Manche : deux migrants périssent lors d’une nouvelle traversée clandestine

Des migrants tentent d’embarquer sur un bateau de passeurs pour traverser la Manche depuis une plage de Gravelines, le 19 septembre 2025.
Photo: SAMEER AL-DOUMY/AFP via Getty Images
Deux femmes somaliennes ont trouvé la mort dans la nuit de vendredi à samedi lors d’une tentative de traversée clandestine de la Manche entre la France et le Royaume-Uni. Dans le même temps, le corps sans vie d’un autre migrant a été découvert dans un canal à Gravelines (Nord).
Le premier drame est survenu près de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, alors qu’une centaine de migrants embarquaient sur une frêle embarcation de fortune, a déclaré à l’AFP la sous-préfète de Montreuil-sur-Mer, Isabelle Fradin-Thirode.
Une embarcation à la dérive
L’embarcation, partie depuis Neufchâtel-Hardelot, a regagné le rivage une heure plus tard, incapable de démarrer et dérivant en mer, a indiqué la préfecture du Pas-de-Calais. Les deux victimes étaient « deux adultes somaliennes », selon le parquet de Boulogne-sur-Mer.
Une soixantaine de rescapés, trempés, ont été pris en charge par la protection civile tandis que d’autres s’étaient dispersés avant l’arrivée des secours. Parmi eux, un couple et leur enfant ont été transportés à l’hôpital de Boulogne-sur-Mer, souffrant d’une hypothermie légère.
Parallèlement, un migrant a été retrouvé mort samedi matin dans un canal de Gravelines, a confirmé la préfecture. D’après un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles, au moins 26 migrants ont péri en 2025 lors de tentatives de traversée de la Manche. Depuis 1999, plus de 500 personnes y ont perdu la vie, selon des associations.
Des précédents récents
Au début du mois de septembre, deux Vietnamiens et un adolescent égyptien avaient péri, vraisemblablement écrasés au fond d’une embarcation partie de Sangatte. Les autorités avaient également évoqué trois migrants disparus en mer dans un autre secteur durant la même nuit.
Vendredi encore, une équipe de l’AFP a observé plusieurs centaines de migrants en mouvement vers le littoral de Gravelines, guettant un créneau météo favorable. « Plusieurs tentatives ont été empêchées par les policiers et les gendarmes », a précisé la préfecture.
Ces traversées clandestines sont effectuées sur des « small boats » de quelques mètres à peine, fréquemment surchargés et au départ souvent chaotique. Malgré l’intensification constante des moyens français pour endiguer ces départs, soutenus financièrement par le Royaume-Uni, les traversées continuent d’augmenter. Plus de 32.000 migrants ont déjà réussi à rejoindre les rives britanniques depuis janvier, un record.
Un accord entre Londres et Paris contesté
Sous la pression de l’extrême droite, le gouvernement travailliste britannique a conclu à l’été un accord migratoire avec Paris, entré en vigueur en août. Ce texte prévoit que les migrants entrés illégalement au Royaume-Uni soient renvoyés en France, en contrepartie de l’accueil par Londres de demandeurs susceptibles d’être régularisés, selon un principe de « un pour un ».
Les premiers transferts ont eu lieu ce mois-ci mais restent très limités. Pour les ONG, cet accord demeure essentiellement symbolique et pourrait faire l’objet de recours en justice.
Sur le terrain, la mesure ne décourage pas celles et ceux qui, après des parcours éprouvants, veulent coûte que coûte atteindre l’Angleterre. Dans le campement précaire de Loon-Plage, près de Dunkerque, les migrants expriment une résignation mêlée de détermination. « Si je reste ici, je suis mort. Et si je rentre chez moi, je suis mort », confiait Saad, Palestinien originaire d’Irak, rencontré cette semaine.

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