Le défilé militaire organisé par la Chine révèle les limites inhérentes au développement de son armée
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Un char de combat de type 99 roule lors du défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025.
Le défilé militaire organisé par le régime communiste chinois le 3 septembre a révélé un vaste arsenal, mais aussi des lacunes structurelles, car une grande partie de l’armement et de l’équipement repose sur des technologies militaires américaines copiées, estiment des analystes.
Le défilé organisé par le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir en Chine aura été le plus important depuis la création de ce régime, la République populaire de Chine, en 1949. Dans un contexte économique morose, le régime chinois aurait dépensé 36 milliards de yuans (5 milliards de dollars) pour ce défilé, qui a permis de présenter une vaste gamme d’armes et d’équipements, allant des missiles nucléaires modernisés aux lasers de défense aérienne, en passant par des armes hypersoniques et des drones maritimes capables de couvrir les mers proches.
La caractéristique la plus frappante des armes et équipements militaires chinois exposés, outre les armes hypersoniques, tient à leur imitation des équipements militaires américains, a souligné un analyste militaire sino-américain auprès du journal Epoch Times.
« Le matériel militaire américain est généralement testé au combat, puis perfectionné », a déclaré Mark, animateur de la célèbre émission-débat en langue chinoise « Mark Space ».
Mark a choisi de ne pas divulguer son nom de famille pour des raisons de sécurité.
Le PCC a sauté ces étapes, a-t-il expliqué, et a directement procédé à des copies afin de « prendre l’avantage sur les États-Unis » dans la compétition qui les oppose.
Le passage de l’achat et de la copie d’équipements de l’ancienne Union soviétique à des équipements américains comporte inévitablement des limites, a-t-il fait remarquer.
Par exemple, selon Mark, le système de défense antimissile à moyenne portée du PCC s’inspire du Standard Missile-3 américain, et le KJ-600 est une copie de l’avion américain E-2 Hawkeye, utilisé pour les alertes précoces.
« Leurs performances restent à démontrer, car ils n’ont été testés que sur terre et n’ont pas encore fait l’objet d’essais pour le décollage et l’atterrissage sur porte-avions. Leur caractère pratique est discutable. »
Su Tzu-yun, chercheur et directeur de la Division de la stratégie de défense et des ressources à l’Institut pour la défense et la sécurité nationale de Taïwan, a mis en lumière le nouveau missile intercontinental DF-61 exposé lors de la parade.
Il a une portée plus longue et pourrait potentiellement atteindre plus de 9300 miles (14.967 km).
« De plus, la conception améliorée des ogives permet d’utiliser plusieurs têtes, afin de mener des attaques simultanées contre différentes villes ou cibles militaires », a-t-il expliqué à Epoch Times.
Ces dernières années, la Chine s’est concentrée sur le développement de missiles à moyenne portée et intercontinentaux. Les missiles intercontinentaux DF-61 exposés à Pékin ont une portée suffisante pour atteindre Guam et Hawaï.
L’armée américaine a investi massivement à Guam afin de renforcer son système de défense aérienne et de mettre en place un réseau de défense aérienne à plus de trois niveaux pour assurer la sécurité de la base, en réponse aux menaces croissantes, notamment celles provenant de la Chine.
D’après Mark, le régime chinois a un grand nombre de modèles de missiles, ce qui complique leur maintenance.
« Un trop grand nombre de types crée en réalité une charge logistique énorme. »
En revanche, l’armée américaine ne conserve que quelques modèles afin de faciliter les mises à niveau et les prolongations de durée de vie, a-t-il ajouté.
L’efficacité réelle des armements du PCC reste à démontrer. Mark pense que le défilé était davantage destiné à des fins de propagande.
« Le PCC expose un grand nombre de missiles, mais la plupart d’entre eux ne sont là que pour faire bonne figure. Peu d’entre eux peuvent réellement être mis en service. Puisque les missiles ont une durée de vie limitée, ils nécessitent un entretien continu et des mises à niveau de leur système, ce qui coûte énormément d’argent », a-t-il expliqué.
Sur le front naval, Mark a noté que les progrès étaient évidents, mais qu’il restait encore de nombreuses traces d’imitation. Par exemple, le missile Eagle Strike est basé sur une conception russe. En ce qui concerne les véhicules sous-marins sans pilote, ils en sont encore à leurs balbutiements et ne peuvent rivaliser avec la taille et la longueur de ceux de l’armée américaine, a-t-il poursuivi.
L’armée américaine dispose déjà d’un véhicule sous-marin sans pilote Orca de 80 tonnes, tandis que « la plupart des navires sans pilote chinois ne sont équipés que de petites roquettes et d’artillerie, et leurs fonctions sont similaires à celles des bateaux suicide ».
Les États-Unis disposent déjà de plusieurs niveaux de systèmes de défense dans le Pacifique, capables de contrer une éventuelle agression du PCC, a fait remarquer Mark.
« L’armée américaine a déployé une ‘flotte fantôme’ à Yokosuka, au Japon, et a même testé la troisième génération de navires de guerre sans pilote équipés de missiles », a-t-il souligné.
Arme nucléaire
Il a averti que l’arsenal nucléaire du régime chinois se développait rapidement.
« Le département américain de la Défense estime que la République populaire de Chine a franchi le cap des 600 ogives nucléaires opérationnelles dans son arsenal à la moitié de l’année 2024 et qu’elle en possédera plus de 1000 d’ici 2030, dont une grande partie sera déployée à des niveaux de préparation plus élevés », a indiqué le département américain de la Défense dans son rapport annuel 2024 au Congrès.
Des missiles lors de la parade militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen, à Pékin, le 3 septembre 2025. (Greg Baker/AFP via Getty Images)
Les États-Unis et la Russie disposent d’un arsenal compris entre 1500 et 3000 ogives nucléaires en vertu des traités de contrôle des armements, a rappelé Mark.
« Si la Chine atteint cet objectif, elle disposera d’une capacité nucléaire comparable à celle des États-Unis. »
Les États-Unis accélèrent également la modernisation de leurs armes nucléaires, a noté Mark.
« La marine développe actuellement le sous-marin nucléaire stratégique de classe Columbia, l’armée de l’air met au point le bombardier furtif B21 et l’armée de terre promeut le nouveau missile intercontinental ‘Sentinel’, qui devrait être mis en service en 2030, creusant ainsi davantage l’écart avec le PCC. »
Depuis le premier mandat du président Donald Trump, la stratégie américaine a complètement changé, le PCC étant désormais considéré comme « l’adversaire numéro un », a souligné Mark.
« Le fait d’avoir un adversaire clairement identifié a en réalité permis de dessiner plus précisément les orientations futures de l’armée américaine et a encouragé davantage d’investissements et d’innovations. »
Capacité de combat réelle discutable
On ignore encore quelles seraient les performances de l’armée chinoise dans un combat réel. Le régime chinois n’a pas mené de guerre à grande échelle depuis le conflit avec le Vietnam en 1979.
Selon les analystes, les luttes intestines au sein du PCC ont affaibli ses capacités de combat, notamment du fait de la destitution de nombreux généraux.
M. Su a noté certaines irrégularités dans la parade militaire de cette année.
Le véhicule sous-marin sans pilote HSU100 participe au défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025. (PEDRO PARDO/AFP via Getty Images)
Contrairement aux années précédentes, cette année, l’ancien Premier ministre Zhu Rongji et l’ancien président Hu Jintao ont brillé par leur absence, a déclaré M. Su.
« Le poste de commandant en chef du défilé a été rétrogradé, passant du précédent commandant général du Commandement central du théâtre d’opérations au lieutenant-général Han Shengyan, commandant de l’armée de l’air du Commandement central du théâtre d’opérations, ce qui suggère un remaniement majeur au sein du commandement militaire chinois », a souligné M. Su.
Pour M. Su, ces dispositions inhabituelles révèlent les troubles et les luttes politiques et militaires existant au sein du PCC, qui auront certainement une incidence sur le moral et les capacités de combat de son armée.
Il a ajouté qu’une telle démonstration de force militaire à travers ce défilé réaffirme la « théorie de la menace chinoise », qui incitera les pays démocratiques à se montrer plus unis pour contenir le PCC.
« À cet égard, Pékin pourrait perdre plus qu’il ne gagne en organisant la parade », a-t-il conclu.
Ning Haizhong et Luo Ya ont contribué à la rédaction de cet article.
Alex Wu est un rédacteur basé aux États-Unis qui écrit pour The Epoch Times sur la société et la culture chinoises, les droits de l'homme et les relations internationales.