Quand les symptômes masquent l’essentiel : le diagnostic d’une nation
Derrière les troubles de la politique américaine, l’auteur voit d’abord une dégradation de l’état intérieur de ses citoyens. Une invitation à la responsabilité personnelle comme premier remède.

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Un problème qui en cache un autre
Récemment, l’une de mes filles a commencé à souffrir de caries, alors même qu’elle mangeait les mêmes aliments riches en nutriments que ses frères et sœurs. Je me souviens l’avoir regardée pendant que le dentiste me montrait toutes ces caries en me demandant : « Comment est-ce possible ? » Aucun de mes autres enfants ne présentait le moindre signe de dégradation. Nous brossions leurs dents, nous mangions correctement, nous faisions tout ce que l’on nous dit de faire « comme il faut ». Pourtant, quelque chose ne collait pas.
Les limites d’une culture du soulagement rapide
Les femmes en font l’expérience en permanence avec les mycoses chroniques. Certes, le Monistat soulage — chaque femme connaît cette petite boîte rangée sous le lavabo — mais il ne s’attaque pas à ce qui nourrit les pertes vaginales. Trop de sucre, un microbiome perturbé, un déséquilibre de l’écosystème entier. Éliminer les pertes vaginales à un endroit ne rétablit pas l’harmonie de l’ensemble. Pourtant, notre culture médicale repose précisément sur cette approche : traiter par zones, supprimer, anesthésier, renvoyer les patients chez eux sans la moindre compréhension de la cause profonde.
Et cet état d’esprit ne s’arrête pas à la médecine. C’est le mode de fonctionnement de notre culture dans son ensemble. Certains lecteurs ne comprennent peut-être même pas ce que « cause profonde » signifie réellement, tant nous vivons dans un monde qui nous entraîne à courir après les symptômes. Nous cherchons la solution immédiate, la pilule, la distraction, le cycle d’indignation politique — tout ce qui nous évite d’affronter le travail plus exigeant qui se trouve dessous.
Une nation malade de ses propres déséquilibres
Les résultats parlent d’eux-mêmes. Les États-Unis forment la nation la plus malade du monde développé. Obèse mais sous-nourrie. Inflammée, épuisée, carencée en minéraux, rongée par des dysfonctionnements métaboliques.
Mais la maladie ne touche pas seulement nos corps individuels.
Le système politique souffre lui aussi d’un dysfonctionnement métabolique — et ce dysfonctionnement découle du nôtre.
Le politique comme reflet de l’intime
Une nation n’est rien d’autre qu’une multitude d’individus, chacun étant une cellule d’un même corps. Si les cellules sont enflammées, déconnectées, mal nourries et déséquilibrées, le corps entier manifeste ces mêmes symptômes. Nous ne devrions pas nous étonner de voir la dysfonction remonter à la surface. Un corps reflète l’état de ses cellules.
C’est pourquoi aucun responsable politique ou personnage public — même s’il gagne en influence, s’il est élu ou s’il rassemble des millions de fidèles — ne constitue la cause profonde. Ce sont des symptômes. De l’inflammation sur la peau d’un système négligé, surmené, poussé au-delà de ses limites.
Pourquoi les extrêmes séduisent
Bien sûr que des gens se tournent vers des idées extrêmes : beaucoup se sentent désenchantés, ignorés, incertains quant à ce que l’avenir peut encore leur offrir. Lorsqu’une personne ne parvient plus à imaginer un avenir porteur de sens, elle s’accroche à quiconque parle avec assurance. Mais la plupart des Américains ne vivent pas aux extrêmes. Le centre est vaste. Je me situe à droite de ce centre ; beaucoup se situent à gauche. Mais aucun de ces groupes ne se confond avec les extrémistes. Ils représentent simplement ce qui remonte à la surface lorsque le pays perd son équilibre.
Une population fragilisée produit une politique fragile
Oui, le système politique dysfonctionne. Mais une seconde vérité s’impose : nous aussi, en tant qu’individus, sommes fragilisés, et nous constituons l’ensemble. Une population malade produit une politique malade. Une population craintive et dérégulée produit des dirigeants craintifs et dérégulés. Un pays rempli d’individus obsédés par les symptômes produit inévitablement un gouvernement obsédé par les symptômes.
La dysfonction nationale n’est pas distincte de notre dysfonction personnelle. Elle en est l’extension.
Retrouver une santé individuelle pour retrouver une santé collective
Alors comment restaurer la santé de nos corps et celle du corps du pays ?
Je pense que tout commence par une responsabilité personnelle radicale. Pas celle que les responsables politiques invoquent comme un slogan — la véritable. Celle qui requiert honnêteté, humilité, et une volonté de se corriger soi-même.
Nous devons devenir des cellules saines, sincères, ancrées, au sein du corps collectif.
Si chacun d’entre nous s’engage sur cette voie — non pas vers la perfection, mais vers la sincérité — nous reconstruisons la nation de l’intérieur.
Parce que si nous continuons à traiter les symptômes au lieu des causes, l’Amérique ne guérit pas : elle apprend seulement à mieux dissimuler la douleur.

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