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Nos habitudes beauté pourraient nuire à nos poumons

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Photo: siamionau pavel/Shutterstock

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Durée de lecture: 10 Min.

Selon une étude récente qui a suivi près de 40.000 personnes pendant plus d’une décennie, les femmes qui utilisent fréquemment des produits de beauté et de soin de la peau ont 19 % de risques en plus de développer de l’asthme plus tard dans leur vie.
La recherche, publiée dans Environment International, s’ajoute aux préoccupations croissantes concernant les produits chimiques perturbateurs du système hormonal que l’on trouve couramment dans les produits de soins personnels quotidiens, du rouge à lèvres au fard à joues en passant par la crème à cuticules et les faux ongles.
L’asthme est souvent considéré comme une maladie infantile, mais l’asthme à l’âge adulte touche plus de personnes que l’asthme infantile et touche de manière disproportionnée les femmes. Bien que les raisons ne soient pas entièrement comprises, les inquiétudes croissantes pointent vers une exposition plus élevée des femmes aux produits chimiques altérant les hormones présents dans les produits de soins personnels comme un possible facteur de risque.
Quand les soins personnels deviennent un risque pour la santé
Les conclusions proviennent de la Sister Study, une grande cohorte de 39.408 femmes âgées de 35 à 74 ans ayant une sœur atteinte d’un cancer du sein.
Près de 1800 de ces femmes ont développé de l’asthme à l’âge adulte, et leur asthme a été lié aux produits personnels qu’elles utilisaient.
Les femmes qui utilisaient du fard à joues, du rouge à lèvres, des faux ongles, de la crème à cuticules et de la pommade ou de la graisse pour les cheveux plus de cinq fois par semaine présentaient la plus forte association avec un risque accru d’asthme.
Les produits de soins personnels contiennent souvent un mélange de produits chimiques qui peuvent interférer avec la fonction hormonale, notamment les phtalates, les parabènes – certains parabènes sont encore autorisés (parabène de méthyle, parabène d’éthyle – à des concentrations limitées et les « substances chimiques éternelles » (PFAS).
Ces substances chimiques sont souvent ajoutées pour diverses raisons. Les phtalates permettent de prolonger la tenue des parfums et d’obtenir des textures plus lisses. Les parabènes préservent les produits en empêchant la prolifération microbienne. Les substances per- et polyfluoroalkylées – connues sous le sigle PFAS (« substances chimiques éternelles ») – sont un groupe de composés synthétiques présents dans de nombreux produits de soins personnels ; elles facilitent l’étalement des cosmétiques, les rendent résistants à l’eau et leur donnent de la brillance. Dans certains cas, les emballages plastiques peuvent également contenir ces substances chimiques éternelles, susceptibles de migrer vers le produit.

Le Dr Thomas Holland, médecin-chercheur et professeur assistant (non impliqué dans l’étude), rappelle que d’autres travaux ont également mis en évidence la présence de perturbateurs endocriniens (endocrine-disrupting chemicals, EDC) dans les produits de soins. La recherche récente suggère qu’ils pourraient aussi influencer la santé respiratoire par plusieurs mécanismes.

Certains parabènes et phtalates agissent comme des hormones ou bloquent les signaux hormonaux naturels. C’est important car l’asthme est influencé par les hormones. Des niveaux élevés d’œstrogènes – hormones sexuelles féminines – ont été associés à une aggravation de l’asthme. Une hausse des œstrogènes peut rendre les cellules immunitaires plus sensibles à l’inflammation et aux allergies, ce qui peut déclencher ou accentuer les crises d’asthme.

Les perturbateurs endocriniens (EDC) peuvent également affaiblir la réponse immunitaire normale du corps, augmentant ainsi le risque d’asthme allergique et non allergique.
Un autre lien possible est le stress oxydatif, qui se produit lorsque des radicaux libres nocifs submergent la capacité du corps à les neutraliser avec des antioxydants. Cette réponse de stress oxydatif peut endommager les cellules des voies respiratoires, déclencher une inflammation et les rétrécir.
Enfin, les perturbateurs endocriniens pourraient altérer le fonctionnement de certains gènes, en particulier ceux liés à l’inflammation et à l’immunité, ce qui pourrait rendre les personnes plus vulnérables à l’asthme au fil du temps.
Cependant, le Dr Holland a mis en garde : bien que les résultats soient convaincants, les effets biologiques ont été observés principalement en laboratoire ou lors d’études humaines de phase précoce. Davantage de recherches sont nécessaires pour confirmer si ces mécanismes expliquent les associations observées dans l’étude.
L’étude a révélé que, par rapport aux utilisateurs occasionnels, les utilisateurs modérés et fréquents de produits de soins personnels combinés présentaient un risque accru de 19 % de développer un asthme apparaissant à l’âge adulte. Les utilisateurs fréquents de produits de beauté affichaient un risque accru de 22 %, avec des hausses similaires observées pour les produits d’hygiène et de soins de la peau.

Il s’agit d’augmentations relatives : ainsi, pour 100 utilisateurs occasionnels développant un asthme, on s’attendrait à environ 119 à 122 cas chez les utilisateurs plus réguliers.

Les femmes ayant développé un asthme avaient tendance à présenter un indice de masse corporelle plus élevé, une exposition accrue au tabagisme passif, un revenu plus faible, un statut post-ménopausique et des antécédents familiaux d’asthme – autant de facteurs susceptibles d’avoir influencé les résultats.

Réglementation des perturbateurs endocriniens

Si les phtalates sont interdits dans les jouets pour enfants et ont été réduits dans certains produits de soins personnels, il n’y a pas de preuves suffisantes pour interdire totalement les parabènes ou les phtalates dans tous les cosmétiques, faute d’éléments démontrant un effet sur l’humain. La plupart des actions concernant la réglementation des substances chimiques éternelles se sont concentrées sur les emballages alimentaires, certains types étant progressivement retirés du marché ces dernières années.

La réglementation sur les produits et les ingrédients cosmétiques en France est principalement encadrée par la législation européenne, qui est l’une des plus strictes au monde. La France adapte ensuite ces règles au niveau national via le Code de la santé publique.
Le règlement (CE) n° 1223/2009 est le texte de référence pour tous les produits cosmétiques vendus dans l’Union Européenne. Il a pour objectif principal de garantir la sécurité des consommateurs.
• Il rend les produits cosmétiques vendus dans l’Union européenne (UE) plus sûrs en établissant des exigences strictes en matière de sécurité pour protéger la santé humaine.
• Il simplifie les procédures pour les entreprises et les autorités de réglementation du secteur, et garantit que les produits cosmétiques peuvent circuler librement au sein du marché unique.
• Il met à jour les règles afin de tenir compte des dernières évolutions technologiques et scientifiques, y compris l’utilisation potentielle de nanomatériaux.
• Il interdit l’expérimentation animale.
« La réaction instinctive face à ces études est toujours : ‘Comment le consommateur doit-il changer ?’, et non ‘Pourquoi avons-nous ces produits chimiques dans ces produits ?’ », a déclaré à Epoch Times Aidan Charron, directeur associé d’EARTHDAY.ORG.
Il a expliqué que les consommateurs supposent souvent que les produits appliqués sur leur peau ont été minutieusement contrôlés. « Nous avons besoin d’une réglementation plus stricte sur ces produits et d’un examen plus approfondi. Si les entreprises ne le font pas, il appartient à nos instances dirigeantes de nous protéger. »
Comment limiter l’exposition
Bien que les résultats reposent sur des données d’observation et ne puissent pas prouver une relation de cause à effet, ils mettent en lumière un lien potentiel entre les expositions quotidiennes et les maladies respiratoires chroniques. « Compte tenu de l’utilisation généralisée et routinière de ces produits, même une légère augmentation du risque pourrait avoir des implications significatives à l’échelle de la population », a déclaré le Dr Holland.
Pour les personnes préoccupées par leur exposition, il a suggéré quelques mesures de précaution possibles.

Certains consommateurs peuvent choisir d’utiliser moins de produits, de réduire la fréquence d’utilisation ou d’opter pour ceux portant la mention « sans parabènes » et « sans phtalates », afin de limiter leur exposition, a indiqué le Dr Holland.

Il a ajouté que toute modification devrait tenir compte des préférences individuelles et du niveau personnel d’acceptation du risque.

Le Dr Holland a souligné que cette recherche met en évidence la nécessité d’une réglementation plus stricte et de messages de santé publique plus clairs, afin que les consommateurs ne soient pas laissés seuls à évaluer la sécurité des produits.

Avant de se consacrer à l'écriture, Rachel a travaillé comme ergothérapeute, spécialisée dans les cas neurologiques. Elle a également enseigné des cours universitaires en sciences fondamentales et en ergothérapie professionnelle. Elle a obtenu une maîtrise en développement et éducation de l'enfant en 2019. Depuis 2020, Rachel écrit beaucoup sur des sujets de santé pour diverses publications et marques.

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