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plus-iconArchitecture gothique

La Chartreuse de Champmol, chef-d’œuvre spirituel des ducs de Bourgogne

Cap sur un monastère gothique qui fut un centre artistique d’une richesse exceptionnelle.

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Après l'acquisition du domaine par Emmanuel Crétet en 1791, de nombreux édifices de la Chartreuse de Champmol ont été démolis et reconstruits, à l'exception du puits d'origine situé devant l'église. Construite dans le style néogothique, la chapelle, avec ses tourelles, ses arcs brisés et ses remplages, était censée recréer l'architecture originelle.

Photo: LBP/Stéphane RAK

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Durée de lecture: 6 Min.

Située aux abords de Dijon, ancienne capitale du duché de Bourgogne, la Chartreuse de Champmol incarne la puissance et le raffinement des ducs Valois. Au XVe siècle, le monastère devint un lieu de pèlerinage réputé, vitrine de l’art et de l’architecture française et bourguignonne de l’époque.
En 1377, le duc Philippe le Hardi (1342-1404) acquiert le terrain afin d’y établir la nécropole de la dynastie ducale, destinée à rivaliser avec les sépultures royales françaises. À l’époque médiévale, les souverains fondaient des monastères sur leurs lieux d’inhumation afin que des moines y prient chaque jour pour la délivrance des âmes du purgatoire. Philippe y installa vingt-quatre, puis vingt-six moines chartreux. Les Chartreux, un ordre religieux cloîtré de l’Église catholique, vivaient une vie semi-ermite. Le nom de leurs monastères — les « chartreuses » — vient du massif de la Chartreuse, près de Grenoble, où l’ordre fut fondé.

Un chantier d’envergure et un style gothique international

Achevé vers 1388, l’ensemble comprenait deux cloîtres, une église, de petites cellules et des oratoires privés destinés au duc et à la duchesse. L’architecte français Drouet de Dammartin dirigea la construction, tandis que le sculpteur flamand Jean de Marville supervisa les décors et les sculptures dans le style gothique international, caractérisé par ses couleurs éclatantes et ses ornements dorés.
À la mort de Jean de Marville en 1389, son assistant Claus Sluter (vers 1340-1405), un sculpteur originaire des Pays-bas, lui a succédé. Son œuvre novatrice a durablement influencé la sculpture gothique internationale de son temps et fit le lien entre le gothique et la première Renaissance, au point qu’il a plus tard été surnommé « le Michel-Ange du Nord ».

Un haut lieu de création artistique

La Chartreuse de Champmol abritait de véritables trésors, parmi lesquels l’Annonciation de Jan van Eyck et deux somptueux tombeaux sculptés. Démantelée à la Révolution française, la chartreuse perdit une grande partie de ses œuvres, aujourd’hui conservées pour la plupart au musée des Beaux-Arts de Dijon.

Les vestiges de Claus Sluter, témoins d’un âge d’or

Deux créations majeures de Claus Sluter subsistent encore sur le site : le puits de Moïse, autrefois appelé « la Grande Croix », et le portail de la chapelle. Conçu comme une scène de crucifixion monumentale sur un socle hexagonal, le puits de Moïse représente six prophètes de l’Ancien Testament, taillés dans la pierre d’Asnières.
Seuls quelques fragments du Calvaire qui le surmontait ont survécu ; ils sont aujourd’hui conservés au musée archéologique de Dijon. Le socle hexagonal et ses sculptures, quant à eux, peuvent encore être admirés sur le site de Champmol.

Le portail original de la Chartreuse de Champmol a été sculpté par Claus Sluter et son atelier. Il représente Philippe le Hardi et son épouse, Marguerite III de Flandre, agenouillés en prière de part et d’autre de la sculpture centrale de la Vierge à l’Enfant. Accompagnés de leurs saints patrons, Philippe est agenouillé près de saint Jean-Baptiste, tandis que Marguerite III prie auprès de sainte Catherine. (Morio60/CC BY-SA 2.0)

La reconstruction gothique de la chapelle présente des arcs brisés, des corbeaux ouvragés et des voûtes en berceau, éléments fréquemment utilisés dans la construction des édifices en pierre de l’Europe médiévale. Au-dessus de l’entrée de l’église et sur le jubé en bois du chœur se trouvent les armoiries des ducs de Valois de Bourgogne. (Domaine public)

Alimenté par l’eau canalisée depuis la rivière Ouche toute proche, le puits de Moïse se trouve dans la cour centrale du cloître. Conçu à l’origine comme une fontaine, son jet d’eau fut abandonné afin de ne pas perturber la méditation des moines chartreux, dont les cellules entouraient le cloître. L’édicule, ou pavillon, qui entoure le puits fut construit au XVIIe siècle pour préserver les sculptures d’une dégradation plus importante. (Morio60/CC BY-SA 2.0)

S’élevant à plus de 5 mètres de hauteur, la base du puits de Moïse présente six statues grandeur nature de prophètes de l’Ancien Testament (Moïse, David, Jérémie, Zacharie, Daniel et Isaïe). Chaque figure sculptée par Claus Sluter est placée devant une niche, et elles sont séparées par six anges en pleurs, juchés sur de fines colonnes. Peintes et dorées à l’origine par Jean Malouel, les statues conservent des traces de couleur, comme on peut le voir sur Moïse (C), représenté vêtu d’un manteau d’or à doublure bleue sur une tunique rouge. (GO69/CC BY-SA 4.0)

Un autre élément architectural d’origine préservé à la Chartreuse de Champmol est une section de la tour d’escalier qui menait aux deux oratoires séparés du duc et de la duchesse, qui servaient de salles de prière richement décorées. (GO69/CC BY-SA 4.0)

James Baresel est un écrivain indépendant qui a contribué à des périodiques aussi variés que Fine Art Connoisseur, Military History, Claremont Review of Books et New Eastern Europe.

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