La Réserve fédérale américaine abaisse ses taux d’intérêt pour la première fois en 2025

Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, après son audition devant la commission sénatoriale des Banques, du Logement et des Affaires urbaines au Capitole, à Washington, le 11 février 2025.
Photo: Madalina Vasiliu/ Epoch Times
La Réserve fédérale américaine a réduit ses taux d’intérêt pour la première fois cette année à l’issue de sa réunion de deux jours qui s’est conclue le 17 septembre.
Les membres du Federal Open Market Committee (FOMC) ont voté une baisse de 25 points de base du taux directeur, fixant la nouvelle fourchette cible entre 4 % et 4,25 %.
Ce taux des fonds fédéraux est une référence centrale qui influence le coût du crédit dans toute l’économie américaine, qu’il s’agisse de prêts aux entreprises ou de crédits immobiliers.
« Les indicateurs récents suggèrent que la croissance de l’activité économique a ralenti au premier semestre. Les créations d’emplois se sont tassées et le taux de chômage a légèrement augmenté tout en restant bas. L’inflation a progressé et demeure quelque peu élevée », a indiqué le FOMC dans un communiqué.
Les responsables ont ajouté que l’incertitude entourant les perspectives économiques « reste élevée ».
S’exprimant devant la presse après la réunion, Jerome Powell a qualifié cette réduction d’un quart de point de « baisse de précaution », destinée à gérer les risques pesant sur le marché du travail.
« Alors que le taux de chômage reste bas, il a légèrement augmenté, les créations d’emplois ont ralenti et les risques baissiers sur l’emploi se sont accrus. Dans le même temps, l’inflation a récemment progressé et demeure quelque peu élevée », a déclaré Jerome Powell, précisant qu’il ne souhaite pas que les conditions d’emploi se détériorent davantage.
Jerome Powell a aussi souligné qu’il n’y avait guère d’appétit pour une baisse plus importante : « Il n’y avait absolument pas de soutien généralisé pour une baisse de 50 points de base. Nous avons déjà procédé à de très fortes hausses et baisses ces cinq dernières années, lorsque la politique monétaire était clairement inadaptée. Ce n’est pas du tout la situation actuelle. »
Stephen Miran, récemment nommé au conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, a été le seul à voter contre, préférant une baisse d’un demi-point.
Cette décision intervient après une longue période de statu quo depuis janvier, alors que la Fed surveillait de près les effets économiques de l’agenda commercial du président Donald Trump.
Les projections économiques (Summary of Economic Projections, SEP) prévoient encore deux baisses supplémentaires d’un quart de point d’ici la fin de l’année, ramenant le taux médian des fonds fédéraux à 3,6 %, contre 3,9 % attendus en juin. Une seule baisse est envisagée en 2026 et une autre en 2027, pour atteindre environ 3 % en 2028.
La Fed a par ailleurs relevé sa prévision de croissance du PIB pour 2025 à 1,6 % (contre 1,4 % en juin) et anticipe 1,8 % en 2026 puis 1,9 % en 2027. Les prévisions de chômage restent de 4,5 % en 2025, mais sont abaissées à 4,4 % pour 2026 et 4,3 % pour 2027.
L’inflation PCE (dépenses de consommation des ménages) devrait s’établir à 3 % en 2025. L’inflation PCE « core », hors énergie et alimentation, est attendue à 3,1 %. Pour 2026 et 2027, les deux indicateurs sont relevés à respectivement 2,6 % et 2,1 %.
Réaction des marchés
La première baisse de l’année a eu peu d’effet sur les actions américaines : le Dow Jones Industrial Average est resté en hausse de 300 points après l’annonce. Le Nasdaq Composite et le S&P 500 sont demeurés dans le rouge, en recul respectivement de 0,9 % et 0,4 %.
La première baisse de l’année a eu peu d’effet sur les actions américaines : le Dow Jones Industrial Average est resté en hausse de 300 points après l’annonce. Le Nasdaq Composite et le S&P 500 sont demeurés dans le rouge, en recul respectivement de 0,9 % et 0,4 %.
Les rendements des bons du Trésor ont reculé : le taux à 10 ans est passé sous 4 % pour la première fois depuis avril, tandis que le 2 ans a glissé sous 3,49 % et le 30 ans à 4,61 %.
« La Réserve fédérale n’est plus en retard. Elle semble avoir non seulement pivoté mais opéré un véritable demi-tour », a commenté Jamie Fox, associé gérant du Harris Financial Group, dans une note adressée à Epoch Times. Le dollar, en revanche, a connu des fluctuations : l’indice DXY a d’abord chuté avant de remonter de 0,3 %, tout en restant en baisse de plus de 10 % depuis le début de l’année.
Attentes de la Maison-Blanche
Avant la réunion de septembre, le président et plusieurs hauts responsables de l’administration avaient plaidé pour une action plus agressive de la Réserve fédérale.
Avant la réunion de septembre, le président et plusieurs hauts responsables de l’administration avaient plaidé pour une action plus agressive de la Réserve fédérale.
Dans un message publié le 15 juillet sur Truth Social, Donald Trump avait estimé que la Fed devait réduire les taux de 3 points pour « économiser mille milliards de dollars par an ».
Quelques heures avant la décision, Peter Navarro, conseiller principal de la Maison-Blanche pour le commerce et l’industrie, a déclaré sur Fox Business que la Fed était « en retard sur la courbe » et a préconisé une baisse de 50 points de base dès la réunion de septembre, suivie d’une autre de 50 points au rendez-vous suivant.
Des propos proches de ceux du secrétaire au Trésor Scott Bessent, qui, dans une interview à Bloomberg le 13 août, avait suggéré « une série de réductions débutant par 50 points de base en septembre ».
David Miller, directeur des investissements de Catalyst Funds, a noté que « si les données justifient de nouvelles baisses et que l’on observe un fléchissement de l’emploi ou de la croissance du PIB, ce sera le signe d’un véritable cycle de réduction, au-delà des deux coupes actuellement prévues ».
Selon l’outil CME FedWatch, avant la réunion, les investisseurs tablaient sur un taux des fonds fédéraux autour de 2 % fin 2026, soit environ 175 points de base de baisse.
Christopher Waller, gouverneur de la Fed et considéré comme l’un des principaux candidats pour succéder à Jerome Powell en mai 2026, a déclaré sur CNBC qu’il pourrait y avoir plusieurs baisses supplémentaires « dans les trois à six prochains mois », en fonction des données économiques.
La prochaine réunion de deux jours du FOMC se tiendra les 28 et 29 octobre.

Andrew Moran couvre les affaires, l'économie et la finance. Il est écrivain et reporter depuis plus de dix ans à Toronto, avec des articles publiés sur Liberty Nation, Digital Journal, et Career Addict. Il est également l'auteur de "The War on Cash" (La guerre contre le liquide).
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