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La Chine prévoit une nouvelle émission d’obligations ultra long terme en 2026

Une politique annoncée pour la première fois en 2024, qui illustre la volonté de Pékin de financer de grands projets dans un contexte de vents contraires économiques.

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Lan Fo'an, ministre chinois des Finances, participe à une conférence de presse lors de la deuxième session de la 14e Assemblée populaire nationale (APN) à Pékin, le 6 mars 2025.

Photo: PEDRO PARDO/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Le ministère chinois des Finances a indiqué samedi qu’il prévoyait d’émettre en 2026 des obligations souveraines ultra‑long terme, prolongeant ainsi une politique annoncée pour la première fois l’an dernier, alors que Pékin cherchait à soutenir une croissance économique en perte de vitesse.

Cette décision fait suite aux arbitrages adoptés lors de la Conférence centrale sur le travail économique du Parti communiste chinois (PCC), qui s’est achevée le 11 décembre et a fixé les grandes orientations de la politique économique pour l’année prochaine.

Le 12 décembre, le ministre des Finances Lan Fo’an a réuni la direction de son ministère pour discuter de la mise en œuvre des décisions de la conférence. Selon le communiqué du ministère, le régime entend maintenir un niveau jugé « nécessaire » de déficit budgétaire, d’endettement global et de dépenses publiques, tout en recourant pleinement aux différents instruments obligataires de l’État — y compris l’émission d’obligations spéciales du Trésor de très longue maturité.

Une politique annoncée pour la première fois en 2024

Pékin avait d’abord dévoilé en mars 2024 son projet d’émettre des obligations spéciales du Trésor ultra‑long terme. Dans son rapport d’activité du gouvernement, le Premier ministre du PCC Li Qiang avait précisé que ces titres seraient émis plusieurs années de suite afin de combler les besoins de financement de grands projets nationaux liés aux objectifs de développement à long terme.

À l’époque, Sun Kuo-hsiang, professeur associé en affaires internationales et commerce à l’université Nanhua de Taïwan, avait expliqué à Epoch Times que cette décision traduisait un affaiblissement des capacités budgétaires.

« Cela suggère que des projets auparavant financés par des obligations publiques ordinaires ou par le budget général ne peuvent plus l’être de cette manière », observait‑il. « Cela reflète le fait que la reprise économique de la Chine n’a pas été à la hauteur des attentes et continue de se dégrader. »

L’analyste des affaires chinoises Wang He, qui écrivait l’an dernier dans l’édition chinoise d’Epoch Times, a lui aussi mis en doute l’efficacité de cette politique. Selon lui, étendre l’émission d’obligations ultra‑long terme sans réformes plus profondes ne permet guère de résoudre les problèmes structurels de l’économie chinoise.

« Si cela revient simplement à accroître l’effet de levier du gouvernement central par une émission massive d’obligations, ce n’est guère plus qu’un jeu d’écriture comptable », estimait‑il. « Sans nouvelle vague de réformes fiscales, d’ajustements structurels et d’amélioration de l’environnement économique international, l’émission d’obligations spéciales du Trésor ultra‑long terme n’est qu’un palliatif de court terme qui risque de nuire à long terme. »

Une demande atone et des surcapacités persistantes

Xu Zhen, spécialiste des marchés de capitaux fort de deux décennies d’expérience dans le secteur financier chinois, a indiqué à Epoch Times que Pékin avait lancé presque chaque année des mesures de relance similaires, pour des résultats limités.

« À l’exception de quelques secteurs comme les semi‑conducteurs, la plupart des industries sont confrontées à de graves surcapacités », souligne‑t‑il. « Dans ces conditions, il est très peu probable que des chefs d’entreprise de petites et moyennes sociétés, raisonnablement prudents, choisissent d’augmenter leurs capacités de production. »

M. Xu ajoute que le ralentissement économique général a profondément modifié les comportements de consommation, en particulier chez les jeunes Chinois.

« La consommation est en train de se déclasser et le rapport des gens à la dépense a fondamentalement changé », explique‑t‑il. « Après des années de confinements, de déclin économique et de hausse du chômage, les jeunes réduisent leurs dépenses par nécessité. »

Il cite la popularité grandissante du courant du « lying flat » en Chine — un rejet des injonctions traditionnelles à la réussite professionnelle et à la consommation — comme le symptôme d’un malaise social plus profond.

« Derrière ce phénomène se cache une perte de confiance dans l’avenir, dans la société et même dans le gouvernement », conclut M. Xu. « C’est, au fond, une crise pour le régime. »

Xia Song a contribué à la rédaction de cet article.