Jouer au golf à Madère: parcours parfumés

Destination méconnue des Français, Madère offre pourtant une hôtellerie de charme à des prix oubliés chez nous!

Malgré ses versants escarpés et la couleur noire de sa roche volcanique, une grande quiétude se dégage de l’île fleur, dont même la capitale porte le nom d’une plante (Funchal signifie fenouil). Les routes serpentent entre les restanques plantées de bananeraies. On se croirait sous les tropiques, la moiteur en moins. Ce territoire portugais, qui lors de la révolution des œillets en 1974, était le plus pauvre d’Europe, donne 40 ans plus tard l’impression d’avoir toujours été riche: belles maisons, belles vitrines, jardins foisonnants…

La voie express qui relie en 20 minutes l’aéroport de Funchal aux parcours de Palheiro et de Santo da Serra – ils sont voisins –, dessert n’importe quel site de l’île en moins d’une heure. Si l’on s’organise, comme les Anglais, pour finir la partie avant l’heure du thé, on peut à la fois jouer et visiter! Touristes calmes et discrets, les Britanniques sont majoritaires ici et donnent le ton. Leurs ancêtres ont occupé l’île pendant sept ans au début du XIXe siècle et y ont parfois fait fortune dans le commerce de la canne à sucre ou des vins locaux. Comme la famille Blandy qui a racheté en 1885 au comte de Carvalhal le domaine de Palheiro sur une colline au dessus de Funchal.

Le comte avait édifié sur ses terres en 1804 un relais de chasse puis une folly (maison de plaisir) en forme de tourelle. Deux cents ans plus tard, le relais est devenu un hôtel de charme (Casa Velha) et la tour, départ du trou N°2, est devenue le logo du club de golf ouvert en 93 par les descendants du comte. Dessiné par Cabell Robinson à 500 m au-dessus de la mer, ce parcours s’est adapté à l’environnement et a utilisé au mieux les plantes ramenées du monde entier par les Anglais, amoureux des jardins, dont au N°13 le Monky Puzzle ou au N° 5 le Chrismas Tree de Nouvelle-Zélande qui à Noël se couvre de fleurs rouges. Les vues dominantes sur la mer aux départs des par 3 sont toutes remarquables mais ne pas se fier à leur apparente facilité, car ils sont étroits. Le relief est très vallonné avec beaucoup d’obstacles: 113 bunkers, devers et buissons où perdre ses balles. Les ravins sont bordés de magnolias et remplis d’agapanthes mais il faut quand même les franchir! Le directeur du golf résume en deux mots son conseil pour jouer ici: «Keep straight!», restez droits!

En bas de l’allée de platanes qui accueillait autrefois les hôtes du relais de chasse, un salon de thé reçoit à la fois les golfeurs et les 40.000 visiteurs annuels du jardin de Casa Velha. Les Blandy  habitent toujours dans leur maison de famille. Arums, proteas, orchidées, magnolias, strelitzias: les fleurs exotiques abondent d’autant plus que Florialis, principal producteur de Madère, fondée en 1972 par les Blandy, exploite une partie du domaine. Autre surprenant voisin, le bâtiment blanc qu’on aperçoit sous le trou 7, face à la mer, abrite une prison! Probablement la seule au monde avec cette vue! Le soir, quand la lumière devient plus chaude et que les mimosas exhalent leur parfum, on comprend pourquoi, au Club House on trouve à côté des cartes de score, une brochure sur les oiseaux: Palheiro en est plein et leur chant qui accompagne la fin du parcours est un des meilleurs souvenirs d’une partie à Madère!

Madère est aussi le paradis des marcheurs. On la découvre en cheminant le long des Levadas: un réseau de canaux d’irrigation qui descend l’eau de la montagne et sillonne toute l’île, à travers la forêt de lauriers, classée par l’Unesco, ou à flanc de falaises. La capitale mérite à elle seule plusieurs jours pour goûter les fruits exotiques au marché, arpenter ses dix jardins botaniques, choisir du vin dans les chais, ou les Quintas, demeures historiques qui donnent tant d’âme au pays! La nuit, il faut voir la baie de Funchal depuis les sommets d’une de ses collines. Les sorties de pêche au gros permettent de manger l’espadon plutôt que l’espada, poisson des grands fonds servi ici à toutes les sauces…

C’est le plus ancien parcours de l’île, redessiné en 91 par R. Trent Jones qui transforma le 9 trous d’origine en un 3 fois 9 trous en étoile, configuration qui évite ici toute attente aux départs. Sur le 18 trous, formé des 2 premiers, se joue en mars l’Open de Madère, étape du circuit européen. Ici aussi, l’ouverture sur l’océan fascine dès l’arrivée. Depuis le Club House on peut soit observer juste dessous les entraînements sur les 2 putting greens, soit laisser le regard partir vers le large. Du cap Est de l’île, tout proche, partaient autrefois les baleiniers. Par beau temps, la péninsule se découpe nettement et on aperçoit les îles Desertas, sanctuaire de phoques moines, pétrels et puffins, et qui ont donné leur nom à l’un des trois 9 trous. Chacun a son niveau de difficulté. Machico, réputé le plus périlleux a par exemple 2 par 5 de plus de 520 m. Dès le trou 2, il faut franchir 120 m de ravins remplis de mimosas. Le green du 4 est totalement ouvert sur l’océan mais derrière lui, c’est le vide! Agrémenté de jets d’eau. Le Serras est plus plat mais traître car très étroit et plus d’un joueur classé a joué au-dessus du par!

•  L’air vivifiant de l’Atlantique fait dormir. Mieux vaut mettre le réveil pour assurer le départ!

•  L’humidité de l’air ambiant ralentit la balle et bouleverse les repères quant au choix des clubs.

•  On est sur une île: les terrains sont pentus, donc sportifs. Pour bons marcheurs.

•  Le gazon local rend les greens assez fuyants à l’approche des trous…

•  Les repères au drapeau se font à l’anglaise: 100 m et 150 m au lieu de 135 m.

•  Après 15 h, les départs sont moins rapprochés car les Anglais rentrent pour le thé!

Si vous logez en quintas, dînez sur place: là aussi le rapport qualité-prix est étonnant. En particulier à la Casa Branca quintacasabranca.pt et la Quinta do Estreto charminghotelsmadeira.com. Au Choupana Hills, le panorama est unique.