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Le nouveau plan quinquennal du PCC pour la Chine : subventions, chômage et mercantilisme

Dans un contexte d’inefficiences dirigées par l’État, de montée du chômage et de croissance en berne, le Parti communiste chinois (PCC) a publié ce mois‑ci son nouveau plan quinquennal, qui ambitionne de doubler la taille de l’économie chinoise entre 2020 et 2035, objectif qui ne poserait pas de problème si le régime n’était pas une dictature génocidaire cherchant à exporter son totalitarisme à l’étranger.

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Une journaliste filme le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, lors d’une conférence de presse du Comité central du Parti communiste chinois à Pékin, le 24 octobre 2025.

Photo: Pedro Pardo/AFP/Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Heureusement pour le reste du monde, le PCC demeure fidèle à un modèle de développement tiré par la production qui a fait ses preuves… d’échec, en annonçant « moderniser » l’appareil industriel et financier de la Chine par l’autosuffisance scientifique et technologique, un secteur financier renforcé et la substitution des importations, avec un accent sur l’autonomie technologique et l’innovation dans les domaines cyber et aérospatial, mais au prix, une fois encore, d’un écrasement des consommateurs chinois relégués au second plan.
La proposition raisonnable de l’administration Trump visant à rééquilibrer la relation commerciale États‑Unis–Chine par une économie chinoise davantage tirée par la demande, ce qui stimulerait les exportations industrielles américaines, apparaît donc improbable, le scénario le plus crédible étant une nouvelle poussée de mercantilisme du PCC pour supplanter les productions étrangères par les siennes et réduire les autres pays au rang de pourvoyeurs de matières premières, plutôt que de partenaires d’égal à égal progressant vers leurs propres innovations industrielles et technologiques.
Dans le même temps, le régime se montre sourd à l’indignation croissante suscitée par ses exportations et technologies subventionnées, les États‑Unis ayant pris la tête de la riposte pour protéger une base industrielle déclinante par des droits de douane, entraînant désormais dans leur sillage des pays comme la Turquie, l’Indonésie ou le Brésil.
Le plan quinquennal chinois promet un « soutien » accru à son secteur privé, en particulier dans l’intelligence artificielle (IA), l’informatique quantique, les drones, l’hydrogène et la fusion, la bioproduction, les interfaces cerveau–machine, la robotique et les communications mobiles 6G ; autrement dit, une nouvelle vague de subventions, donc d’intervention étatique, dans une direction qui a tout d’une dystopie.
Dès 2024, la recherche et développement, en pourcentage du chiffre d’affaires, avait déjà frôlé les 5 % dans des secteurs comme le ferroviaire, le naval et l’aéronautique ; un effort appelé à croître encore en 2025 et au‑delà, financé en pratique par l’impôt prélevé sur les consommateurs chinois, auquel s’ajoute la confiscation de leur liberté de choix.
Une forme d’« involution » s’enracine en Chine à mesure que le PCC « trait » l’économie jusqu’à la dernière goutte pour ses propres fins, alimentant une concurrence excessive par des subventions d’État ciblées sur des filières comme les terres rares, les véhicules électriques, le solaire ou les semi‑conducteurs ; celles‑ci dopent l’offre et font chuter les prix, jusqu’à évincer, sur les marchés extérieurs, des concurrents respectueux des règles du marché.
Mais la riposte internationale par les tarifs douaniers bloque l’accès des produits chinois moins chers aux États‑Unis et en Europe, poussant les entreprises chinoises à les déverser sur le marché intérieur, d’où une offre pléthorique et des prix en chute ; une déflation qui frappe l’industrie chinoise depuis huit mois.
L’endettement, le déclin démographique, le chômage et la crise immobilière alourdissent davantage la conjoncture, avec un déficit budgétaire du régime à 9 % du PIB en 2025, soit plus de 3 points de plus qu’en 2024, et un goulet provincial encore plus prononcé, à 12 % du PIB provincial ; l’État central comble les trous pendant que les provinces cherchent à doper, tour à tour, la filière à la mode — hier l’immobilier, aujourd’hui l’IA — au prix d’une duplication inefficiente pour capter les subventions de Pékin, laissant derrière elles des villes fantômes, des usines sans ouvriers et des industries sans clients.
La croissance ralentit à mesure que s’accumulent ces inefficiences communistes, l’encours total des prêts bancaires atteignant un record de 38.000 milliards de dollars en septembre ; des ménages endettés et appauvris épargnent davantage et consomment moins, ce qui contracte la demande, tire les prix à la baisse et précipite des faillites en chaîne dans une spirale déflationniste. Sur les trois premiers trimestres de 2025, l’investissement immobilier — jadis moteur de la croissance — a reculé de près de 14 % ; face au vent contraire, les entreprises chinoises dégraissent pour survivre, accroissant le chômage et nourrissant un nouvel enchaînement baissier.
De tels travers accompagnent invariablement les gouvernements qui prétendent choisir les gagnants et les perdants au lieu de laisser faire le marché, parce qu’ils manquent, par nature, des informations que celui‑ci agrège, et prennent presque toujours, peu ou prou, de mauvaises décisions. La facture se présente chez le consommateur par une consommation des ménages comprimée : en Chine, elle pèse environ 39 % de l’économie, contre 57 % environ au niveau mondial, et, bien que le nouveau plan quinquennal promette encore de doper les dépenses des ménages, ces promesses sonnent creux après des décennies de slogans non tenus.
En Chine, les communistes font ce que font les communistes : planifier l’économie au bénéfice de leur parti, car sans « plan », le PCC devrait admettre son irrélevance — et, pire, son effet d’entrave sur l’économie. L’emploi et le filet de sécurité sociale pour les citoyens chinois restent, comme d’ordinaire, des pensées tardives ; les personnes âgées des campagnes perçoivent encore aussi peu que 20 dollars par mois, perspective sans réel soulagement, et dont la faible capacité de dépense nourrit une déflation et une involution promises à durer jusqu’en 2026.
Reste que, si ce plan quinquennal, avec son tropisme pour l’autosuffisance et la technologie, venait à se concrétiser, il rendrait le PCC de plus en plus imperméable aux pressions extérieures — démocratiques, de marché libre ou liées aux droits humains — tout en accroissant l’influence du régime sur le commerce et la gouvernance internationaux, ainsi que sa puissance militaire et économique, dont les coûts, une fois encore, seront supportés par les citoyens chinois.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Anders Corr est titulaire d'un BA/MA en sciences politiques de l'université de Yale (2001) et d'un doctorat en administration de l'université de Harvard (2008). Il est directeur de Corr Analytics Inc. et éditeur du Journal of Political Risk, et a mené des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il est l'auteur de "The Concentration of Power" (à paraître en 2021) et de "No Trespassing", et a édité "Great Powers, Grand Strategies".

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