Les compléments alimentaires à base de cannelle risquent de réduire l’efficacité des médicaments, selon une étude

Le cinnamaldéhyde, le composé responsable de la saveur et de l’odeur caractéristiques de la cannelle, peut interférer avec la façon dont le corps métabolise les médicaments. La récente étude sur des cellules hépatiques et intestinales humaines a révélé qu’à des concentrations élevées, ce composé pourrait accélérer le métabolisme des médicaments, les éliminant avant qu’ils ne puissent faire pleinement effet.

« Le cinnamaldéhyde a un potentiel d’interactions médicamenteuses faible à modéré selon nos études préliminaires in vitro« , a déclaré par e-mail à Epoch Times le co-auteur de l’étude Bill Gurley, scientifique.

Ce qu’ont découvert les chercheurs

Dans une étude de l’université du Mississippi, publiée dans Food Chemistry: Molecular Sciences, les chercheurs ont découvert que le cinnamaldéhyde peut activer certains récepteurs dans le corps – connus sous le nom de PXR et AhR – qui peuvent amener le corps à éliminer les médicaments trop rapidement, ce qui peut réduire leur efficacité. À des concentrations supérieures à 270 microgrammes par millilitre, qui ne seraient atteintes qu’en prenant des compléments à forte dose, le cinnamaldéhyde a activé ces récepteurs, agissant comme des gardiens, indiquant au corps la vitesse à laquelle il doit décomposer et éliminer les médicaments.

Les chercheurs affirment que cela pourrait être préoccupant pour les personnes prenant certains médicaments, en particulier les médicaments métabolisés par les enzymes hépatiques CYP2C9 et CYP1A2, comme certains anticoagulants, médicaments contre le diabète, antidépresseurs et anti-inflammatoires.

« La cannelle et les compléments à base de cannelle sont assez sûrs lorsqu’ils sont utilisés avec modération », a déclaré Bill Gurley. « La probabilité que le cinnamaldéhyde pose un risque d’interactions médicamenteuses cliniquement significatives est assez faible. »

« Il est acceptable de consommer de la cannelle dans les aliments ou de la prendre comme complément avec modération », a déclaré par e-mail à Epoch Times Shabana Khan, scientifique et co-auteure de l’étude. Cependant, des problèmes de santé peuvent survenir lorsque les compléments sont utilisés à fortes doses ou pendant de longues périodes, en particulier sans l’avis d’un médecin.

Certaines personnes prennent des produits à base de cannelle comme complément alimentaire pour la perte de poids, la gestion de la glycémie et la réduction de l’inflammation.

« Il est difficile de définir quelle quantité est excessive, car différentes préparations ou produits/compléments auront des quantités différentes ou varieront en composition », a-t-elle déclaré. « Elle doit être utilisée avec modération. »

Apprendre à connaître la cannelle

La cannelle est utilisée sous plusieurs formes, chacune présentant des niveaux de risque différents.

La plupart de la cannelle vendue dans les magasins américains est de la cannelle de Ceylan, qui contient des niveaux de cinnamaldéhyde significativement plus élevés que la cannelle de Chine (ou « vraie » cannelle).

Les étiquettes n’indiquent pas toujours le type de cannelle utilisé ; sauf indication contraire, il s’agit le plus souvent de cannelle de Chine. On peut également contacter le fabricant pour obtenir des clarifications, surtout si on prend de la cannelle sous forme de complément alimentaire.

Outre le cinnamaldéhyde, la cannelle contient également de la coumarine, un anticoagulant naturel. « La cannelle de Chine, souvent originaire de régions comme le sud de la Chine, contient des niveaux de coumarine significativement plus élevés et est un anticoagulant puissant comparé à la vraie cannelle (Cinnamomum verum) du Sri Lanka », a déclaré par e-mail à Epoch Times Amar Chittiboyina, directeur associé au National Center for Natural Products Research et co-auteur de l’étude.

La vraie cannelle ou cannelle de Ceylan contient beaucoup moins de coumarine – un composé naturel – et est généralement considérée comme plus sûre. Une forte consommation de coumarine peut augmenter le risque de saignement lorsqu’elle est associée à des anticoagulants.

« Nous conseillons vivement aux personnes qui prennent actuellement des anticoagulants et qui envisagent d’intégrer la cannelle à leur routine quotidienne de consulter leur médecin traitant », selon Amar Chittiboyina.

Néanmoins, les chercheurs affirment que – utilisée de manière appropriée – la cannelle peut offrir des avantages. Une revue scientifique de 2022 a souligné les propriétés anti-inflammatoires, antidiabétiques, antibactériennes, antifongiques et même anticancéreuses potentielles du cinnamaldéhyde, dans des études en laboratoire.

Autres herbes et aliments concurrents

La cannelle n’est pas le seul ingrédient naturel qui peut interagir avec les médicaments. Des herbes et des aliments courants peuvent affecter la façon dont les médicaments sont absorbés ou décomposés – un point à garder à l’esprit si on prend des médicaments régulièrement.

Par exemple, le pamplemousse peut bloquer les enzymes qui décomposent certains médicaments, comme certaines statines hypocholestérolémiantes, augmentant potentiellement le risque d’effets secondaires. Les légumes à feuilles vertes sont riches en vitamine K, ce qui peut interférer avec les anticoagulants comme la warfarine. Les produits laitiers peuvent réduire l’absorption de certains antibiotiques, les rendant moins efficaces.

Plusieurs herbes et compléments alimentaires ont également été associés à des interactions médicamenteuses bien documentées, selon Bill Gurley. Le millepertuis, souvent utilisé pour la dépression légère, peut réduire l’efficacité de médicaments comme les antidépresseurs, les pilules contraceptives et les antiviraux en accélérant l’activité des enzymes hépatiques.

L’hydraste du Canada peut ralentir le métabolisme de certains médicaments comme les statines, les antihistaminiques et les sédatifs, augmentant ainsi les niveaux de ces médicaments dans le corps. Et la racine de réglisse – à moins que le composé glycyrrhizine n’ait été retiré – peut augmenter la tension artérielle et interférer avec les médicaments contre l’hypertension.

« Notre meilleur conseil est d’aller voir un professionnel de la santé avant d’utiliser des compléments alimentaires en même temps que des médicaments sur ordonnance », selon Shabana Khan.