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Le président taïwanais : Donald Trump mérite le prix Nobel s’il obtient de Xi Jinping qu’il renonce à la force contre Taïwan

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Un écran public diffuse les informations sur les exercices militaires chinois autour de Taïwan, devant un centre commercial à Pékin le 1er avril 2025.

Photo: Adek Berry/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Le président américain Donald Trump mérite le prix Nobel de la paix s’il parvient à convaincre le dirigeant chinois Xi Jinping d’abandonner tout projet d’annexion de Taïwan par la force, a déclaré le président taïwanais Lai Ching-te lors d’une émission de radio diffusée le 6 octobre.
« La Chine organise des exercices militaires dans le détroit de Taïwan, ébranlant la paix et la stabilité régionales. C’est donc la Chine — et non Taïwan — qui perturbe le statu quo dans le détroit », a affirmé M. Lai au micro de The Clay Travis and Buck Sexton Show, selon la transcription publiée par la présidence taïwanaise.
Le Parti communiste chinois, qui n’a jamais gouverné Taïwan, considère l’île comme une province rebelle et refuse d’écarter l’usage de la force pour la placer sous son contrôle.
Pour atteindre cet objectif, le régime communiste multiplie la pression sur Taïwan sur plusieurs fronts. Il mène notamment de vastes manœuvres militaires et fait voler ses avions de combat près de l’île pratiquement chaque jour, alimentant ainsi l’inquiétude face à une possible guerre dans le détroit de Taïwan.
Donald Trump, interrogé sur Fox News en août lors d’une interview, a affirmé que Xi lui avait assuré que Pékin ne prendrait pas Taïwan par la force durant son mandat.
Intervenant sur cette émission, M. Lai a exprimé l’espoir que le soutien de Washington à Taïwan se poursuivra.
« S’il parvient à convaincre Xi Jinping de renoncer définitivement à l’usage de la force contre Taïwan, le président Trump obtiendra sans conteste le prix Nobel de la paix », a déclaré M. Lai.
Les États-Unis sont tenus par la loi de fournir à Taïwan les moyens d’assurer sa défense et ont clairement indiqué que toute tentative visant à modifier le statu quo par la force est inacceptable. Cependant, les administrations américaines se sont volontairement montrées floues sur l’étendue de leur engagement en cas d’invasion chinoise.

L’expansion chinoise dans l’Indo-Pacifique

S’il avait l’opportunité de parler directement à Trump de la situation taïwanaise, M. Lai a indiqué qu’il insisterait sur l’expansion militaire chinoise dans toute la région indo-pacifique.
« Je lui suggérerais de prêter attention au fait que Xi Jinping ne se limite pas à organiser de plus en plus d’exercices militaires dans le détroit de Taïwan ; il étend également le déploiement des forces militaires chinoises en mer de Chine méridionale et orientale », a-t-il affirmé.

Un navire de la garde-côtière chinoise tire un canon à eau sur l’Unaizah May 4, un bâtiment affrété par la marine philippine, au cours d’une mission de ravitaillement de routine sur le récif de Thomas dans la mer de Chine méridionale le 5 mars 2024. Quatre marins philippins ont été blessés après la collision de la garde-côtière chinoise avec deux navires. (Ezra Acayan/Getty Images)

« Les exercices militaires chinois s’étendent désormais à toute la région indo-pacifique », a-t-il poursuivi. « Les porte-avions dépassent la première et la deuxième chaîne d’îles. Et la flotte nord a même contourné le Japon pendant une semaine. Des bâtiments chinois ont également mené des tirs réels dans la zone économique exclusive australienne. »
Le 7 octobre, jour de publication de la transcription par la présidence taïwanaise, 23 appareils militaires chinois ont été repérés près de l’île, selon le ministère de la Défense à Taipei.
Parmi eux, 17 ont franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan, une frontière non officielle tracée jadis par l’armée américaine pour limiter les tensions entre Taipei et Pékin. Taïwan a également surveillé des drones et des navires militaires chinois, alors que Pékin menait un « exercice conjoint de préparation au combat » dans les airs et en mer autour de l’île, précise le ministère.
M. Lai souligne qu’avec l’escalade des tensions dans la région indo-pacifique, l’enjeu ne se limite pas à une éventuelle invasion de Taïwan.
« En annexant Taïwan, la Chine serait mieux placée pour rivaliser avec les États-Unis et remettre en cause l’ordre international fondé sur des règles. Ce bouleversement affecterait, à terme, les intérêts américains. »

Le président Lai Ching-te inspecte les troupes lors de l’exercice Rapid Response à la base aérienne militaire de Songshan à Taipei, le 21 mars 2025. (I-Hwa Cheng/AFP via Getty Images)

Trump devrait rencontrer Xi dans les prochaines semaines. Le président a indiqué en septembre qu’il verrait Xi lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), prévu en Corée du Sud fin octobre.
Les contacts directs entre les présidents américains et taïwanais sont rarissimes. Une exception est survenue en décembre 2016, lorsque Trump a accepté un appel de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen après sa première victoire électorale. Trump est considéré comme le premier président ou président élu des États-Unis à avoir dialogué directement avec le dirigeant taïwanais depuis 1979, année où Washington a transféré sa reconnaissance diplomatique de Taipei à Pékin.

La dissuasion taïwanaise

À la question de savoir comment il entend démontrer au peuple américain la détermination de Taïwan à se défendre, M. Lai a évoqué l’augmentation du budget de la défense et la mobilisation de la société civile.
Son administration a proposé de porter ce budget à 3,32 % du PIB en 2026, et vise 5 % d’ici 2030.
Après avoir désigné le Parti communiste chinois comme force hostile étrangère en mars, l’exécutif s’attelle à modifier les lois sur la sécurité nationale pour contrer les infiltrations et les opérations d’espionnage du régime. En septembre, le ministère de la Défense a publié un nouveau manuel de défense civile destiné à préparer les citoyens aux catastrophes naturelles et à une éventuelle invasion militaire venue de Pékin.
« J’affirmerais à tous que Taïwan est résolument déterminé à assurer sa sécurité nationale », a conclu M. Lai. « Seul le soutien que nous nous apportons à nous-mêmes garantit l’aide extérieure. Et lorsque nous faisons preuve d’unité et de solidarité, c’est là que notre dissuasion est à son maximum, et que nous préservons la paix et la stabilité dans le monde. »