Recommandation
Jouer dehors, plus qu’un loisir : une nécessité
Quand les écrans enferment les enfants à l’intérieur et captent des heures qu’ils pourraient passer dehors, c’est tout un répertoire de compétences essentielles à la vie qui manque l’occasion d’être acquis par le jeu.

Photo: Irina WS/Shutterstock
L’enquête révèle qu’un enfant américain sur dix, âgé de un à cinq ans, ne sort presque jamais jouer dehors, se limitant à une fois par semaine.
Les jeux en plein air favorisent la croissance
Jouer dehors implique du mouvement, et le mouvement accompagne la croissance. Les activités physiques intenses — courir et sauter jusqu’à manquer de souffle, ou les activités qui obligent les enfants à s’étirer et à soulever leur propre poids corporel, contribuent à renforcer les os et les muscles et à stimuler la croissance.
Selon une étude publiée en 2024, les enfants vivant dans des régions dotées d’espaces verts propices à l’activité en plein air ont tendance à avoir une densité minérale osseuse plus élevée.
« Quand les enfants sont à l’extérieur, ils bougent davantage, restent assis moins longtemps, jouent plus longtemps et dorment mieux », explique Eun‑Young Lee, professeure associée à l’École de kinésiologie et d’études en sciences de la santé de Queen’s University, dans un entretien accordé à The Epoch Times.
La nature, alliée de la santé
Au cours des 17 dernières années, la santé des enfants aux États-Unis et dans la plupart des pays occidentaux s’est dégradée, sous l’effet conjugué d’une présence accrue en intérieur et d’un recours croissant aux écrans, ce qui s’accompagne d’une montée des maladies chroniques et des cas d’obésité.
À l’extérieur, les éléments naturels agissent comme un fin réglage de la biologie des enfants : ils renforcent le système immunitaire et améliorent l’humeur.
Les adolescents qui passent plus de temps à l’extérieur ont une meilleure condition cardiorespiratoire.
Les enfants d’âge préscolaire présentent de meilleurs scores d’indice de masse corporelle et un risque d’obésité réduit.
Une étude finlandaise a révélé que les enfants qui jouaient dans des espaces naturels extérieurs développaient un microbiote cutané et intestinal plus diversifié et présentaient des marqueurs immunitaires plus forts, liés à un système immunitaire bien régulé et moins sujet aux allergies.
Creuser la terre, grimper, confectionner des gâteaux de boue expose les enfants à des microbes bénéfiques, qui entraînent leur système immunitaire à discerner ce qu’il faut combattre et ce qu’il faut tolérer. Sans cette exposition précoce, l’organisme peut devenir hypersensible, augmentant plus tard les risques d’allergies et de maladies auto-immunes.
La lumière du soleil, synchroniseur naturel, participe aussi à l’établissement des rythmes veille-sommeil. Les enfants qui jouent dehors se réveillent moins souvent la nuit et dorment plus longtemps.
L’air extérieur demeure globalement plus sain : même si l’environnement peut contenir des sources de pollution comme les gaz d’échappement ou des allergènes, l’exposition totale y est souvent inférieure à celle de l’air intérieur, qui peut être de deux à cinq fois, et parfois jusqu’à cent fois plus pollué, du fait de l’accumulation d’émanations domestiques issues notamment des produits ménagers, des soins corporels ou de la cuisson des aliments.
Le jeu en plein air favorise le développement du cerveau
La nature offre un champ des possibles illimité. Une souche d’arbre, selon l’imaginaire de l’enfant, peut devenir une scène, un siège ou une table. Les espaces extérieurs riches en éléments naturels favorisent l’exploration active, la construction, le jeu manuel, l’innovation et la résolution de problèmes — autant de fondations cruciales pour le développement cérébral.
Une étude portant sur des enfants d’âge préscolaire établit que ceux passant plus de trois heures par jour dehors atteignent un niveau de maturité supérieur à celui de leurs pairs, avec une meilleure capacité de concentration, une aptitude accrue à se faire des amis et une gestion plus efficace des émotions.
« Il existe une forme d’élargissement intrinsèque au fait d’être dehors, très différente des limites d’une pièce fermée », observe Sarah J. Clark, co-directrice du sondage Mott. « Le jeu à l’extérieur encourage un jeu initié par l’enfant lui-même, lui laisse l’espace de faire des choix et de diriger ses propres expériences, contrairement aux environnements intérieurs où l’activité est souvent prédéfinie et orientée vers un résultat précis. »
« Le grand air nourrit l’autonomie et le sentiment d’efficacité personnelle », ajoute Andrea Diaz Stransky, pédopsychiatre et conseillère auprès de Emora Health. « Il n’est pas nécessaire d’imaginer des activités complexes : les enfants les trouvent souvent par eux-mêmes, avec le temps. »
L’école du risque
Le temps passé dehors diminue pour diverses raisons : emplois du temps surchargés, raréfaction des espaces dédiés, omniprésence des médias numériques. Mais l’obstacle le plus cité demeure l’inquiétude grandissante des parents autour de la sécurité.
Quatre parents sur dix confient ressentir une anxiété lorsque leur enfant grimpe trop haut ou s’éloigne durant le jeu, selon le rapport de Mott Poll on Children’s Health.
C’est compréhensible mais ce réflexe de limitation prive néanmoins les enfants d’un passage déterminant : apprendre à évaluer le risque.
Le jeu dit « risqué » — choisir soi-même la hauteur à laquelle grimper, s’aventurer en forêt, se salir, explorer le quartier — permet aux enfants de mettre à l’épreuve leur réponse naturelle à la peur, condition préalable au développement de la confiance et de la résilience.
« Le risque est devenu un mot à connotation négative, aux yeux des parents, des voisins, des institutions, des assurances, des écoles et des municipalités », regrette Mme Lee. Et pourtant, poursuit Dr. Diaz Stransky, « l’absence de ces expériences empêche les enfants de tester leurs limites dans un cadre sûr. Un cerveau qui n’a pas appris à gérer l’inconnu peut devenir plus anxieux et moins confiant dans les situations nouvelles. »
Les prises de risque créent aussi des situations particulièrement fécondes où le développement cognitif, émotionnel et physique survient simultanément. Quand un enfant remonte un toboggan au lieu de le descendre, il calcule une stratégie, gère un mélange de fierté et d’appréhension, tout en mobilisant son corps pour grimper — une combinaison précieuse, condensée en quelques minutes.
Ces micro-aventures fonctionnent comme un laboratoire d’apprentissage : essais, erreurs, échecs, réussites. Elles enseignent aux enfants à s’adapter à des environnements mouvants et imprévisibles, et, surtout, à forger une conviction intime : ils peuvent surmonter les obstacles par eux-mêmes.
« De nombreux produits sont centrés sur la protection, et la majorité des recommandations anticipatoires délivrées lors des visites de pédiatrie pour les plus jeunes portent sur la sécurité », relève Sarah J. Clark.
« Nous ne consacrons pas un temps comparable à expliquer aux parents en quoi le jeu stimule le développement de leur enfant – ni à leur montrer comment favoriser des formes de jeu variées », ajoute-t-elle. En conséquence, les parents reçoivent de nombreuses directives pour préserver leurs enfants du danger, mais nettement moins d’éclairage sur l’importance d’un jeu actif, imaginatif et autonome – pourtant essentiel à leur épanouissement.
Une méta-analyse publiée en 2015 montre que la plupart des parents restreignent le jeu en extérieur par crainte des inconnus, du trafic routier ou encore du harcèlement et des violences entre pairs. L’étude met également en lumière le rôle des idéaux éducatifs contemporains : l’injonction à la surveillance permanente, souvent associée à l’image du « bon parent », réduit mécaniquement la liberté laissée aux enfants d’expérimenter et d’explorer leur environnement.
Ce que les parents peuvent faire
Face à ce constat, Andrea Diaz Stransky, pédopsychiatre et conseillère auprès d’Emora Health, recommande de favoriser un jeu extérieur non structuré et initié par l’enfant lui-même :
– Intégrez le jeu en plein air dans le quotidien : visez environ 60 minutes par jour, sous forme de jeu libre ou d’activités familiales comme des promenades ou des visites de parc.
– Encouragez un jeu audacieux, adapté à l’âge : autorisez des prises de risque proportionnées – grimper, observer, explorer la nature – pour nourrir confiance et résilience.
– Donnez préférence à des espaces entretenus et sûrs : recherchez les espaces verts bien entretenus, notamment les parcs avoisinants, les cours d’école ou les jardins de bibliothèque.
– Équilibrez le temps d’écran : aidez les enfants à passer au moins autant de temps dehors que devant un écran, particulièrement en soirée et avant le coucher.
Articles actuels de l’auteur
02 décembre 2025
Jouer dehors, plus qu’un loisir : une nécessité
25 novembre 2025
L’art d’être un invité modèle : 5 conseils pour être réinvité









