Chine : « Les gens ordinaires n’ont même plus les moyens de mourir » : les frais funéraires affolants des grandes villes chinoises
Les frais funéraires dans les grandes métropoles chinoises sont actuellement au cœur d’une vive polémique, après que des habitants de Pékin ont dénoncé dans les médias locaux des pratiques abusives et des tarifs exorbitants.

Une statue bouddhiste dans un cimetière huppé à Wuhan, en Chine centrale, le 9 août 2013. STR/AFP/Getty Images.
Un habitant de Pékin, identifié sous le pseudonyme Deng, a confié aux médias que le corps de son épouse a été conservé à la morgue de l’hôpital de l’Université de Pékin pendant deux jours avant sa crémation. Mais Deng et sa famille ne s’attendaient pas à recevoir une facture aussi élevée.
Le responsable de la morgue lui a expliqué qu’il y avait 28 frais différents : 5990 yuans (environ 920 euros) pour des services de bain et de « spa », 6800 yuans (1050 euros) pour le vêtement funéraire, 2980 yuans (460 euros) pour l’urne, jusqu’à 10.720 yuans (1650 euros) pour cinq compositions florales, ainsi qu’une longue liste d’autres dépenses.
Certaines prestations étaient décrites de manière très vague. Une d’entre elles, appelée « avenue dorée pour l’élévation de l’âme », était facturée à 1500 yuans (230 euros). Une autre, « coussin dorsal », valait 600 yuans (90 euros). À cela s’ajoutaient « divers services cérémoniels » facturés 3990 yuans (610 euros).
Deng a également été stupéfait de découvrir des frais de « fourniture de repas » de 600 yuans (90 euros). « Pourquoi la défunte aurait-elle encore besoin de repas ? », ont ironisé plusieurs médias officiels.
Au total, la facture s’élevait à près de 40.000 yuans (environ 6.150 euros), soit l’équivalent du revenu annuel que touchait son épouse avant de mourir.
Une autre habitante de Pékin, Zheng (pseudonyme), a vécu une expérience similaire.
Le corps de sa belle-mère a été conservé dans la morgue du même hôpital. La facture s’élevait à près de 20.000 yuans (3080 euros).
Parmi les frais, un service intitulé « gratitude et piété filiale » coûtait 5990 yuans (920 euros). Elle a également édû s’acquitter d’une facture de 1200 yuans (185 euros) pour un cérémonial durant lequel le corps était transporté hors de la morgue sur un tapis doré posé au sol par le personnel. Elle a aussi payé 800 yuans (120 euros) pour un service appelé « fleurs en éclaireuses » et 3000 yuans (460 euros) pour quelques « services complets ».
Deng comme Zheng affirment que la société de pompes funèbres ne leur avait pourtant jamais expliqué ni présenté ces tarifs à l’avance.
Zheng, issue d’un milieu modeste, estime que ces pratiques sont « sans scrupules ».
« Même pour une famille aisée, ces tarifs sont aberrants », a-t-elle déclaré, ajoutant que « les gens ordinaires n’ont même plus les moyens de mourir ».
Plusieurs habitants ont rapporté des témoignages similaires après qu’une émission de radio a décidé de contacter l’hôpital en question. Un employé a affirmé que la morgue était gérée par un sous-traitant sélectionné via un processus d’appel d’offres, les tarifs étant basés sur les directives du Bureau des affaires civiles.
Le Bureau des affaires civiles de Pékin a indiqué que la morgue était sous la gestion directe de l’hôpital et que parmi tous ces frais, seul le tarif de conservation du corps est encadré, à 30 yuans (4,60 euros) par jour. Le reste des prestations serait conditionné à « l’offre et de la demande ».
Sous la pression de l’opinion publique, l’hôpital de l’Université de Pékin a fini par publier un communiqué indiquant vouloir « se pencher sur la question, enquêter et en tirer les enseignements nécessaires ».
De nouveaux témoignages ont ensuite afflué.
Une personne, identifiée sous le pseudonyme Chen, a expliqué à Epoch Times que, dans la tradition chinoise, les familles se sentent souvent obligées de montrer beaucoup de respect envers le défunt. Ainsi, les entreprises funéraires chercheraient à exploiter le sentiment de piété des Chinois en leur imposant des services coûteux, ostentatoires, et ne cherchent pas forcément à consulter les proches, ceux-ci n’osant généralement pas s’y opposer, de peur de paraître irrespectueux.
Mais selon Chen, ces prix ne sont rien comparé à celui des concessions funéraires. Sa sœur aînée est décédée l’an dernier, et la famille, ne pouvant assumer les tarifs pékinois, auraient préféré l’inhumer dans leur ville natale hors de la capitale. Chen a finalement aidé à financer la plus petite concession disponible à Pékin : un carré de 60 centimètres sur 90 pour abriter les cendres de la défunte. Chen se félicite d’avoir pu profiter d’une réduction rare. Malgré cela, ce petit carré a coûté 40.000 yuans soit environ 6450 euros.
Aujourd’hui, dans des villes comme Pékin ou Shanghai, où le prix au mètre carré d’une concession funéraire dépasse largement celui d’un appartement, cette flambée a poussé certains investisseurs à délaisser l’immobilier classique. Ils spéculent désormais sur les concessions funéraires, qualifiées par certains d’ « investissement dans la pierre tombale».

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