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Les bénéfices industriels chinois ont chuté en mai du fait de la faiblesse de la demande et des droits de douane américains

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Des employés travaillent dans une usine qui produit des batteries au lithium destinées à l'exportation à Huaibei, en Chine, le 11 juin 2024.

Photo: AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Les bénéfices industriels des grandes entreprises chinoises ont reculé en mai par rapport à l’année précédente, inversant la légère hausse enregistrée au cours des mois précédents, alors que la faiblesse de la demande intérieure et la guerre tarifaire avec les États-Unis ont pesé sur les fabricants.
Les données publiées le 27 juin par le Bureau national des statistiques chinois montrent que les bénéfices ont baissé de 9,1 % en glissement annuel en mai. Cette baisse a effacé le gain cumulé de 1,4 % observé au cours des quatre premiers mois de 2025 et a fait reculer les bénéfices globaux pour la période janvier-mai à une baisse de 1,1 %.
Yu Weining, statisticien au bureau, a attribué cette baisse à plusieurs facteurs, notamment « une demande effective insuffisante, la chute des prix des produits industriels et les fluctuations à court terme ».
M. Yu n’a pas précisé ce qu’il entendait par « fluctuations à court terme » ni si elles étaient liées aux tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, qui ont récemment abouti à une trêve.
Au cours des derniers mois, Washington et Pékin se sont livrés à une escalade tarifaire, les droits de douane sur certains produits chinois atteignant jusqu’à 145 % – une mesure prise par l’administration Trump pour équilibrer les déficits commerciaux et rapatrier la production depuis l’étranger. L’incertitude et l’augmentation des coûts ont poussé de nombreuses usines chinoises à réduire ou à interrompre leur production jusqu’en avril et mai, période durant laquelle les deux pays ont tenu des négociations visant à assouplir les restrictions commerciales qui ne cessaient de s’intensifier.
Par secteur, l’industrie minière a enregistré une forte baisse de 29 % de ses bénéfices au cours de la période janvier-mai. Le secteur de la construction automobile a également affiché une baisse de 11,9 % en glissement annuel, la plus forte depuis le premier trimestre 2023. Le ralentissement a été exacerbé par une guerre des prix agressive, les constructeurs automobiles se disputant des parts de marché national dans un contexte de barrières commerciales croissantes à l’étranger.
Certaines industries ont toutefois bénéficié des mesures de relance prises par Pékin, telles que le programme de reprise qui offre des subventions en espèces aux consommateurs qui remplacent leurs anciens appareils électroménagers. Stimulés par les subventions gouvernementales, les bénéfices des fabricants d’appareils domestiques intelligents ont bondi de 101,5 %, tandis que les fabricants de machines générales et d’appareils électroménagers ont également enregistré une croissance à deux chiffres.
Les secteurs aérospatial, aéronautique et maritime chinois ont également maintenu leur position, enregistrant une augmentation de 56 % de leurs bénéfices. Selon M. Yu, cette forte hausse est liée au programme d’exploration lunaire en missions habitées de la Chine et au lancement de son gros avion commercial construit localement.
Les entreprises publiques ont vu leurs bénéfices chuter de 7,4 % au cours des cinq derniers mois, tandis que les entreprises privées ont enregistré une baisse moins importante, de 1,5 %. Les entreprises industrielles à capitaux étrangers, notamment celles soutenues par des investisseurs de Hong Kong, Macao et Taïwan, ont affiché une légère hausse de 0,3 %.
Les bénéfices industriels sont un indicateur clé de la santé financière des usines, des mines et des services publics chinois, et influencent souvent les décisions d’investissement des mois à venir. Les derniers chiffres mettent en évidence les défis auxquels Pékin est confronté pour atteindre ses objectifs économiques fixés par le pouvoir politique.
En mars, l’Assemblée populaire nationale, l’organe législatif chinois qui ne fait que ratifier les décisions prises par le gouvernement, a tenu sa réunion annuelle et fixé l’objectif de croissance du PIB du pays pour 2025 à « environ 5 % ». Le bureau chinois des statistiques a annoncé un taux de croissance réel du PIB de 5 % pour 2024 après ajustement pour tenir compte de l’inflation, bien que de nombreux économistes indépendants contestent l’exactitude de ce chiffre.
Les analystes du Rhodium Group estiment que la croissance réelle effective de la Chine en 2024 était inférieure à 3 %. Parallèlement, un modèle développé par la Banque de Finlande, qui conteste en grande partie les ajustements inflationnistes de Pékin, estime la croissance à un peu moins de 4 %.
Si l’on exclut les années marquées par la pandémie de Covid-19, le chiffre officiel de 5 % annoncé par la Chine pour 2024 représente déjà le rythme de croissance le plus lent du pays depuis 1990.
Lors de cette même réunion de mars, reconnaissant implicitement la faiblesse de la demande intérieure, Pékin a révisé son objectif annuel d’inflation des prix à la consommation à « environ 2 % », contre 3 % les années précédentes. Il s’agit là de l’objectif le plus bas depuis plus de deux décennies.