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Colère des éleveurs face à la dermatose nodulaire

« L’État massacre nos élevages » : à Besançon et Vesoul, la colère monte face à la dermatose nodulaire 

Après l’abattage d’un troupeau vacciné à Pouilley-Français, la colère gronde dans le monde agricole. À Besançon et Vesoul, des centaines d’éleveurs ont manifesté contre la politique sanitaire du gouvernement face à la dermatose nodulaire contagieuse, dénonçant une politique « d’abattage à l’aveugle ». 

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Photo: Matthieu RONDEL / AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Les syndicats agricoles montent au créneau. Dans le Doubs et la Haute-Saône, plusieurs centaines d’agriculteurs ont manifesté ce mercredi 10 décembre contre la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire contagieuse, rapporte France 3 Bourgogne-Franche-Comté. À Besançon, comme à Vesoul, les membres de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale ont dénoncé les « massacres systématiques » de troupeaux entiers, malgré la vaccination. Leur colère fait suite à l’abattage du troupeau de la famille Lhomme, à Pouilley-Français, le 2 décembre dernier. 

« Les animaux de nos élevages ne sont pas que des numéros » 

Sur le parvis de la gare Viotte à Besançon, plus de 300 manifestants ont déployé banderoles et slogans. Certains, vêtus de combinaisons blanches et masqués en vaches ensanglantées, portaient autour du cou les noms des 83 bêtes abattues : « Hermille, Nana, Poppy, Pluie… ». Cette mise en scène, empreinte d’émotion, visait à illustrer le traumatisme des éleveurs.  
« On a voulu mettre en scène ce qui s’est passé », explique à nos confrères Laurence Lyonnais, porte-parole de la Confédération paysanne du Doubs. « Les animaux de nos élevages ne sont pas que des numéros, ce ne sont pas des voitures qu’on retire du marché car elles ont un défaut », poursuit-elle avant d’ajouter : « Ce sont des êtres vivants qu’on a élevés sur plusieurs générations. Avec lesquelles on a noué des liens sensibles et auxquelles on apporte des soins tous les jours, quotidiens. Les bêtes passent avant la vie de famille. […] C’est notre famille élargie. » 

« Rien ne nous oblige à avoir recours à l’abattage, il y a d’autres stratégies »  

À Vesoul, la mobilisation prenait une tournure similaire. Devant la préfecture, un cercueil noir portait les prénoms des vaches abattues et le message visant la ministre de l’Agriculture : « Genevard nous a tués ». Autour, une centaine de manifestants et une vingtaine de tracteurs exprimaient leur rejet d’une politique sanitaire jugée « autoritaire ». 
« Non seulement ça a été l’abattage d’un troupeau, comme il y en a déjà eu une centaine depuis la crise de la DNC en France, mais c’est la première fois qu’un usage démesuré de la force a été fait à l’encontre de paysannes et paysans », pointe encore Laurence Lyonnais. Selon elle, « rien ne nous oblige à avoir recours à l’abattage, il y a d’autres stratégies comme c’est le cas dans d’autres pays ». « Ce sont des raisons économiques liées aux accords commerciaux pour l’export qui donnent cette gestion-là », dénonce-t-elle.  

« L’abattage total des foyers est la seule mesure possible »  

Face à cette fronde, la ministre de l’Agriculture, en déplacement à Besançon le 6 décembre dernier pour tenter d’apaiser les tensions, a rappelé que « l’abattage total des foyers est la seule mesure possible » pour enrayer cette maladie « très grave ». « Elle peut entraîner la mortalité de 10 % du cheptel bovin français. C’est 1,5 million de bovins qui seraient morts de la maladie si nous ne la contenions pas », a-t-elle ajouté, comme l’a relayé France 3. 
Ce lundi 8 décembre, lors d’une réunion d’information, Olivier Debaere, directeur de la crise de la DNC au ministère, a confirmé que quatre bovins du troupeau de Pouilley-Français étaient infectés. L’enquête en cours privilégie la piste d’un transport illicite en provenance du foyer d’Ecleux (Jura) pour expliquer cette contamination. 
Le Doubs n’est pas le seul département touché : de nouveaux foyers de dermatose nodulaire contagieuse continuent d’émerger en France. À Bordes-sur-Arize, en Ariège, une vache est morte de la maladie ce mercredi, rapporte Ici Occitanie. En conséquence, les autorités ont ordonné l’abattage complet du troupeau, composé de 207 bêtes. Mais sur place, près de 400 agriculteurs, soutenus par la Coordination rurale et la Confédération paysanne, bloquent l’accès à la ferme.