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La Pologne et la Roumanie font décoller des chasseurs après des frappes russes contre l’Ukraine
Les deux pays de l’OTAN subissent depuis des mois des violations répétées de leur espace aérien dans le cadre de la guerre menée par Moscou contre Kiev.

Des MiG 29 polonais survolent Malbork, en Pologne, le 29 avril 2014.
Photo: Joel Saget/AFP via Getty Images
La Pologne et la Roumanie ont toutes deux fait décoller des avions de chasse le 19 novembre, alors que la Russie lançait de nouvelles frappes aériennes contre l’Ukraine.
Varsovie a indiqué que des appareils polonais et alliés avaient été déployés tôt le matin afin de garantir la sécurité de l’espace aérien national.
« En lien avec l’attaque de la Fédération de Russie, qui mène des frappes contre des installations situées sur le territoire de l’Ukraine, l’aviation polonaise et alliée opère dans notre espace aérien », a annoncé le Commandement opérationnel des forces armées polonaises dans un message publié sur X.
« Des patrouilles de chasseurs en alerte et un avion de guet aérien avancé ont été déclenchés, tandis que les systèmes de défense antiaérienne au sol, ainsi que les moyens de détection radio‑électrique et de veille radar, ont été portés à leur niveau maximal de préparation. »
Deux aéroports, à Rzeszów et Lublin, dans le sud‑est du pays, ont également été fermés en raison de cette offensive aérienne du Kremlin, a précisé l’Agence des services de navigation aérienne polonaise (PANSA).
« En raison de la nécessité de garantir la liberté d’action de l’aviation militaire, les aéroports de Rzeszów et de Lublin ont été temporairement fermés », a indiqué la PANSA sur X.
Les deux plateformes ont été rouvertes peu après, et le Commandement opérationnel a fait savoir qu’aucune violation de l’espace aérien polonais n’avait été constatée.
En Roumanie, des chasseurs ont également pris l’air lorsqu’un drone a pénétré dans l’espace aérien national, a indiqué le ministère de la Défense.
Le pays, qui partage quelque 643 km de frontière avec l’Ukraine, a déjà vu à plusieurs reprises des débris de drones s’écraser sur son territoire, à la suite d’attaques russes visant des ports situés sur la rive ukrainienne du Danube.
Les radars ont d’abord détecté le signal d’un drone à environ 8 km à l’intérieur de l’espace aérien roumain, près des villages de Periprava et Chilia Veche, dans le comté de Tulcea.
Le signal a ensuite disparu avant de réapparaître de manière intermittente pendant douze minutes, au‑dessus de villages du comté de Galați, a ajouté le ministère.
Une paire d’Eurofighter – détachés dans le cadre d’une mission allemande de police du ciel en Roumanie–a été immédiatement envoyée, suivie peu après par une patrouille de F‑16 roumains.
Des avertissements ont été diffusés à la population dans les comtés de Tulcea et de Galați, au sud‑est du pays, invitant les habitants à se mettre à l’abri, a précisé le ministère, qui n’a reçu aucun signalement de drones s’étant écrasés au sol en Roumanie.
La Pologne comme la Roumanie sont membres de l’OTAN et de l’Union européenne.
Cette séquence intervient le même jour où la Pologne a annoncé la fermeture du consulat de Russie à Gdansk, le dernier encore ouvert sur le territoire polonais, en réponse à une explosion sur une voie ferrée qu’elle impute à Moscou.
Moscou a en retour accusé Varsovie de « Russophobie » et annoncé son intention de réduire la présence diplomatique polonaise en Russie, selon l’agence d’État Tass.
La Russie est régulièrement accusée d’incursions dans l’espace aérien européen depuis plusieurs mois. Moscou a démenti les accusations de violations répétées formulées par l’OTAN.
L’Alliance atlantique a lancé en septembre une vaste opération aérienne baptisée « Eastern Sentry », censée renforcer la défense de son flanc oriental.
Dans ce cadre, des chasseurs danois, français, allemands et britanniques effectuent désormais des sorties dans toute la région.
Le mois dernier, Alexus Grynkewich, général de l’US Air Force et commandant suprême adjoint de l’OTAN pour l’Europe, a estimé que la réaction de l’Alliance semblait avoir dissuadé Moscou, tout en avertissant que la Russie continuerait à tester les limites.
« Nous voyons des signes que les Russes essaient d’être plus prudents, qu’ils reconnaissent être passés près de la ligne – ou l’avoir franchie – dans plusieurs cas, notamment si l’on considère l’épisode du drone en Pologne », a‑t‑il déclaré.
« Notre action produit un effet dissuasif, mais ils vont continuer à manœuvrer et à utiliser des approches hybrides pour mettre l’Alliance au défi. »
Pourtant, en dépit de ces mesures de l’OTAN, le trafic aérien a été suspendu le 4 novembre dans les aéroports de Bruxelles et de Liège, en Belgique, en raison de signalements de drones, quelques jours après que le gouvernement eut indiqué avoir reçu des informations sur la présence d’aéronefs sans pilote près d’une base militaire belge abritant des armes nucléaires américaines.

Guy Birchall est un journaliste britannique qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la liberté d'expression et les questions sociales.
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