Présidentielle 2027 : Gabriel Attal dévoile sa « nouvelle République » à Arras

Le secrétaire général du parti centriste français Renaissance, Gabriel Attal, prononce un discours lors de la réunion de fin d’été du parti à Arras, le 21 septembre 2025.
Photo: FRANCOIS NASCIMBENI/AFP via Getty Images
« Nous ne sommes plus en 2017, ni en 2022 ». À l’occasion de la rentrée politique de Renaissance, dimanche à Arras, Gabriel Attal a posé les jalons d’un projet de « nouvelle République », tourné vers l’élection présidentielle de 2027. Une manière d’affirmer son ambition, malgré les tensions internes avec les fidèles d’Emmanuel Macron.
Un léger accroc technique est venu perturber la scène finale : lors de la diffusion de la Marseillaise, son introduction s’est répétée à l’infini dans les haut-parleurs du parc des expositions d’Arras. Quelque 3000 militants et sympathisants étaient pourtant rassemblés pour écouter l’ancien Premier ministre prononcer son discours de clôture, au terme d’un week-end marqué par la rentrée du parti fondé par le chef de l’État en 2016.
Des absences remarquées
Plusieurs figures du mouvement ont brillé par leur absence. Certaines ont invoqué les Journées du patrimoine pour regagner leur circonscription. D’autres ont purement et simplement choisi de déserter, à l’image de Benjamin Haddad et d’Aurore Bergé. Même Élisabeth Borne, présidente du conseil national de Renaissance, n’avait pas fait le déplacement. Restés fidèles, deux ministres démissionnaires de la région, Agnès Pannier-Runacher et Gérald Darmanin, occupaient pourtant le premier rang.
Ces défections trouvent leur origine dans les déclarations offensives qui avaient fleuri, en amont, dans l’entourage de Gabriel Attal, annonçant un « discours fondateur » prononcé par « un homme libre », à l’heure où ses relations avec Emmanuel Macron demeurent glaciales. « Consigne a été donnée manifestement à haut niveau de ne pas assister au discours », confiait un cadre du parti. Un réfractaire se montrait plus explicite encore : « M. Attal a le droit d’affirmer une ambition présidentielle, mais on ne veut pas que ce parti devienne un parti de rupture avec le président ».
Un projet émancipé de l’héritage macronien
À la tribune, Gabriel Attal s’est montré déterminé : « Nous ne sommes pas audibles si nous ne reconnaissons pas la réalité : l’origine première de cette instabilité, c’est la dissolution de l’Assemblée nationale », a-t-il lancé sous des applaudissements mesurés, contrastant avec les acclamations des jeunes militants scandant « Attal président ». Refusant la personnification du pouvoir, il a exhorté : « Cessons de croire au mythe de l’homme providentiel et acceptons de partager le pouvoir ».
Sans tourner le dos au présent, le secrétaire général de Renaissance a promis son soutien à Sébastien Lecornu, le nouveau Premier ministre, tout en se projetant vers 2027 avec la promesse d’une « nouvelle République » où « tout sera refondé ». Il a esquissé plusieurs pistes : un système de retraites par points supprimant l’âge légal, un permis à points pour l’immigration, ou encore l’instauration dans la Constitution d’un « principe de non-régression sociétale », sur le modèle de la protection environnementale déjà en vigueur.
Entre refondation et compromis
Sur le plan institutionnel, le détail de ses réformes reste à préciser. Gabriel Attal évoque toutefois le recours accru aux référendums, la baisse du nombre de parlementaires, la suppression d’une strate de collectivités territoriales et une lutte renforcée contre les « recours » systématiques freinant les grands projets. L’ambition affichée : bâtir une « Ve République du XXIe siècle ».
Pour autant, Renaissance doit composer avec la crise politique actuelle. De retour à Matignon avec Sébastien Lecornu, le parti doit négocier avec les socialistes pour éviter une motion de censure. Si l’idée d’une taxe « Zucman » réclamée par la gauche semble écartée, « il ne faut pas ajouter d’impôts qui mettraient des boulets aux pieds de nos entreprises », a mis en garde Attal. Une ligne contestée jusque dans son camp. « Cette guerre, on l’a perdue », concède un dirigeant, rappelant que le principe d’une taxation accrue des plus fortunés est partagé « y compris dans l’aile droite » de Renaissance.
Sur les retraites, le parti continue de défendre la réforme Borne de 2023, tout en admettant la nécessité de compromis. « Il faut déterminer quel compromis permet à la France d’avoir un budget. Nous aurons l’occasion de dire ce que nous pensons de ce compromis, et nous ne serons pas des obstacles », a résumé un responsable.

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