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Le Théâtre de la violence et le courage de lui dire non

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Charlie Kirk s’exprime lors du Turning Point USA Believers Summit au Palm Beach Convention Center, à West Palm Beach, Floride, le 26 juillet 2024.

Photo: Joe Raedle/Getty Images

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Durée de lecture: 9 Min.

À première vue, elles semblaient différentes : une fusillade dans une école, une réfugiée poignardée, le désespoir intime d’un adolescent, un dirigeant politique abattu en public. Pourtant, chacune de ces tragédies partageait un élément troublant : elles n’étaient pas de simples actes de violence, mais de véritables performances.
Non pas dans le sens d’une simulation, mais dans celui d’une mise en scène pour le public. Une violence pensée pour la visibilité, orchestrée pour attirer notre attention à travers un système médiatique qui récompense les comportements extrêmes, la haine, la peur et la fureur.
Considérez la récente vague qui a déferlé sur l’Amérique :

• À l’église catholique Annunciation de Minneapolis, des balles ont traversé les vitraux lors d’une messe de rentrée scolaire. Deux enfants, âgés de 8 et 10 ans, ont été tués. Le tireur a laissé des écrits révélant son désir de célébrité et d’attention.

• Dans un tramway à Charlotte, Iryna Zarutska, une jeune réfugiée ukrainienne, rentrait du travail, casque sur les oreilles, lorsqu’elle a été brutalement et fatalement poignardée. Son meurtrier a ensuite descendu l’allée en proclamant à plusieurs reprises : « J’ai eu cette fille blanche ».

• Adam Raine, seize ans, a été incité et conseillé par un chatbot IA à mettre fin à ses jours pour « être vu », alors que le jeune homme confiait à l’IA son espoir d’être découvert à temps pour survivre.

• Et enfin, Charlie Kirk, s’exprimant devant des centaines de téléphones brandis au-dessus de la foule, a été abattu sur scène. Son assassin ne s’est pas caché. Il a choisi un lieu où les images se répandraient instantanément à travers le monde et bouleverseraient le cœur des Américains.

Chacun de ces actes partage plus que la tragédie. Tous ont transformé une vie humaine en accessoire de théâtre. L’acte devient message. Le crime, une performance.
Les motivations reflètent aussi la logique du système dans lequel nous vivons. Le tireur en milieu scolaire voulait la reconnaissance — la même récompense offerte par les algorithmes des réseaux sociaux. Le chatbot susurrait la maîtrise et le secret, promettant une intimité sans responsabilité – formule qui fait défiler des milliards de personnes chaque jour. Le meurtrier d’Iryna a transformé sa mort en déclaration raciale, écho des politiques identitaires alimentant tant de fils d’actualité. L’assassin de Kirk a orchestré son acte en théâtre politique, reproduisant le cycle sans fin de l’indignation et de la polarisation.
Il ne s’agissait pas d’impulsions aléatoires. Ces actions s’inscrivent presque parfaitement dans les logiques de ce que notre culture numérique valorise : reconnaissance, secret, identité, spectacle. Le système a formé ses utilisateurs à comprendre ce qui importe pour ses algorithmes, et même les meurtriers ont appris les codes.
Dans les coulisses du matériel et des lignes de code, il y a les architectes – ingénieurs, dirigeants, responsables des médias – qui ont façonné un environnement où l’extrême est amplifié et la nuance étouffée. Le développement stratégique de produits et des fonctionnalités comme le scroll infini, le fil algorithmique ou l’indignation comme engagement n’est pas le fruit du hasard. Les créateurs de ces systèmes ne sont pas naïfs. Ils s’appuient sur des décennies de données issues des casinos, machines à sous et autres techniques addictives. Ils savent exactement quels comportements leurs systèmes encouragent. Et ces récompenses débordent désormais des écrans pour envahir les rues.
Les médias amplifient le scénario. Les cycles de l’information érigent la mise en scène au-dessus de la dignité humaine. Le meurtrier de la réfugiée est décrit comme victime de troubles. Le rôle du chatbot n’est qualifié que « d’erreur tragique », pas de complicité. L’assassinat de Charlie Kirk est analysé comme enjeu politique, au lieu d’être reconnu comme la suppression d’une parole par la lâcheté d’une balle. À chaque fois, le cadrage renforce la performance et le spectacle prospère, alimentant les réseaux sociaux de rage et d’engagement.
Et pourtant, la plus grande différence se cache là. Charlie Kirk aussi était un performeur, mais d’un tout autre genre. Il aurait pu se contenter de la sécurité du numérique, nourrissant les algorithmes à coups de publications. Lui et son équipe ont bien publié, certes, mais il a choisi la voie difficile : sillonner les campus, affronter des publics hostiles, répondre à leurs questions, débattre avec une honnêteté intellectuelle et morale sans égal dans notre époque.
Ce type de performance exige de l’effort, du courage et du don de soi. C’est coûteux, inconfortable et authentique. Il a dû subir les insultes, la critique permanente, et même les menaces de mort. Il connaissait les risques, et il a tout de même persisté. Il a affiné sa parole, écoutant autant qu’il argumentait, progressant parce qu’il acceptait d’être challengé. Sa performance n’était pas dans la destruction, mais dans le dialogue. Voilà pourquoi, même dans la mort, il triomphe. Il ne s’est jamais caché derrière un écran. Il a toujours préféré la performance pacifique, humaine, l’écoute et l’échange.
Que faire face au spectacle brutal imposé à tous ?
La tentation est d’opter pour les réponses les plus simples : plus de lois, plus de surveillance, plus de « garde-fous » conçus par les mêmes groupes qui tirent profit de l’indignation. Mais si le problème est que la vie humaine a été réduite à la scénographie, la solution doit résider dans la restauration de la dignité humaine.
À l’ère numérique des algorithmes, la violence performative s’accompagne désormais de projecteurs. Elle cherche un public, et les systèmes le garantissent. Mais Kirk a montré une autre voie. Sa performance n’était pas spectaculaire, mais fondée sur la persuasion calme et claire, la sincérité qui valorise la vie.
Nous avons déjà beaucoup appris de Kirk, mais il nous reste trois étapes à franchir :

• Refuser la provocation. Ne relayez pas le spectacle par des partages ou des clics. Choisissez et diffusez des récits qui préservent la dignité et respectent l’humain.

• Retrouver la puissance des mots. Suivez l’exemple de Kirk. Argumentez, débattez, confrontez les idées. Progressez dans l’art oratoire, où que vous soyez. Nul besoin d’être aussi éloquent et aguerri que lui pour brandir la parole comme arme de vérité, non de rage.

• Rebâtir la présence. Choisissez la famille avant les fils d’actualité, les voisins avant les narratifs. Parlez en face-à-face. Priez de manière à inspirer l’action, pas simplement pour l’apparence ou la commodité. Que la compassion et la foi résonnent plus fort que le spectacle.

Si la violence peut être mise en scène, le courage aussi. Si la cruauté se diffuse, l’amour le peut également. La question est de savoir si nous restons spectateurs de la désespérance, ou si nous reprenons la scène pour affirmer la vie. Comme beaucoup, j’espère et j’agis pour cette dernière solution.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Kay Rubacek est une réalisatrice primée, une auteure, une conférencière et une ancienne animatrice de l'émission "Life & Times" sur NTD. Après avoir été détenue dans une prison chinoise pour avoir défendu les droits de l'homme, elle a consacré son travail à la lutte contre les régimes communistes et socialistes sous leurs formes modernes et globales. Elle collabore également avec Epoch Times depuis 2010.

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