiels avec les patients avant le début du traitement, afin qu’ils puissent prendre une décision éclairée. « Les stimulants peuvent être extrêmement bénéfiques pour les personnes atteintes de TDAH, mais ce n’est pas une décision à prendre à la légère », a-t-il déclaré.
La plupart des personnes sans facteur de risque sous-jacent de psychose ou de trouble bipolaire ne développeront probablement pas ces affections si elles prennent leur traitement tel que prescrit et évitent les abus, comme les doses très élevées ou les méthodes d’administration non orales.
Mesures pratiques pour les patients et les familles
Il n’est pas toujours réaliste que les médecins préviennent chaque patient de ces risques rares — la psychose ou la manie induites par les stimulants touchent moins d’un patient sur 600 — ou qu’ils passent en revue chaque effet indésirable improbable.
Cependant, le Dr Batista souligne qu’il est essentiel de le faire pour les patients à risque plus élevé. « S’il existe des antécédents personnels ou familiaux de trouble bipolaire ou de psychose, nous abordons spécifiquement ces risques et mettons en place une surveillance rapprochée », précise-t-elle.
Le Dr Stone note qu’au niveau le plus simple, cliniciens et proches peuvent repérer les changements inquiétants dans le comportement habituel d’une personne.
Selon lui, les symptômes de manie ou de psychose tranchent nettement avec le comportement de base du patient, rendant évident le fait que quelque chose ne va pas. Les familles peuvent ne pas savoir exactement ce qui se passe, mais elles peuvent constater que la personne n’est pas bien — ce qui doit les pousser à consulter immédiatement.
Les patients et leurs proches peuvent collaborer avec les cliniciens pour réduire les risques et détecter rapidement les problèmes.Voici quelques conseils issus des auteurs de l’étude et du Dr Stone :
• Poser les bonnes questions avant de commencer : vérifier si le médecin a passé en revue les antécédents familiaux de psychose ou de trouble bipolaire.
• Aller doucement avec la posologie : augmenter les doses progressivement, surtout avec les amphétamines.
• Surveiller les changements : prêter attention aux pensées inhabituelles, à la paranoïa ou aux brusques variations d’humeur — arrêter le traitement et consulter immédiatement en cas d’apparition.
• Connaître les alternatives : opter pour des traitements non stimulants comme l’atomoxétine si les stimulants ne sont pas tolérés ; ceux-ci ne présentent aucun risque documenté de psychose.
• Envisager une thérapie comportementale : la thérapie cognitivo-comportementale axée sur les fonctions exécutives peut aider à mieux gérer les symptômes du TDAH.
Articles actuels de l’auteur
02 décembre 2025
Jouer dehors, plus qu’un loisir : une nécessité
25 novembre 2025
L’art d’être un invité modèle : 5 conseils pour être réinvité









