Exclusif
Première ministre du JaponSanae Takaichi à un souffle de devenir la prochaine Première ministre du Japon, sur fond de tractations de coalition
Le parti d'opposition Japan Innovation Party a apporté son soutien à Mme Takaichi, lui ouvrant ainsi la voie pour devenir la première femme Premier ministre du Japon.

Sanae Takaichi, la nouvelle dirigeante du Parti libéral-démocrate (PLD), parti au pouvoir au Japon, pose dans le bureau du chef de parti après l’élection présidentielle du PLD à Tokyo, le 4 octobre 2025.
Photo: Yuichi Yamazaki/Getty Images
Sanae Takaichi, cheffe du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, est en passe de devenir la prochaine Première ministre après que le Japan Innovation Party, principal parti d’opposition, a annoncé qu’il la soutiendrait pour former un nouveau gouvernement.
« J’ai dit à Mme Takaichi que nous devions aller de l’avant ensemble », a déclaré à la presse à Osaka Hirofumi Yoshimura, chef du Japan Innovation Party, connu sous le nom d’Ishin.
L’accord de coalition doit être finalisé le 20 octobre à Tokyo, où M. Yoshimura rencontre Mme Takaichi.
« Avec la nouvelle présidente Takaichi, nous ferons avancer la politique pour l’avenir du Japon. Je comprends que, du point de vue du parti, cela comporte un risque », a‑t‑il déclaré sur X. « Cependant, si personne ne prend ce risque, le Japon stagnant ne trouvera pas de voie d’avenir. Pour le bien du Japon, afin de tenir nos promesses et de faire progresser la société, je ferai un pas en avant. »
M. Yoshimura et le coprésident d’Ishin, Fumitake Fujita, ont rencontré des parlementaires du parti plus tôt dans la journée de lundi pour discuter de l’alliance proposée.
L’accord donnerait aux deux formations un total de 231 sièges à la Chambre basse, soit deux de moins qu’une majorité absolue, mais suffisant pour assurer la victoire de Mme Takaichi lors du vote parlementaire de mardi désignant le prochain chef du gouvernement.
Selon les règles, elle n’a besoin que d’une majorité des bulletins exprimés lors d’un second tour, et non de la majorité de l’ensemble des parlementaires.
La nouvelle coalition resterait un gouvernement minoritaire et aurait vraisemblablement besoin du soutien d’autres groupes d’opposition pour faire adopter ses projets de loi.
Mme Takaichi a conquis la direction du PLD le 4 octobre, se plaçant en position de succéder au Premier ministre Shigeru Ishiba.
Six jours plus tard, l’allié de longue date du PLD, le Komeito, s’est retiré de la coalition sur fond de scandale de financement. Ce retrait a contraint Mme Takaichi à rechercher de nouveaux partenaires pour sécuriser une majorité de travail au Parlement.
Le président américain Donald Trump a salué ce résultat, décrivant Mme Takaichi comme « une personnalité très respectée, dotée d’une grande sagesse et d’une grande force ».
Le secrétaire au Trésor des États‑Unis, Scott Bessent, a félicité Mme Takaichi pour son élection, affirmant dans un message sur X qu’elle avait démontré être « une dirigeante solide, une femme de politique et de communication », et qu’elle serait « une partenaire précieuse pour approfondir la relation entre le Japon et les États‑Unis ».
Il a ajouté que Washington se réjouissait de travailler avec elle sur « les questions économiques et de sécurité nationale d’intérêt mutuel ».
M. Trump doit participer au sommet des dirigeants de la Coopération économique Asie‑Pacifique (APEC), organisé en Corée du Sud entre le 31 octobre et le 1er novembre.
Dans des propos tenus à CNBC, M. Bessent a indiqué la semaine dernière que M. Trump se rendrait au Japon avant d’assister au sommet de l’APEC.
« Nous allons effectuer une visite, le président va effectuer une visite au Japon, puis se rendre en Corée pour la conférence de l’APEC, où les dirigeants, à ce stade, se réuniront », a‑t‑il déclaré.
Politiques
Mme Takaichi devrait poursuivre un resserrement de la coopération de défense avec les États‑Unis et maintenir le soutien à Taïwan pour contrer l’agressivité chinoise, même si des analystes estiment qu’une telle posture devra être équilibrée avec l’important lien économique du Japon avec Pékin.
Lors d’un rassemblement le 9 octobre dénonçant le bilan de Pékin en matière de droits de l’homme, elle a critiqué le traitement infligé par la Chine aux Mongols ethniques dans le nord du pays, soulignant sa ligne dure en matière de sécurité régionale.
Mme Takaichi a proposé que le Japon envisage de renforcer sa coopération de sécurité avec Taïwan.
Dans un discours le mois dernier, elle a également évoqué des signalements de mauvais traitements infligés par des touristes aux daims sacrés du parc de Nara, y voyant le reflet de préoccupations plus larges sur le comportement des visiteurs et le débat public croissant autour de l’immigration.
Mme Takaichi demeure attachée aux orientations économiques de l’ex‑Premier ministre Shinzo Abe, assassiné en 2022, connues sous le nom « d’Abenomics », plaidant pour un stimulus budgétaire et des réformes structurelles afin de relancer la croissance.
Elle a appelé à des baisses d’impôts pour alléger le coût de la vie des ménages et a critiqué la Banque du Japon pour ses hausses de taux, estimant que cette démarche pourrait étouffer la reprise.
Si sa nomination est confirmée mardi, Mme Takaichi deviendra la première femme Première ministre du Japon.
Chris Summers et Jarvis Lim ont contribué à cet article.

Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.
Articles actuels de l’auteur









