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Sommeil : cinq profils identifiés par les scientifiques, chacun agit différemment sur votre cerveau
Mieux connaître votre profil de sommeil pourrait vous aider à préserver votre santé mentale et physique. Avoir un mauvais sommeil est fréquent, mais la manière dont chacun le vit est différente. Certains restent éveillés à ruminer à 3 heures du matin, tandis que d’autres se réveillent à plusieurs reprises au cours de la nuit.

Photo: Bricolage/Shutterstock
Des recherches récentes suggèrent qu’il ne s’agit pas seulement de différentes formes de « mauvais sommeil », mais de profils distincts, chacun laissant une empreinte spécifique sur le cerveau et le corps.
« Votre sommeil n’est pas le même que celui de votre voisin, et ses effets sur votre santé et vos capacités ne le sont pas non plus », a déclaré à Epoch Times Aurore Perrault, neuroscientifique et chercheuse postdoctorale, coauteure de l’étude.
Les 5 profils de sommeil
L’étude, publiée dans PLOS Biology, a identifié cinq profils de sommeil distincts chez des adultes en bonne santé, chacun associé à une activité cérébrale, des effets cognitifs et des risques pour la santé spécifiques. Ces résultats remettent en question la vision traditionnelle du sommeil, souvent réduit à « bon » ou « mauvais ».
Les chercheurs ont analysé les données de 770 jeunes adultes en bonne santé à l’aide d’imageries cérébrales et de questionnaires détaillés sur leurs habitudes de sommeil, leur santé et leur mode de vie au cours du mois précédent.
La majeure partie du lien entre sommeil et santé observé dans l’étude, soit environ 88 %, s’expliquait par un seul profil dominant associant mauvais sommeil et santé mentale altérée. Les quatre autres profils représentaient respectivement des parts plus faibles : quatre, trois, deux et un pour cent.
Profil 1 : les ruminateurs
Ce profil dominant associe les troubles du sommeil — difficulté à s’endormir, réveils fréquents la nuit et fatigue diurne — à une santé mentale plus fragile. Ces personnes présentent des taux plus élevés de dépression, d’anxiété, de symptômes de stress physique et des difficultés à gérer les émotions négatives comme la peur, la colère ou la frustration.
Profil 2 : les résilients en détresse
Ce profil se caractérise par l’absence de troubles du sommeil, à l’exception d’une difficulté à se concentrer durant la journée. Ce groupe a également tendance à éprouver du stress, une forte détresse psychologique et des difficultés émotionnelles similaires à celles du profil 1.
Profil 3 : les dormeurs sous médication
Ce groupe utilise des somnifères. Une caractéristique des utilisateurs de médicaments pour dormir est qu’ils obtiennent généralement de moins bons résultats aux tests de mémoire visuelle et de reconnaissance des émotions, ce qui suggère que ces traitements peuvent avoir de légers effets cognitifs secondaires. Cependant, ils se disent aussi plus satisfaits de leurs relations sociales.
Profil 4 : les privés de sommeil
Dormant moins de six à sept heures par nuit, ces « petits dormeurs » présentent un ralentissement des fonctions cognitives dans plusieurs domaines, notamment la lecture et la réponse émotionnelle, la résistance aux choix impulsifs, le traitement du langage, la résolution de nouveaux problèmes et l’interprétation des signaux sociaux.
Profil 5 : les dormeurs fragmentés
Ce profil se distingue par des réveils répétés causés par la douleur, les variations de température, des troubles respiratoires ou des allers-retours fréquents aux toilettes. Ces personnes présentent davantage de consommation de substances, plus d’irritabilité et une santé mentale globalement plus fragile.
Des troubles du sommeil différents, des schémas cérébraux différents
Chaque profil de sommeil est associé à une signature cérébrale propre.
« Nous ne nous attendions pas à trouver des schémas cérébraux distincts dans un échantillon aussi jeune et en bonne santé », explique Aurore Perrault. « Cela suggère que les expériences de sommeil se reflètent non seulement dans la santé et le comportement, mais aussi dans le câblage et l’activité du cerveau. »
Les profils 1 et 2 présentaient une activité accrue dans les réseaux cérébraux responsables de l’éveil et de la vigilance, un signe d’hyperactivation souvent lié au stress. Cependant, ils divergeaient sur des points essentiels.
Dans le profil 1, l’équilibre entre le réseau interne du cerveau — actif lors des pensées centrées sur soi, de la rêverie et de la rumination — et le réseau de l’attention externe se rompt. Le « bavardage intérieur » du cerveau ne s’apaise pas comme il le devrait, piégeant la personne dans des boucles de pensées répétitives.
Le profil 2, en revanche, montre la même hyperactivité des réseaux de vigilance mais sans rumination excessive, ce qui pourrait aider à préserver le sommeil.
Le profil 3 présentait des perturbations dans les réseaux liés à la vision, à la mémoire et au traitement émotionnel. Selon les chercheurs, cela reflète les effets sédatifs des somnifères, qui peuvent interférer subtilement avec la manière dont le cerveau intègre la perception et les signaux émotionnels.
Le profil 4 évoque un cerveau fonctionnant en dette de sommeil, avec des signes indiquant qu’il travaille en surrégime pour rester opérationnel. Le profil 5 montrait, lui, une communication plus faible entre les régions cérébrales responsables de l’attention, du mouvement et de la perception corporelle — probablement en raison des interruptions constantes du sommeil.
Pourquoi ces résultats comptent
Un sommeil perturbé ne se limite pas à une simple fatigue : il peut désorganiser les systèmes cérébraux qui régulent les émotions et la réponse au stress.
Aurore Perrault souligne que les résultats ont été obtenus chez de jeunes adultes en bonne santé, sans troubles diagnostiqués, ce qui suggère que les modifications cérébrales liées au sommeil concernent tout le monde, et pas seulement les personnes atteintes de pathologies.
Elle indique que l’étude montre l’importance d’évaluer l’ensemble du sommeil d’une personne – sa qualité, son horaire et sa continuité – afin d’aider les cliniciens à poser des diagnostics plus précis et à orienter les traitements.
La plupart des interventions pour le sommeil, qu’elles reposent sur des médicaments ou des approches comportementales, continuent de traiter le mauvais sommeil comme un problème unique, sans cibler les difficultés spécifiques, note Aurore Perrault. Bien que certains traitements soient destinés à des troubles particuliers — comme la mélatonine pour les difficultés temporaires d’endormissement ou les lits à bascule pour les réveils fréquents —, beaucoup de programmes restent trop généraux.
La thérapie cognitivo-comportementale de l’insomnie (TCC-I) peut aider ceux qui ont du mal à calmer leur esprit, tandis que le sommeil fragmenté découle souvent de causes sous-jacentes comme l’apnée du sommeil ou des facteurs environnementaux nocturnes qu’il faut traiter. En général, maintenir une bonne hygiène du sommeil — comme respecter des horaires réguliers de coucher et de lever, et limiter la caféine et le sucre au moins deux heures avant d’aller dormir — peut améliorer la qualité et la durée du repos.
Il est important de ne pas attendre que les problèmes de sommeil s’aggravent. Aurore Perrault recommande de consulter un médecin ou de demander une orientation vers une clinique du sommeil dès les premiers signes de troubles, en particulier si l’on se sent anormalement fatigué dans la journée ou que l’on a du mal à fonctionner. « Le problème n’est pas toujours la durée, mais la qualité du sommeil », conclut-elle.
Avant de se consacrer à l'écriture, Rachel a travaillé comme ergothérapeute, spécialisée dans les cas neurologiques. Elle a également enseigné des cours universitaires en sciences fondamentales et en ergothérapie professionnelle. Elle a obtenu une maîtrise en développement et éducation de l'enfant en 2019. Depuis 2020, Rachel écrit beaucoup sur des sujets de santé pour diverses publications et marques.
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