Suppression de deux jours fériés : une proposition rejetée par 84 % des Français, selon un sondage

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Photo: Crédit photo ERIC FEFERBERG/AFP via Getty Images
Le gouvernement s’est fixé la barre de près de 44 milliards d’euros d’économies dès 2026. Pour atteindre cet objectif, François Bayrou a proposé, entre autres, de supprimer deux jours fériés. Mais cette proposition est très impopulaire, comme le révèle un sondage.
François Bayrou a annoncé le 15 juillet dernier vouloir supprimer le lundi de Pâques et le 8 Mai afin de renflouer les caisses de l’État. Cependant, un sondage – réalisé auprès de 1004 personnes les 20 et 21 août derniers par l’institut Odoxa pour Le Parisien – montre que 84 % des Français sont défavorables à cette proposition, qui est censée rapporter à elle seule 4,2 milliards d’euros par an.
Les Français refusent de sacrifier Noël, le 14 Juillet et le Jour de l’An
Qu’il s’agisse de la suppression d’un ou de deux jours fériés, les Français restent majoritairement opposés à cette idée : 83 % rejettent la suppression du lundi de Pâques, comme celle du 8 mai.
Si les Français devaient supprimer un ou deux jours fériés, ils excluraient catégoriquement Noël, le 14 Juillet ou le Jour de l’An, seuls 4 %, 7 % et 8 % y étant favorables. De même, seulement 8 % des sondés accepteraient la suppression du 1er Mai. En revanche, ils sont un peu plus nombreux à envisager la suppression du 15 août (Assomption, 26 %), du jeudi de l’Ascension (25 %) ou du lundi de Pâques (23 %).
Opposition farouche chez les électeurs LFI et RN
Si on observe du côté des différents partis politiques, on constate que les plus opposés à la suppression de deux jours fériés sont les sympathisants La France insoumise (99 %), ceux du Rassemblement national (91 %), les Écologistes (88 %), les électeurs du Parti Socialiste (83 %), ceux des Républicains (72 %). Chez les électeurs de Renaissance, le projet du Premier ministre recueille un soutien plus grand : 52 % y sont favorables, alors que 48 % y sont défavorables.
« On aurait pu penser que les sympathisants RN et surtout les LR auraient pu entendre ou accepter cette proposition, car le sujet de la réduction de la dette est récurrent pour les élus de ce parti. Mais on voit bien que cela n’est pas accueilli de la même manière par leur électorat », analyse Gaël Sliman, le président d’Odoxa. Il considère que les Français « tiennent à leur équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle et cette mesure est vécue comme une violence et un préjudice ».
D’ailleurs, les actifs y sont encore plus farouchement opposés, avec 87 % selon l’enquête. Et, d’une manière générale, une large majorité de Français (80 %) considère qu’il n’y a pas trop de jours fériés en France et qu’on travaille déjà suffisamment, voire trop (74 %). Le vrai problème n’est pas de savoir quel jour supprimer, mais le principe même d’en supprimer un, voire deux, qui est rejeté.
Un « impôt déguisé » pour 80 % des sondés
De surcroît, les Français estiment que cette proposition est un « impôt déguisé » pour 80 % d’entre eux. De plus, 66 % ne voient pas le rapport entre le fait de travailler plus et l’amélioration de la dette publique et des déficits de la France.
L’idée d’une compensation financière, via une taxe ou un impôt, est massivement rejetée : 89 % des Français s’y opposent. De même, 75 % refusent d’échanger la suppression d’un jour férié contre 14 heures de travail supplémentaires par an, soit l’équivalent de deux jours.
« C’est une situation explosive pour François Bayrou, car il n’a aucune solution de repli », pointe Gaël Sliman. Et de conclure : « Supprimer deux jours fériés devient un symbole d’injustice, avec tous les ingrédients pour faire exploser une colère sociale à la rentrée ! »
Confronté à une rentrée politique délicate avec la préparation du budget 2026 et les appels à bloquer le pays le 10 septembre, François Bayrou est menacé par une motion de censure. Il doit s’exprimer ce lundi à 16 heures depuis les locaux gouvernementaux de l’avenue de Ségur (7e arrondissement de Paris).

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