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Le Congrès américain débat de la santé alors que l’échéance d’Obamacare approche : ce qu’il faut savoir
Un vote du Sénat sur la prolongation des subventions exceptionnelles est attendu la semaine prochaine, tandis que les Républicains cherchent une solution de marché face à l’explosion des coûts.

Le Capitole à Washington, le 17 novembre 2025.
Photo: Madalina Kilroy/Epoch Times
Les Démocrates devraient obtenir la semaine prochaine un vote du Sénat sur leur projet de prolonger les subventions exceptionnelles arrivant à expiration pour l’assurance maladie dite Obamacare, mais la question plus vaste de la réduction du coût croissant des soins de santé pourrait rester en suspens.
Les deux partis s’accordent à considérer que le système américain de santé est exagérément onéreux, mais ils divergent profondément sur la manière de faire baisser les coûts, plutôt que de simplement subventionner les prix. Pour l’heure, Républicains et Démocrates se focalisent sur l’urgence : garantir l’accessibilité de l’assurance santé aux 24 millions d’Américains qui l’achètent par le biais de l’Obamacare.
Voici où en sont les débats.
Les Républicains prêts à négocier sur les subventions exceptionnelles
Les Républicains avaient pour l’essentiel résisté à la prolongation de ces aides, créées par les Démocrates en 2021 en réponse à la crise du Covid-19, puis programmées pour expirer à la fin de cette année.
Les Démocrates souhaitent désormais rendre ces crédits d’impôt permanents. Selon eux, sans soutien fédéral, des millions de personnes perdront leur couverture santé, faute de moyens suffisants.
Même ceux bénéficiant d’une assurance via leur employeur profitent de subventions gouvernementales sur leurs primes, soulignait le Démocrate Brad Schneider (Illinois) à la presse le 3 décembre. « Que vous travailliez pour une entreprise qui paie une part, voire la totalité, de votre assurance, l’employeur bénéficie d’une réduction d’impôt. Cela constitue bien un appui de l’État », arguait-il.
Les Républicains dénoncent depuis des années l’effet inflationniste des subventions exceptionnelles, estimant qu’elles alimentent la hausse des prix en injectant des milliards directement dans les compagnies d’assurance, plutôt que chez les prestataires de soins ou les patients.
Certains membres du parti laissent désormais entendre qu’un compromis serait possible sur la prolongation, inséré dans une réforme globale de la dépense de santé.
Le président Donald Trump déclarait, le 25 novembre, ne pas privilégier un tel prolongement, tout en concédant : « Une forme d’extension pourrait être nécessaire pour faire avancer d’autres dossiers. »
Le représentant républicain Ralph Norman (Caroline du Sud), connu pour sa rigueur budgétaire, a admis qu’une réduction progressive des subventions serait sans doute indispensable pour convaincre les sénateurs Républicains.
Bill Cassidy (Républicain de Louisiane), qui préside la commission sénatoriale Santé, Éducation, Travail et Retraites, souhaite voir émerger une solution bipartisane concernant la hausse des primes d’Obamacare avant leur entrée en vigueur l’an prochain.
« Je souhaite que nous trouvions un texte qui puisse réunir 60 voix et résoudre les problèmes des bourses d’assurance pour le 1ᵉʳ janvier 2026 », affirmait-il devant la commission le 3 décembre.
Les Républicains se sont engagés à laisser le Sénat voter sur la question, en échange du soutien de huit Démocrates à la fin du dernier shutdown gouvernemental. Ce vote devrait intervenir la semaine prochaine.
Indécision Républicaine sur la stratégie de fond
Les Républicains ont évoqué plusieurs pistes pour contenir le coût des soins, sans parvenir à dégager de consensus majoritaire.
John Kennedy (Républicain de Louisiane) comparait récemment l’exercice à un test psychologique : « Vous connaissez le test de Rorschach ? De l’encre partout sur le mur… C’est exactement ce que nous faisons. »

Le sénateur John Kennedy (Républicain de Louisiane) s’adresse aux journalistes au Capitole à Washington, le 2 décembre 2025. (Madalina Kilroy/Epoch Times)
Les différentes propositions convergent néanmoins vers un objectif commun : élargir la liberté de choix des consommateurs, au lieu d’options pré-sélectionnées et subventionnées.
Donald Trump propose d’allouer 2000 dollars directement aux particuliers, à utiliser pour leur prime d’assurance ou leurs frais médicaux.
Rick Scott (Républicain de Floride) et Roger Marshall (Républicain du Kansas) suggèrent quant à eux des comptes d’épargne santé ou des comptes de dépenses flexibles pour chaque individu.
Josh Hawley (Républicain du Missouri) plaide pour la déduction fiscale de l’ensemble des dépenses médicales à hauteur de 25.000 dollars par personne, même sans déclaration détaillée, y compris les primes d’assurance.
Rand Paul (Républicain du Kentucky) verrait d’un bon œil l’achat d’assurances de groupe via des acteurs comme Amazon ou Costco : « Il suffit de modifier la législation sur le travail pour autoriser ce type d’achat collectif », expliquait-il à Trump dans un message repris par le président sur les réseaux.
Ralph Norman admettait que « nous devons choisir sur ce menu, puis trouver un terrain d’entente ».
Un tel accord semble toutefois difficile à obtenir d’ici la semaine prochaine.
« Les Démocrates auront l’occasion de se prononcer sur leur propre proposition et nous verrons quelle sera la réaction des Républicains », analysait le chef de la majorité républicaine au Sénat, John Thune, le 2 décembre.
Les Démocrates gardent leur proposition secrète
Le chef démocrate Chuck Schumer (New York) assurait à la presse, le 3 décembre, que tous les sénateurs de son camp soutenaient le projet qui sera présenté la semaine prochaine.
« Notre caucus sénatorial est à présent parfaitement uni », affirmait-il, sans toutefois livrer le moindre détail malgré deux relances, se contentant d’un : « Restez à l’écoute ».

Le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer (Démocrate de New York), s’exprime lors d’une conférence de presse hebdomadaire au Capitole à Washington, le 2 décembre 2025. (Madalina Kilroy/Epoch Times)
En parallèle, les Démocrates de la Chambre des représentants ont initié une procédure pour forcer la tenue d’un vote sur une prolongation nette de trois ans des subventions exceptionnelles.
« Nous n’avons besoin que de quatre Républicains pour nous rejoindre et éviter à des dizaines de millions d’Américains une hausse brutale de leurs coûts d’assurance », insistait Hakeem Jeffries, chef des Démocrates à la Chambre, le 3 décembre.
La New Democrat Coalition, un groupe de 116 modérés, révélait quant à lui le 3 décembre les grandes lignes de son propre projet : proroger les subventions d’Obamacare, revenir sur les réformes engagées par la loi One Big Beautiful Bill Act concernant Medicaid, et baisser les coûts médicaux via une plus grande efficacité, transparence et concurrence.
M. Jeffries s’est abstenu de commenter la proposition de la New Democrat Coalition lors d’une conférence sur l’accessibilité des soins tenue plus tard dans la journée.
Nouvelle échéance sur le budget fédéral
Ce débat autour du financement de la santé s’inscrit dans une séquence parlementaire dense, marquée par l’expiration, au 30 janvier, du dispositif temporaire de financement du gouvernement fédéral.
L’ordre du jour s’en trouve considérablement alourdi dans les deux chambres.
« Sommes-nous capables de voter les neuf lois de finances restantes, tout en aboutissant à un plan santé ? C’est loin d’être évident », reconnaissait M. Norman.
Bill Cassidy admettait de son côté que toute ambitieuse réforme structurelle devra attendre.
« Si une idée révolutionnaire doit émerger, cela ne se fera pas d’ici janvier 2026. Nous pouvons envisager l’horizon 2027, mais ma priorité va à 2026, car c’est là que les besoins sont immédiats », martelait-il le 3 décembre devant sa commission.
La perspective d’un vote sénatorial sur une réforme majeure la semaine prochaine reste donc très incertaine.
« Avec un peu d’intervention divine, c’est possible », ironisait M. Kennedy.
Nathan Worcester a contribué à la rédaction de cet article.

Lawrence Wilson couvre la politique pour Epoch Times
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