Charlie Hebdo et la famille de Charb demandent l’entrée du dessinateur au Panthéon

Les portraits des victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo près des bureaux du journal à Paris, le 7 janvier 2018.
Photo: CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP via Getty Images
Un journaliste victime du terrorisme au Panthéon ? La rédaction de Charlie Hebdo et les parents de Charb adressent cette requête pour le dessinateur, tué lors de l’attentat jihadiste contre l’hebdomadaire satirique il y a dix ans.
« Charb coche toutes les cases pour s’y retrouver » et ses « valeurs » étaient « exactement celles de notre démocratie », plaide Riss, son successeur à la tête du journal, dans un éditorial à paraître mercredi, veille de l’entrée de Robert Badinter au Panthéon.
Un hommage aux valeurs républicaines
Pour Riss, Charb est « un journaliste exécuté pour ses opinions par des terroristes sur le territoire national », et l’idée de sa panthéonisation n’est « pas si conne que cela ». Charb l’aurait-il approuvée ? « Non, mais il n’est pas question d’une récompense ou d’un honneur, mais de valeurs qu’il représente », précise Riss à l’AFP.
Selon lui, « quelle que soit l’issue de cette demande, l’intérêt est aussi d’entretenir, de réveiller la réflexion autour des valeurs de Charb et du journal ». Une telle reconnaissance « graverait dans le marbre de notre République l’attachement viscéral du peuple français à la liberté d’expression », écrit encore le directeur de la publication, grièvement blessé le 7 janvier 2015.
L’attentat avait fait douze morts, dont huit membres de la rédaction à Paris, parmi lesquels Cabu et Wolinski, autres figures majeures de la caricature française.
La démarche portée par la famille de Charb
« Nous souhaiterions ancrer définitivement cet événement dans l’histoire du pays, par un acte fort et fédérateur », ont écrit les parents de Charb et son frère au président de la République, dans une lettre publiée par Charlie Hebdo. Outre la liberté d’expression, ils invoquent « l’antiracisme », « la justice sociale » et « la laïcité » : autant de « valeurs éminemment républicaines pour lesquelles Charb s’est battu toute sa vie et qui rassemblent la très grande majorité des Français de toutes opinions et de toutes confessions ».
Vingt ans après les caricatures de Mahomet
Cette demande intervient à l’occasion du vingtième anniversaire de la publication des douze caricatures de Mahomet dans le quotidien danois Jyllands-Posten, à l’origine de violentes manifestations dans plusieurs pays musulmans. Ces dessins, repris en 2006 par Charlie Hebdo, avaient fait du journal une cible des jihadistes.
Republiées à plusieurs reprises, ces caricatures le sont à nouveau dans l’édition de mercredi, pour marquer « l’anniversaire d’une manipulation internationale », selon le titre du journal. « Cette publication (en 2005-2006) ainsi que l’attentat du 7 janvier 2015 furent des événements considérables. Aujourd’hui, ils sont devenus des faits historiques », constate Riss, à l’origine de cette idée de panthéonisation, soutenue par la famille de son ami mort à 47 ans.
Avec d’autres membres de la rédaction, le directeur de Charlie Hebdo continue à rencontrer des lycéens et des étudiants pour évoquer ces événements. « Ce n’est pas aberrant de faire entrer au Panthéon quelqu’un de cette génération, un contemporain », souligne-t-il encore auprès de l’AFP.

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