Orléans refuse la suppression du 8 mai, dénonçant une menace pour les fêtes de Jeanne d’Arc

Mathilde Edey Gamassou, incarnant Jeanne d’Arc, participe à l’hommage officiel qui lui est rendu lors des Fêtes johanniques, le 8 mai 2018 à Orléans.
Photo: Crédit photo GUILLAUME SOUVANT/AFP via Getty Images
Lors de la présentation de son plan pour le budget 2026, François Bayrou a proposé la suppression de « deux jours fériés », dont « le 8-Mai ». Cette proposition a aussitôt fait réagir deux anciens maires d’Orléans et l’actuel édile. Dans une lettre adressée au Premier ministre ce 19 juillet, ils ont expliqué pourquoi cette date, célébrant Jeanne d’Arc et rassemblant des milliers de personnes chaque année, devait être maintenue fériée.
La Ville d’Orléans tient particulièrement à garder son 8 Mai. Si la date marque « la victoire contre le nazisme » et « la fin de la Seconde Guerre mondiale sur le sol européen », elle célèbre aussi les fêtes de Jeanne d’Arc dans la ville. Serge Grouard, le maire divers droite, Olivier Carré – ancien maire de la ville et ancien député LR de la 1re circonscription du Loiret – ainsi que Jean-Pierre Sueur – Membre honoraire du Parlement, ancien ministre et également ancien maire d’Orléans – ont exprimé leur opposition à la proposition du chef du gouvernement.
Ces fêtes « transcendent les divisions »
Dans le but de réaliser 43,8 milliards d’économies, le Premier ministre a déclaré mardi 15 juillet vouloir supprimer certains jours fériés, citant en exemple le 8 mai et le lundi de Pâques. Il s’est néanmoins dit « prêt » à « accepter » ou « examiner » d’autres dates.
Dans leur lettre ouverte, Serge Grouard, Olivier Carré et Jean-Pierre Sueur ont expliqué qu’en dépit de leurs « parcours et sensibilités différentes », ils se sont unis pour défendre ces fêtes, ce qui montre combien elles « transcendent les divisions et révèlent ce que le pays a de plus fédérateur ».
« Nous vous demandons de reconsidérer la suppression du jour férié du 8 mai, en particulier parce qu’elle risquerait d’affaiblir la portée des fêtes johanniques et, au-delà, de mettre à mal un moment de cohésion, de mémoire et d’identité nationale », ont affirmé les trois auteurs de la lettre. Indiquant que le défilé militaire du 8 mai à Orléans est « le deuxième le plus important de France après celui du 14 juillet à Paris », ils ont mentionné que la plupart des présidents de la République y ont participé.
Une célébration qui rassemble plus de 150.000 personnes chaque année
Cette date « hautement symbolique à la fois pour la Nation et pour Orléans » est un « jalon essentiel de notre mémoire collective, porteur de valeur de résistance, de liberté et de paix », ont-ils poursuivi, ajoutant que les fêtes de Jeanne d’Arc représentent une « célébration singulière et unique en France, qui rassemble chaque année plus de 150.000 personnes, venues de toute la France et même de l’étranger ».
En outre, la missive a rappelé que l’Assemblée nationale avait voté à l’unanimité, le 24 juin 1920, une loi ainsi rédigée : « La République française célèbre annuellement la fête de Jeanne d’Arc. » Ce texte, « toujours en vigueur », confère à cette célébration « le statut de fête nationale, en reconnaissance de l’importance de la délivrance d’Orléans en 1429 et de sa portée pour l’histoire de notre pays ».
Soulignant que « cette reconnaissance, votée également par le Sénat en 1894, dépasse largement le cadre local », les trois hommes ont stipulé que les fêtes de Jeanne d’Arc « incarnent ce lien rare entre l’histoire, la République et la jeunesse ».
« Mettre à mal un moment de cohésion, de mémoire et d’identité nationale »
« À une époque où notre société est traversée par le doute, par la fragmentation du récit national, ces symboles prennent une valeur encore plus essentielle. Ils nous rassemblent, ils sont des repères », ont également confié les deux anciens élus et l’édile actuel, estimant que cette suppression du 8 mai « risquerait d’affaiblir la portée des fêtes johanniques » et « de mettre à mal un moment de cohésion, de mémoire et d’identité nationale ».
Le 8-Mai, considéré comme l’anniversaire de la victoire des Alliés en 1945, est devenu une journée de commémoration dès 1946, puis férié à partir de 1953 jusqu’en 1959. Le président François Mitterrand l’avait rétabli férié en 1981.
François Bayrou a estimé mardi dernier que le mois de mai était « devenu un véritable gruyère, où l’on saute de ponts en viaducs de congés ». Le chef du gouvernement a également parlé de supprimer le lundi de Pâques, qui n’a selon lui « aucune signification religieuse », bien que cette date soit fériée dans plus d’une centaine de pays dans le monde.

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