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L’activiste hongkongais pour la démocratie Jimmy Lai reconnu coupable au titre de la loi sur la sécurité nationale
Jimmy Lai est l’une des figures les plus en vue à être condamnées en vertu de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong.

Steve Li, commissaire en chef du département de la sécurité nationale, tient une conférence de presse après le verdict rendu dans le procès pour atteinte à la sécurité nationale du magnat des médias pro-démocratie Jimmy Lai, le 15 décembre 2025 à Hong Kong, en Chine. Lai, 78 ans, fondateur du tabloïd pro-démocratie Apple Daily, aujourd'hui fermé, a été reconnu coupable de toutes les accusations de collusion avec l'étranger et de publication séditieuse.
Photo: Keith Tsuji/Getty Images
Jimmy Lai, ancien patron de presse et l’un des critiques les plus virulents du régime communiste chinois à Hong Kong, a été reconnu coupable lors d’un procès au titre de la loi sur la sécurité nationale, une affaire qui concentre l’attention internationale sur l’érosion continue des libertés dans l’ex‑colonie britannique.
Âgé de 78 ans, le fondateur d’Apple Daily, ancien quotidien prodémocratie aujourd’hui disparu, a été reconnu coupable lundi, heure locale, des trois chefs d’accusation retenus contre lui : deux chefs de « complot en vue de collusion avec des forces étrangères » au titre de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin, et un chef de « sédition » en vertu d’un texte sur la sédition datant de l’ère coloniale.
Jimmy Lai, qui a plaidé non coupable des trois chefs d’accusation, sera condamné ultérieurement et encourt la prison à perpétuité.
M. Lai a été arrêté en août 2020 et est incarcéré depuis plus de 1.800 jours, après son inculpation en décembre 2020.
Son procès a duré 156 jours, au cours desquels des parlementaires et des organisations de défense des droits de l’homme du monde entier ont à plusieurs reprises demandé sa libération immédiate.
En août, le président Donald Trump a affirmé avoir évoqué le cas de Jimmy Lai avec Pékin.
La dégradation de la santé de M. Lai en prison suscite de vives inquiétudes, d’autant qu’il souffre déjà de diabète, de problèmes cardiaques et d’hypertension.
Ses avocats et sa famille font part de leurs préoccupations face à l’insuffisance présumée des soins spécialisés pour traiter son diabète. Son fils, Sebastien Lai, rapporte que l’état de son père s’est visiblement détérioré, évoquant une perte de poids importante et une grande fragilité.
Sebastien explique que, depuis cinq ans, Jimmy Lai est maintenu à l’isolement et privé de lumière du jour comme d’air frais.
La condamnation a immédiatement suscité une vague de critiques à l’international.
« Jimmy Lai a été déclaré coupable pour avoir simplement exercé le journalisme et pour sa foi dans la démocratie », a dénoncé la Commission exécutive du Congrès sur la Chine (CECC) dans un communiqué.
La commission estime qu’il s’agit d’un triste rappel du fait que Hong Kong détient arbitrairement des prisonniers politiques à un rythme comparable à celui du Venezuela ou de la Birmanie, et juge qu’il est désormais incontestable que l’autrefois réputé État de droit hongkongais a disparu. Elle souligne que Jimmy Lai n’aurait jamais dû être arrêté et doit aujourd’hui être libéré sans condition pour pouvoir retrouver les siens.
Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans frontières, a qualifié la condamnation d’« illégale », reposant sur des accusations fallacieuses de sécurité nationale, dans une déclaration.
Selon lui, ce verdict illustre l’inquiétante dégradation de la liberté de la presse dans le territoire : ce n’est pas seulement un individu qui a été jugé, mais la liberté de la presse elle‑même, qui se trouve, avec cette décision, brisée.
Thibaut Bruttin appelle les démocraties à réagir enfin, et rapidement : à défaut, prévient‑il, Jimmy Lai mourra en prison, et elles enverront au régime chinois un signal clair selon lequel il peut étendre son modèle autoritaire et violer le droit international en toute impunité.
Beh Lih Yi, directrice Asie‑Pacifique du Comité pour la protection des journalistes, a elle aussi réclamé la libération immédiate de M. Lai, soulignant que sa santé fragile fait peser un risque réel de décès tant qu’il reste derrière les barreaux.
« Cette condamnation‑farce est un acte de persécution honteux », a‑t‑elle déclaré.
Elle estime que ce jugement illustre le mépris total de Hong Kong pour la liberté de la presse, pourtant censée être protégée par la mini‑constitution de la ville, la Loi fondamentale. Selon elle, le seul « crime » de Jimmy Lai consiste à avoir dirigé un journal et défendu la démocratie.
Le cas de Lai est également mis en avant dans un récent rapport de la CECC, qui indique qu’il est détenu à l’isolement, « passant plus de 23 heures par jour dans sa cellule et privé de soins médicaux indépendants », citant son équipe juridique.
Le rapport demande à Washington d’imposer des sanctions à des responsables du gouvernement de Hong Kong, à des procureurs, des juges, des policiers ainsi qu’à des institutions étrangères, pour « l’érosion systématique de l’autonomie et des libertés fondamentales de Hong Kong », en s’appuyant sur deux lois américaines, le Hong Kong Human Rights and Democracy Act et le Hong Kong Autonomy Act.
La commission appelle également le Congrès à adopter le Hong Kong Judicial Sanctions Act, qui « imposerait des sanctions renforcées aux responsables de la remise en cause de la démocratie, des droits de l’homme et du respect du droit », selon le rapport.
Avec Reuters

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